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Figaro 3 : objectif atteint en France, Bénéteau se tourne vers l’étranger

C’est début 2019 que seront livrés les premiers Figaro Bénéteau 3 aux skippers ayant commandé un exemplaire au cours de l’année 2018. Chez Bénéteau, on annonce que la barre des 50 bateaux commandés, objectif affiché, est atteinte, et on réfléchit d’ores et déjà à la suite. Tip & Shaft vous en dit plus.

Débutée en septembre, la production industrielle des Figaro Bénéteau 3, monotype à foils du circuit Figaro dès l’an prochain, bat son plein : 36 unités sont déjà sorties de l’usine Groupe Bénéteau Racing Division de Nantes-Cheviré, entièrement dédiée au projet. Après un tirage au sort le 8 décembre au Salon nautique de Paris, ils seront livrés à la dizaine de concessionnaires en charge de les distribuer à leurs clients à partir du 7 janvier 2019. Quant au carnet de commandes, ouvert prioritairement aux membres de la classe Figaro, il a d’ores et déjà atteint l’objectif affiché de 50 bateaux, aux dires de Luc Joëssel, chef de produit chez Bénéteau, en charge du Figaro 3 : “Aujourd’hui, nous en sommes à 48 exemplaires pour lesquels nous avons reçu l’acompte [de 23 750 euros hors taxe, pour un prix total de 155 000 euros, hors voiles, électronique et matériel de sécurité, NDLR]. Mais il y a sans doute des acomptes chez les concessionnaires qui ne sont pas encore arrivés chez nous. Je pense que nous sommes plus proches de 55″. 

Qui sont les acheteurs ? Ni la classe Figaro, ni Bénéteau ne souhaitant divulguer leur fichier, Tip & Shaft a multiplié les appels et les SMS afin de tenter de dresser la liste la plus complète possible : il y a d’abord ceux qui l’ont déjà publiquement annoncé, comme Loïck Peyron et les triples vainqueurs de la Solitaire que sont Michel DesjoyeauxJérémie Beyou et Yann Eliès, désireux de ne pas manquer la première édition de la course en Figaro 3. Dans la catégorie des anciens vainqueurs de la Solitaire, Armel Le Cléac’h nous a confirmé avoir également passé commande – sans savoir encore s’il courra l’édition 2019 -, tout comme Alain Gautier, tandis qu’Eric Drouglazet, qui n’a plus couru la Solitaire depuis 2011, sera aussi de la partie. De son côté, Charles Caudrelier a confié à Tip & Shaft lors de l’enregistrement du premier numéro du podcast Into The Wind, qu’il souhaitait revenir au solitaire et allait sans doute, lui aussi, passer commande.

Parmi les marins passés ces dernières années par la classe Figaro, Fabien DelahayeGildas Morvanet Bruno Jourdren (pour courir en double et louer sur la Solitaire) ont confirmé leur achat. Du côté des actuels figaristes, ont commandé (ou sont en train de finaliser l’acquisition), à titre personnel ou via leur partenaire : Anthony Marchand, Alexis Loison, Pierre Leboucher, Pierre Quiroga, Xavier Macaire, Gildas Mahé, Alan Roberts, Tanguy Le Turquais, Damien Cloarec, Justine Mettraux, Cécile Laguette, Tom Dolan. Il y aura deux Figaro 3 chez Skipper MacifBretagne CMB et pour le compte de Marcus Hutchinson ; un exemplaire est prévu chez MerConceptTeam Vendée FormationBE Racing et The Offshore Academy. A cette liste, pas complètement exhaustive, de futurs propriétaires, il convient d’ajouter deux marins italiens – un propriétaire et un ministe -, un amateur marseillais, ainsi que les jeunes Achille Nebout, champion du monde de SB20 en début d’année, et Erwan Le Draoulec, vainqueur de la Mini-Transat 2017 en série.

