Tour Voile

Le Tour Voile confirme son retour aux sources

Le Tour Voile s’élance de Dunkerque le mercredi 26 juin pour une arrivée à Saint-Cast-le-Guildo le 14 juillet. 103 marins, dont 36 femmes (pour 15 équipages), vont batailler en Figaro Bénéteau 3 sur des parcours construits et des étapes de large. Tip & Shaft fait le point sur cette 45e édition. 

Depuis l’an dernier, le Tour Voile se court en Figaro Beneteau 3 (voir notre article) avec des équipages de quatre marins, dont a minima une femme et deux jeunes de 16 à 26 ans. En 2022, La Fédération française de voile, en collaboration avec la classe Figaro Beneteau, a souhaité relancer cette compétition pour qu’elle renoue avec son essence originelle, la transmission et la formation des jeunes à la course au large.

L’organisation a été confiée jusqu’à l’édition 2025 comprise à Ultim Sailing, la société cofondée par Emmanuel Bachellerie et Mathieu Sarrot. “Pour l’acte 1 de la renaissance du Tour Voile, en 2023, nous nous étions en partie greffés, par manque de temps, sur l’organisation du Tour de Bretagne, pour cette 45e édition, nous sommes seuls aux commandes, précise le premier.

Ultim Sailing s’est adjoint pour l’occasion les services d’un nouveau directeur de course, Yann Eliès, qui a accepté de relever le défi : D’abord parce que je suis très attaché au circuit Figaro, qui forme les grands marins d’aujourd’hui. Mais aussi parce qu’en permettant aux jeunes de se mesurer à armes égales sur un support marin, technique et de partir au large en toute sécurité, le Tour est revenu à l’essence de ce qu’il doit être. C’est par ailleurs une épreuve mythique ! Je me rappelle avoir vu Paul Cayard ou encore Dean Barker, des marins de la Coupe de l’America qui venaient se mesurer aux meilleurs équipages français et se mêler à des équipages étudiants venus engranger leur première expérience.”

C’est d’ailleurs dans cet esprit que le triple vainqueur de la Solitaire du Figaro, qui a participé par le passé au Tour en Jod 35 et Mumm 30, a bâti son parcours : “En parallèle des parcours construits les jours d’escale, mon souhait est vraiment de leur faire faire du large sur 24 voire 36 heures, et pas uniquement des étapes de ralliement. Si par exemple, depuis Dieppe, je peux leur faire traverser la Manche, aller jusqu’à Cherbourg et revenir à Deauville, tout ça en 36 heures, je le ferai.” 

 

“Le choix de la transmission”

 

La navigatrice Sophie Faguet, qui compte une petite dizaine de participations au Tour Voile, s’inscrit, elle aussi, dans cette optique à la tête d’un équipage de jeunes Normands sur Projet de l’Arche au Havre. “Le Tour est l’épreuve qui m’a fait découvrir le large et m’a permis d’explorer tous les postes à bord, tout en étant accompagnée de gens expérimentés. Pour cette édition, j’ai fait à mon tour le choix de la transmission en recrutant un équipage de six jeunes ayant pour vocation d’aller vers la course au large et qui tentent de monter leurs propres projets.” Le budget ? Si elle a du mal à isoler la partie purement consacrée au Tour Voile, la Normande estime que l’ensemble du projet, avec la location du bateau et la participation aux différentes courses, tourne autour de 70 000 euros sur l’année.

Egalement skipper d’un équipage de jeunes, en l’occurrence du Centre d’Entraînement à la Régate de Genève (CER), Valentin Gautier se réjouit du renouveau impulsé sur l’épreuve. Emmener les jeunes sur le Tour Voile est une tradition au sein de notre association, souligne celui qui, après trois ans de Mini 6.50 et quatre de Class40, est devenu administrateur du CER. Si le Tour avait perdu de sa saveur quand il est passé sur Diam 24, ce retour en Figaro avec un format comprenant des étapes de ralliement était une super nouvelle pour nous. C’est l’occasion de faire découvrir l’environnement marin aux jeunes du CER, de naviguer de nuit, dans du courant et des cailloux.”

15 équipages, contre 12 l’an dernier, seront sur la ligne de départ de Dunkerque, le 26 juin, prêts à s’affronter sur un format condensé de 14 jours de course, l’objectif est de ne pas dépasser des budgets trop importants pour les équipages, car plus une course est longue, plus elle est coûteuse”, justifie Mathieu Sarrot. Pour bâtir le parcours (voir le programme), “nous sommes allés voir des villes qui nous semblaient assez iconiques dans l’histoire du Tour, comme Dunkerque, qui accueille le Tour pour la 35e fois”, poursuit ce dernier. 

Le Tour fait également étape à l’étranger, à Blankenberge, en Belgique, “puisque nous avons cette conviction que montrer les bateaux, les épreuves et le savoir-faire français à l’étranger est très important”, précise Emmanuel Bachellerie. Yann Eliès note quant à lui que “c’est, là aussi, un retour aux sources puisqu’il y a toujours eu une tradition d’équipes belges sur le Tour Voile“. Ce qui sera d’ailleurs le cas cette année avec Région Bruxelles-Capitale, mené par Timothée Deplasse.

 

Un budget en hausse,
la Méditerranée remise à plus tard

 

Quid du budget de l’événement ? De 150 000 euros l’an dernier, il est passé, selon les organisateurs, à 300 000 cette année, avec une part fonds publics avoisinant les 60%, les 40% restants provenant de fournisseurs techniques et des frais d’inscription des bateaux (3 500 euros HT par équipage). “Mais comme pour tous nos événements, nous tendons vers un objectif 50-50, souligne Emmanuel Bachellerie. Notre équilibre budgétaire est par ailleurs progressif et nous devrions être, l’an prochain, sur un budget consolidé autour de 420 000 euros. Un Tour bien organisé, bien produit et bien médiatisé doit tourner entre 400 et 500 000 euros par saison.”

A propos d’avenir, après l’Atlantique en 2023, la Manche et la Mer du Nord cette année, la façade Atlantique sera de nouveau le terrain de jeu du Tour Voile en 2025. L’ambition de départ était d’alterner entre les trois bassins – Atlantique, Manche-Mer du Nord et Méditerranée -, le passage en Méditerranée est remis à plus tard. C’est prématuré en termes de date, de flotte, et surtout de RSE, car cela n’aurait pas de sens d’envoyer les bateaux par camion ou cargo et le convoyage s’avérerait relativement long”, justifie Mathieu Sarrot. Emmanuel Bachellerie précise toutefois que l’organisateur est “très attaché au fait de trouver une solution pour aller en Méditerranée”. 

Quant à la question de savoir si le Sun Fast 30 One Design, nouveau monotype lancé cette année, pourrait faire son entrée sur le Tour à partir de 2026, les codirigeants d’Ultim Sailing répondent : “Dans la coconstruction du projet avec la FFV et la classe Figaro, notre volonté est de continuer avec ce bateau monotype et éprouvé, d’autant que nous sommes dans un contexte où la société réclame l’usage de ce qui existe déjà, plutôt que de construire et reconstruire. Il serait un peu étrange de basculer vers un support tout neuf qui semble moins éprouvé, alors que nous disposons d’une flotte de 70 bateaux construits, dont encore une petite dizaine sont disponibles.”

Photo : Jean-Marie Liot

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