Corentin Horeau

Corentin Horeau : “J’ai pris une bonne baffe mais je repars de l’avant”

Vainqueur de la Solitaire du Figaro Paprec 2023 sous les couleurs de Banque Populaire, Corentin Horeau espérait devenir le skipper du futur Imoca du team en vue du Vendée Globe 2028, se voyant finalement préférer Loïs Berrehar. Le Morbihannais explique à Tip & Shaft comment il digère cette décision, et comment il compte rebondir.

Peux-tu nous dire comment s’est déroulée la sélection du skipper Banque Populaire pour le Vendée Globe 2028 ?

Nous étions plusieurs candidats sur les rangs, je ne sais pas combien exactement. En novembre dernier, nous avons eu deux rendez-vous d’une vingtaine de minutes à Paris, l’un avec la com’ et l’autre avec les dirigeants de Banque Populaire. Et… c’est tout ! Puis le 2 décembre, je me souviens bien de la date, j’ai reçu un appel pour m’annoncer que je n’étais pas choisi. Aujourd’hui encore, cela reste difficile à digérer car c’était le projet rêvé, avec un Imoca neuf permettant de viser la performance. Je ne comprends pas cette décision. Tout remettre en cause pour vingt minutes d’entretien à Paris, ça me paraît bizarre. Surtout que je ne considère pas avoir reçu d’explications satisfaisantes. Peut-être qu’un jour on me donnera les vraies raisons, ou peut-être pas…

Tu semblais le candidat “naturel”, vu que tu avais fait tes preuves auprès du team Banque Populaire ?

En tout cas, je pensais avoir pas mal d’arguments, à commencer par le fait d’avoir remporté la Solitaire du Figaro et le championnat de France de course au large en 2023, sous les couleurs de Banque Populaire. Ensuite, j’ai fait partie de l’équipage de Banque Populaire XI avec notamment une victoire sur la Finistère Atlantique en octobre 2024. J’ai l’impression qu’humainement, ça se passait bien avec tous les membres de l’équipe. J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, en étant le plus objectif possible, je n’arrive toujours pas à comprendre. Peut-être que j’ai été moins bon que certaines personnes durant l’entretien à Paris, je ne sais pas… Les nouvelles comme celles-ci sont difficiles à encaisser, mais elles font partie de notre job. On sait que rien n’est jamais acquis tant que le contrat n’est pas signé. Il faut vivre avec, c’est l’une des faces négatives de ce sport. Dans chaque décision il y a des déçus et je me réjouis pour Loïs, c’est bien pour lui. La roue tourne et un jour, ce sera à mon tour de décrocher un beau sponsor et un joli bateau pour le Vendée Globe.

On te sent déçu, forcément, mais pas tellement rancunier vis-à-vis de Banque Populaire. Tu confirmes ?

Oui, je respecte ce partenaire qui m’a permis de réaliser un de mes grands rêves, à savoir remporter la Solitaire, et aussi de naviguer en Ultim avec un grand champion comme Armel Le Cléac’h. J’ai beaucoup appris en le regardant évoluer, à terre comme en mer. Donc oui, j’ai du mal à comprendre la décision, mais je la respecte. Les dirigeants de Banque Populaire savent ce qu’ils font. Ils ont dû bien peser le pour et le contre et s’ils ont pris quelqu’un d’autre, c’est qu’ils ont sûrement de bonnes raisons de le faire. Donc je ne ressens pas d’animosité. Et je relativise : je suis en bonne santé, je fais un métier que j’aime. J’ai pris une bonne baffe mais je repars de l’avant.

“Mon grand objectif reste

le Vendée Globe 2028″

Justement, comment rebondir après une telle déception ?

Finalement, je n’ai pas eu trop le temps de gamberger. Je me suis vite remis en action. J’ai envoyé un message à Lola Billy [la nouvelle skippeuse Région Bretagne-CMB Océane, NDLR] pour lui proposer de participer à la Transat Paprec à ses côtés, car il n’y avait plus de conflit d’intérêt entre Banque Populaire et le Crédit Mutuel de Bretagne. Elle m’a choisi donc je ferai bien cette épreuve avec elle. Par ailleurs, deux ou trois jours après l’annonce de Banque Populaire, on m’a appelé pour devenir co-skipper d’un beau projet en Imoca, jusqu’à la Transat Café L’Or. Je ne peux pas donner beaucoup plus de détails à ce stade, mais je peux dire que c’est un truc sympa avec un bon skipper et un beau bateau. L’annonce sera faite prochainement. Cela met du baume au cœur de recevoir une telle proposition, tu te dis que des gens ont de l’estime pour le travail et les efforts que tu fournis depuis des années.

Ta saison 2025 est donc déjà assurée ?

Oui, cette saison s’annonce bien remplie. La Transat Paprec va être une belle expérience, c’est toujours intéressant d’engranger les milles en Figaro et de naviguer contre les jeunes pour rester à l’affût affûté. Après cette épreuve, j’enchaînerai directement sur la saison en Imoca qui va être assez intense. Ce n’est pas encore annoncé mais je vais aussi prendre le temps de faire le Tour Bretagne en Figaro avec un copain.

A plus long terme, tu vises toujours une participation au Vendée Globe ?

Oui, mon grand objectif reste le Vendée Globe 2028. J’ai quelques rêves dans la vie et celui-ci fait partie de ceux qui restent à accomplir. Je suis prêt, j’ai vraiment envie d’y aller. J’ai 35 ans et je me sens en pleine forme physique. Je souhaite monter un projet performant qui me permette de me battre en avant de la flotte. Je suis persuadé que je peux faire de belles choses. Donc si un partenaire cherche un skipper pour l’édition 2028, je suis libre et très motivé ! En attendant, cette saison en tant que co-skipper tombe à point nommé. Elle va me permettre de gagner en expérience en Imoca et de marquer des points en vue du prochain Vendée Globe. C’est un bon argument à mettre en avant auprès des sponsors potentiels. Le nouveau mode de sélection sera davantage basé sur les résultats, donc il faudra qu’on soit performants dès cette saison sur les différentes épreuves auxquelles on participera.

Photo : Effets Mer

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