Lancée fin septembre sur le nouveau site de Groupe Beneteau Racing Division à Nantes-Cheviré, la construction en série du Figaro Bénéteau 3 se poursuit, à raison d’une unité sortie par semaine environ. Le cahier des charges fixé au constructeur historique du monotype par la classe Figaro Bénéteau est de sortir cinquante bateaux pour la fin décembre 2018 afin qu’ils soient livrés aux skippers qui en ont fait la commande. Aucun exemplaire ne pouvant être disponible avant cette date pour des raisons d’équité, les bateaux finis sont stockés sous bâche en attendant la fin de l’année.
Du côté de la classe, le processus de commande a été véritablement lancé début janvier, comme l’explique son président Yannig Livory : “La démarche fixée en accord avec Bénéteau, c’est que pour être sûr d’avoir une flotte conséquente en 2019, nous privilégions dans un premier temps tous les acteurs du circuit Figaro Bénéteau, à savoir les skippers qui ont déjà été membres de la Classe et sont à jour de leur cotisation 2018.” Une double condition mise aussi en place pour éviter pour protéger les figaristes qui naviguent et éviter une razzia par les investisseurs, les Figaro 1 et 2 s’étant toujours révélés d’excellents produits de location.
“Ceux qui sont intéressés passent par la classe : nous leur adressons ensuite une lettre d’intention de commande qu’ils nous renvoient, poursuit Yannig Livory. Aujourd’hui, une quarantaine de lettres d’intention sont parties, pour environ 70 adhérents, c’est plutôt pas mal !” Les fameuses lettres arrivent ensuite chez Bénéteau, qui, selon Yannick Hemet, le directeur commercial du groupe, “met directement les skippers en contact avec le concessionnaire du port d’attache du bateau”. Reste aux deux parties à se mettre d’accord sur le financement et les détails contractuels avant finalisation de la commande, qui passe par un acompte de 15% à verser.
Le prix du nouveau bateau à foils dessiné par le cabinet VPLP est de 155 000 euros hors taxe pour les 50 premiers exemplaires. Un tarif qui ne prend bien sûr pas en compte les packs monotypes électronique (fournie par TEEM et NKE) et sécurité (fourni par Plastimo), ainsi que le jeu de voiles. Yannig Livory évoque un budget total de 205 000 à 210 000 euros hors taxes. A noter que, côté voiles, la classe mène depuis plusieurs mois une réflexion autour de l’hypothèse d’un jeu de voile monotype, sans pour autant avoir abouti. Une fois les 50 premiers exemplaires vendus, les Figaro 3 seront en vente libre, mais pour un prix de 175 000 euros hors taxe.
Pendant que la commercialisation débute, la classe Figaro planche de son côté sur le gros dossier de l’année, la rédaction de la jauge. “Un dossier assez lourd, car il faut qu’elle soit au format international demandé par World Sailing”, explique Yoann Richomme, qui a beaucoup travaillé sur le Figaro 3, mais également sur le programme de la saison 2019, qui marquera les grands débuts du nouveau monotype et dont le sommet sera la Solitaire URGO Le Figaro qui fêtera l’an prochain ses 40 ans.
Une Solitaire dont l’organisateur, OC Sport Pen Duick, suit le dossier du nouveau monotype de près :“C’est important pour nous d’avoir assez de participants pour la Solitaire 2019. Nous avons une convention avec la classe qui prévoit au minimum 30 bateaux, ce serait très bien d’être au même niveau que les dernières années, aux alentours de 40. A priori, c’est plutôt bien parti, tout le monde a l’air assez content du bateau”, se réjouit Hervé Favre, président d’OC Sport Pen Duick. Ce dernier estime d’ailleurs que le Figaro 3 répond aux attentes de l’organisateur : “Nous voulions clairement un bateau qui soit moderne au moment de sa sortie, nous étions pour cela partisans des foils. La version de Michel Desjoyeaux avec quille basculante sans foils, nous plaisait moins ; dans le port, on n’aurait pas vu une grosse différence, alors que nous souhaitions un bateau remarquable pour le public“.
OC Sport Pen Duick attend également un bateau plus performant : “Nous avons des grands projets pour l’édition 2019, je ne peux pas en dire plus pour l’instant, mais si le bateau va plus vite, ça nous donne la possibilité de faire des étapes plus longues“, poursuit Hervé Favre, qui ajoute : “Nous sommes très contents que ça change, je pense que ce nouveau bateau va faire venir une génération de jeunes qui n’étaient pas vraiment attirés par le Figaro 2. Si, en plus, le projet olympique se met en place, on va avoir beaucoup d’intérêt de la part des skippers étrangers“.
Un projet olympique que la Fédération française de voile pousse ardemment, elle qui rêve de voir Marseille accueillir la première épreuve de course au large en double mixte lors des Jeux de 2024, sur un support qui pourrait être le Figaro 3. Comme l’a révélé voilà un an Tip & Shaft, World Sailing a proposé au CIO une épreuve de démonstration lors des Jeux de Tokyo en 2020, mais les organisateurs freinant toujours des quatre fers, elle ne devrait pas voir le jour au Japon.
Du coup, comme il l’avait confié à Tip & Shaft en novembre, Nicolas Hénard se verrait bien organiser ce “showcase event” à Marseille en 2020 pendant les JO en cas de refus nippon. Ainsi qu’une répétition de l’épreuve, dès cette année, lors de la finale des World Cup Series à Marseille, en juin prochain. Soit 4 à 5 Figaro 3, skippés par des marins de plusieurs pays, dont la France, s’affrontant sur un parcours méditerranéen de 350 milles, le tout retransmis en direct. Bénéteau est prêt à faire de gros efforts pour livrer les bateaux équipés, reste à trouver le financement qui, production télé oblige, s’élève à plusieurs centaine de milliers d’euros. Jointe, la FF Voile, si elle a confirmé “essayer de démontrer l’intérêt de faire entrer la discipline Course au Large aux Jeux Olympiques”, a jugé “prématuré de s’exprimer sur ce dossier”.