Quatrième de la Solo Maître CoQ dont il a remporté la grande course sur ses terres vendéennes, Benjamin Dutreux dispute cette année sa quatrième saison sur le circuit Figaro, la deuxième sous les couleurs de Sateco/Team Vendée Formation. A 27 ans, le vainqueur en bizuth du championnat de France solitaire 2015, issu de la filière catamaran de sport, concentrera cette année ses efforts sur la Transat AG2R La Mondiale et la Solitaire Urgo Le Figaro. Un choix lié en bonne partie au fait qu’il disputera également le Tour Voile en Diam 24, ainsi que les courses d’avant-saison (quand il ne sera pas sur l’AG2R).
“L’option Tour est venue d’un concours de circonstances : un de mes partenaires en Figaro, Océwood est venu me voir pour me demander de réfléchir à un programme, parce qu’il souhaitait augmenter sa notoriété. Après réflexion, venant de la filière multicoque et parce que le niveau en Diam 24 est très relevé, un aspect important pour moi pour progresser, je leur ai proposé le Tour, ça leur a plu”, explique l’intéressé. Le Team Vendée Formation, centre de formation aux métiers de la course au large installé à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, s’est greffé au projet, d’où un équipage composé uniquement de marins du cru : Thomas Cardrin, co-skipper, Marc Noesmonen, Etienne Saiz, entraîneur du Team Vendée, et Marcel Dutreux, frère de Benjamin. Le budget, pour l’instant de 100 000 euros pour le Tour (et de 150 000 pour le Figaro), pourrait prochainement être complété par un partenaire complémentaire. L’objectif ? “C’est difficile de se fixer un objectif au classement général, mais on aimerait bien faire quelques coups d’éclat“.
D’ici le Tour, Benjamin Dutreux va alterner navigations en Diam 24 et Figaro, puisque son premier gros objectif de la saison est la Transat AG2R qu’il courra avec Frédéric Denis, vainqueur de la Mini-Transat 2015 en prototypes. Une première transat qu’il aborde avec plusieurs objectifs : “On part pour gagner ou en tout cas pour être aux avant-postes, mais j’y vais aussi pour prendre un maximum d’expérience. Frédéric est calé dans plein de domaines que je maîtrise moins, la navigation, la météo, l’électronique, c’est important pour moi de progresser à son contact. Mon objectif plus tard est de faire du plus gros bateau, l’électronique devient un élément majeur sur ces bateaux, ça me paraît important que je m’y frotte”.
Du gros bateau, c’est de l’Imoca, car l’un des dossiers qui occupe également le quotidien du skipper vendéen d’adoption, c’est le Vendée Globe 2020. Déterminé à être au départ du tour du monde dans un peu plus de deux ans et demi, il a déjà bien avancé sur son projet, puisqu’il compte à ses côtés un groupe de partenaires et surtout… des investisseurs prêts à financer la construction d’un bateau neuf, assure-t-il. “C’est plus intéressant aujourd’hui de construire que d’acheter un bateau d’occasion, dans la mesure où il reste très peu de bateaux qui ne perdraient pas trop de valeur par la suite. L’idée pour eux serait donc de construire un bateau qui, à la suite du Vendée Globe, aurait potentiellement une bonne valeur de revente”.
Reste que, pour lancer une construction, il faut disposer du budget de fonctionnement qui va avec, ce à quoi s’attellent aujourd’hui Benjamin Dutreux et sa petite équipe. “Je ne veux pas partir sur un tour du monde d’aventure, je ne m’en sens pas les tripes. Ce qui m’intéresse sur le Vendée Globe, c’est la course. Aujourd’hui, je recherche un budget global de 1,4 million d’euros par an, j’en ai environ 400 000 avec mes partenaires, il me faut trouver donc un partenaire principal”. Pour crédibiliser le projet, il cherche à s’entourer d’un skipper ayant l’expérience de l’Imoca. “J’ai discuté avec Sébastien Simon, un de mes meilleurs potes, qui m’a clairement dit que c’était un atout majeur d’être accompagné par Vincent Riou. Dans mon équipe, on a tous autour de 27 ans, ça me paraît indispensable d’être entouré par quelqu’un qui soit un gage de crédibilité pour les partenaires et m’apporte son expérience pour faire le moins d’erreurs possibles. Ce soutien peut être un élément déclencheur“. Reste à le trouver la perle rare, avis aux amateurs…
Quelles chances se donne aujourd’hui le marin d’aboutir ? “Je dirais 100% ! Dans ma tête, il faut que je sois au départ, j’essaie de tout mettre en œuvre pour y être, en prenant des risques personnels. Mon projet est plus que sérieux, la preuve, c’est que nous avons déjà du monde qui nous suit. Je me donne le mois de juillet comme dead-line : soit on part sur un bateau neuf, soit sur un bateau d’occasion s’il en reste, soit on n’y va pas et on prépare 2024. Mais mon scénario idéal pour 2019, ce serait d’apporter un complément de budget à un skipper pour courir la Barcelona World Race avec lui, puis d’essayer d’enchaîner avec la Transat Jacques-Vabre”. Figaro, Diam 24, Vendée Globe, pas trop pour un seul homme ? “C’est un défi de gestion de projet. Je me dis que si je n’arrive pas à gérer tout ça cette année, je n’arriverai pas à gérer un projet Vendée Globe derrière”, conclut Benjamin Dutreux.