Du côté de la classe, on se réjouit de voir que la mayonnaise a bien pris : “Tous les objectifs vont être atteints, à savoir 50 bateaux livrés à partir du début de l’année et une quarantaine au moins au départ de la Solitaire en juin. On est forcément contents, parce que c’est un projet de quatre ans qui aboutit”, confirme le président Yannig Livory, actuellement concentré sur la rédaction de la jauge. Les figaristes prioritaires servis pour la plupart, Bénéteau se projette désormais sur la suite, l’objectif affiché étant d’atteindre une centaine d’exemplaires produits. Reste donc à en vendre une petite cinquantaine, “en dehors de la sphère figariste”, dixit Luc Joëssel, c’est-à-dire principalement à l’étranger.

Le Championnat du monde offshore, annoncé par World Sailing l’an dernier, dont OC Sport a remporté l’appel d’offres pour 2019, aurait pu être une bonne opportunité. Mais Bénéteau n’a pas déposé de dossier de candidature pour le Figaro 3, alors que le projet semblait taillé sur mesure“C’était bien trop coûteux, justifie Luc Joëssel, cela nécessitait de fournir tous les ans 20 bateaux prêts à naviguer équipés de la tête au pied avec une équipe d’assistance, une base d’entraînement permanente de cinq unités, et, pour seule contre-partie, une ou deux semaines de location garantie par an. On perdait au moins 5 millions d’euros dans l’histoire ! C’est le L 30 One Design, un monotype ukrainien – “2,50 mètres de large, sans ballast, ni quille pendulaire, ni foils“, résume, dépité, un expert – qui tient la corde et sera prochainement testé à Lorient. Le projet semble cependant piétiner un peu depuis que la course au large n’a pas été retenue pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Alors Bénéteau reste à l’affût : “Si World Sailing et OC Sport reviennent vers nous en nous disant que la première édition a finalement lieu en 2020 et que chaque fédération va vous acheter un bateau ou qu’on nous garantit des périodes de location plus conséquentes, pourquoi pas, précise Luc Joëssel.

Parmi les autres débouchés à l’étranger, Bénéteau, qui accueille la semaine prochaine à Saint-Gilles-Croix de Vie des concessionnaires et prospects venus des Pays-Bas, de Russie, de Hongrie et d’Irlande, garde un œil sur le projet de Formula Foil Ocean Racing Championship – couru en équipage et en Figaro 3 – récemment annoncé par Stuart Greenfield [qui n’a pas encore passé commande, NDLR]. Même si, d’après Luc Joëssel, “à quatre dans le Figaro 3, on se marche dessus”. Pour gonfler son carnet de commandes, le leader mondial de la plaisance tente surtout de séduire des propriétaires privés. Dans cette optique, l’un des cinq monotypes que Bénéteau avait préparés en vue du test-event de Marseille cet été (finalement annulé) a été vendu à un négociant en vin français vivant aux Etats-Unis. Exposé aux salons de Newport et d’Anapolis, il a été choisi comme bateau de l’année 2019 par Sailing World“C’est typiquement le genre de profil que nous cherchons à toucher : notre espoir est que deux-trois propriétaires comme lui se regroupent pour régater, mais aussi que les organisateurs de course type Fastnet ou Newport-Les Bermudes, autorisent les Figaro 3 à courir en temps réel entre eux, espère Luc Joëssel. Il y a un vrai potentiel, d’autant que le bateau est assez facile d’accès pour quelqu’un qui a un peu navigué.”


Un passeport bateau dans la jauge. C’est le 8 décembre, au moment du tirage au sort des coques au Salon nautique de Paris, que la jauge du Figaro 3 sera dévoilée“La rédaction est quasiment terminée, cela fait quatre mois que l’on travaille dessus, avec Jean Sans et Marcus Hutchinson, mais aussi Marc Vaillier du chantier Bénéteau”, explique Yannig Livory. Les points marquants ? “Nous allons créer un passeport bateau qui va être la pierre angulaire de la jauge et permettre de suivre l’historique des bateaux pour savoir s’ils sont conformes aux règles de classe. On a aussi défini de façon précise les zones sur lesquelles on pouvait améliorer la finition et interdit la peinture et l’antifouling sur d’autres”. Histoire d’éviter le climat de suspicion qui a régné à la fin du Figaro 2…

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