C’est la Solo Guy Cotten, comptant parmi les quatre épreuves du championnat de France Elite de course au large 2025, qui ouvrira, du 22 au 29 mars, la saison de la classe Figaro Beneteau, dont le calendrier a été dévoilé cette semaine. L’épreuve est en outre ouverte cette année au double dans le cadre de l’Académie, le dispositif conçu pour favoriser l’accès au circuit. “Ça résume bien l’état d’esprit actuel : proposer des courses polyvalentes, où le plus grand nombre peut s’y retrouver”, résume Marcus Hutchinson, vice-président de la classe.
Et “la mayonnaise prend“, ajoute de son côté Julie Coutts, directrice générale d’OC Sport Pen Duick, qui organise la Transat Paprec et la Solitaire du Figaro Paprec et se réjouit de voir sur la transat en double “des inscriptions à la hausse et un format qui a trouvé son public”. Pour sa deuxième édition en double mixte, la transatlantique accueillera en effet pas moins d’une vingtaine de duos, contre onze seulement en 2023. “On a pu manquer de combattants par le passé, il a fallu dépasser les critiques. Ce qui est vraiment positif, c’est que ça fait émerger des profils de “mercenaires” chez les navigatrices que seuls les hommes avaient avant”, commente Eléonore de Grissac, secrétaire générale de la classe.
Cette dernière cite notamment Estelle Greck, associée à Victor Le Pape, Sophie Faguet, embarquée par Jules Ducelier, ou encore Mathilde Géron, issue de la filière olympique et qui s’alignera aux côtés de Martin Le Pape. Toutes ces paires pourraient venir jouer les trouble-fêtes face au duo de favoris formé par Charlotte Yven et Hugo Dhallenne sur Skipper Macif, le tenant du titre. “Surtout, derrière, ça permet à de plus en plus de femmes de se lancer en solo. Elles vont être au moins dix cette année sur la Solitaire”, ajoute Eléonore de Grissac, qui s’attend à un nombre total d’inscrits “à peu près équivalent à 2024”, (37). Le Défi Paprec, qui permet de mettre le pied à l’étrier à de nouveaux venus en leur donnant l’occasion de courir la première étape en double, sera reconduit, avec une dizaine de tandems attendus.
“Une bonne génération de 18-24 ans”
Mais c’est surtout du côté des jeunes que la classe continue d’attirer, avec des profils comme Cindy Brin, navigatrice de Saint-Barthélémy, le Sarthois Hugo Cardon, ou encore Typhaine Rideau et Pier Paolo Dean, qui courront ensemble la Transat Paprec mais cherchent aussi à se lancer en solo. Mise en place depuis 2023 pour les attirer, l’Académie comptera neuf courses en 2025, dont le Tour Voile, qui requiert toujours deux équipiers de moins de 26 ans à bord. “L’Académie nous permet d’avoir des marins qui construisent ensuite leur parcours dans la classe en plusieurs années”, se réjouit Eléonore de Grissac.
Après avoir couru avec l’équipage d’Orlabay sur le Tour Voile l’an passé, aux côtés notamment des expérimentés Basile Bourgnon et Pep Costa, Titouan Marilley, 21 ans, fera ainsi ses débuts en solo. “Le Figaro aujourd’hui, c’est le parfait mélange entre la voile légère et la course au large, résume le skipper trinitain. Le Tour Voile a vraiment relancé la dynamique, et aujourd’hui, on est une bonne génération de 18-24 ans. Et en termes d’investissement, le Figaro 3 est sûr. Quasiment tous les bateaux naviguent alors qu’il y a quelques années, il y en avait sur les terre-pleins.”
Signe en effet de la bonne santé de la classe, le marché de l’occasion est toujours vivace, plusieurs bateaux neufs se sont même vendus dans l’hiver. “Surtout, le calendrier est tellement dense et varié que de plus en plus de marins se partagent les bateaux sur une même saison”, salue Marcus Hutchinson, lui-même armateur de quatre bateaux qui vont “naviguer quasiment sur toutes les courses, mais avec des skippers différents. C’est une bonne adaptation du modèle économique dans un contexte défavorable pour trouver du budget.”
Une “petite révolution”
sur la communication
Avec le souci de s’améliorer sur cet aspect, les adhérents de la classe ont d’ailleurs voté fin 2024 “une petite révolution” côté communication, à savoir un système permettant de faciliter l’envoi d’images du bord tout en continuant de restreindre la réception de datas. “On avait besoin de rattraper notre retard. Ce n’est pas se renier, juste évoluer avec son temps”, justifie Marcus Hutchinson. “C’était un sacré challenge technique, surtout sur un si petit bateau. Ça contraint fortement sur le choix du matériel et la consommation d’énergie”, explique Benoît Marsille de ROM-arrangé, qui a travaillé sur le sujet aux côtés de la classe et de Teem.
C’est finalement l’antenne Starlink Mini, couplée à un boîtier qui limitera les flux, qui sera installé à bord de tous les Figaro Beneteau 3 pour la Transat Paprec et la Solitaire du Figaro Paprec en 2025, et sera obligatoire en 2026 pour toutes les courses du championnat. “Techniquement, c’est l’idéal, même si éthiquement, ça pose question”, souligne tout de même Benoît Marsille, faisant référence au controversé fondateur de Starlink, Elon Musk. Coût de l’installation ? 1 600 euros par bateau. Si la classe a participé financièrement à la mise au point du dispositif, OC Sport finance un tiers de la somme cette année, tandis que le reste échoit aux coureurs et propriétaires.
Des courses contraintes
budgétairement
“On sait que les années 2025 et 2026 vont être plutôt grises, il faut réussir à aligner les enjeux de chacun”, abonde Julie Coutts, directrice générale d’OC Sport Pen Duick, qui a renouvelé avec le groupe Figaro sa convention pour organiser la Solitaire jusqu’en 2036, mais a perdu des partenaires clés, la Loire-Atlantique et la région Pays de la Loire (voir notre article). D’où, là encore, du retard dans l’annonce du parcours de l’édition 2025.
L’organisateur et la classe divergent par ailleurs sur la date de l’épreuve. Si les skippers et la classe souhaitent la maintenir en fin d’été comme point d’orgue sportif de la saison, OC Sport Pen Duick pousse pour avancer l’événement en juin. “Il y a dix ans, les territoires voulaient animer la saison estivale pour les touristes, aujourd’hui les intérêts sont plus tournés vers leurs administrés et le fait de faire vivre un territoire toute l’année”, explique Julie Coutts.
Joseph Bizard, directeur général d’OC Sport, est plus direct : “On considère que dans ces moments un peu difficiles, il faut que la course soit bien positionnée dans le calendrier, parce que c’est un joyau à préserver. Même si ce n’est pas la raison officielle, c’est aussi une des raisons pour lesquelles le département la Loire-Atlantique s’est désengagé, ça devenait compliqué pour lui d’organiser une course en arrière-saison. C’est pour ça qu’on a des discussions – et des désaccords – avec la classe pour la repositionner en avant-saison et lui permettre ainsi d’avoir plus de retombées.” Une réalité que ne minimise pas Marcus Hutchinson, même si ce dernier croit plutôt en “de nouveaux modèles à inventer : il faut faire plus avec moins. Mais on a tout ce qu’il faut pour continuer à faire du bon boulot”.
Photo : Simeli prod