Charlotte Yven

Charlotte Yven : “J’ai progressé partout”

Pour sa quatrième participation à la Solitaire du Figaro Paprec, Charlotte Yven (Skipper Macif 2023) a décroché un podium d’étape (3e sur la seconde) et une cinquième place au général, égalant ainsi le meilleur résultat d’une femme sur l’épreuve – celui de Jeanne Grégoire en 2008. À quelques jours du championnat du monde offshore double mixte qu’elle s’apprête à disputer avec Loïs Berrehar à Lorient, la navigatrice de 28 ans a pris le temps de répondre aux questions de Tip & Shaft.

▶ Es-tu satisfaite de ton résultat sur la Solitaire du Figaro Paprec? 
Je suis arrivée sur cette Solitaire en me sentant prête et en ayant l’impression d’avoir fait tout ce que je pouvais sur la saison pour arriver sur la course au meilleur niveau possible. Le top 5 et le podium d’étape faisaient partie de la fourchette haute des objectifs que je m’étais donnés. C’est donc une grande satisfaction de les avoir atteints !

▶ Comment s’est passée cette Solitaire, qu’en retiens-tu? 
Tout est allé crescendo. Sur la première étape, je suis partie avec l’idée de rester au contact de la flotte et de ne pas tenter de coups d’éclat. Au final, je termine 18e et les vingt premiers arrivent avec 6 minutes d’écart, ça a presque commencé comme une étape d’échauffement. La deuxième étape m’a un peu plus marquée parce que c’est là où le break s’est fait, il ne fallait pas se louper sur le début de course et il y a eu du jeu sur la fin avec Alexis Thomas, qui était 3e mais avec un angle un peu moins bon pour arriver vers Royan, donc j’ai envoyé mon spi un peu plus tôt et j’ai réussi à le doubler pour prendre ma place sur le podium, c’était un moment vraiment super sympa. Je passe alors 3e au classement général provisoire, ça ne m’était jamais arrivé !

▶ Comment as-tu vécu cette dernière étape très intense entre Royan et La Turballe ? 
Elle a marqué tout le monde ! C’était la plus longue en distance dans l’histoire des Figaro (705 milles) et la plus rapide sur cette édition. Je n’avais jamais navigué dans des conditions aussi dantesques, avec autant de vent pendant aussi longtemps, c’était impressionnant. J’avais de l’appréhension avant de partir, mais une fois dedans, j’étais vraiment bien, c’était génial de se confronter aux éléments et de se tirer la bourre avec les copains. On était agrippés à la barre, trempés par les paquets de vague. Il y avait des moments où ça faisait un peu peur, c’est sûr, car les vagues étaient courtes et le bateau faisait des plantés, et puis tu penses forcément à l’empannage sous spi à la fin du bord. Mais au final, ça s’est très bien passé, j’avais l’impression de regarder une vidéo tuto d’empannage (rires). J’étais tellement focus que j’ai tout fait dans le bon tempo, le déroulé était fluide. À la fin de cette étape vraiment dure, j’étais déjà super fière de terminer 8e et de valider une belle Solitaire, alors la place de 5e au général, c’était la cerise sur le gâteau.

 

“Avec Loïs, on a trouvé
une belle complémentarité”

 

▶ Où as-tu progressé le plus sur cette Solitaire ? 
J’ai progressé partout ! Je me suis sentie plus à l’aise en vitesse sur toutes les allures et je me suis surtout améliorée dans la gestion de la course. Je commence à comprendre comment marche une Solitaire et à identifier à quels moments il faut temporiser et rester dans le paquet pour manger, dormir et préserver un peu d’énergie, et les moments clés où il faut y aller à fond et où la Solitaire peut se jouer.

▶ Tu enchaînes sur le championnat du monde offshore double mixte avec Loïs Berrehar, du 24 septembre au 1er octobre à Lorient. Qu’en attends-tu ?
La course au large en double mixte, c’est un programme sur lequel on est bien rodés avec Loïs, mais là, ce sera un format différent avec pas mal de nouveaux concurrents et sur un bateau que l’on découvre, le Sun Fast 30 One Design. On a fait une seule navigation d’entraînement pour l’instant, d’autres sont prévues la semaine prochaine. Ce n’est donc pas un support que l’on maîtrise comme le Figaro, mais la prise en main s’est faite assez vite et assez facilement. Nous serons 22 équipages pour onze bateaux. Donc le premier objectif sera de passer la phase de qualifications pour se qualifier pour la finale et d’essayer de décrocher la meilleure place tout en se faisant plaisir car ce sera notre dernière régate ensemble sous les couleurs de la Macif ! Parmi les concurrents, nous avons de redoutables adversaires français (Elodie Bonafous et Basile Bourgnon) et d’autres que l’on a déjà croisés, comme les Belges ou les Anglais.

▶ Peux-tu nous parler de ton duo avec Loïs. En quoi fonctionne-t-il bien ? 
On a trouvé une belle complémentarité et même une belle complicité. On a le même état d’esprit, qui est d’avoir envie de se faire plaisir sur l’eau avant tout. Comme nous n’avons pas tout à fait la même manière de naviguer, c’est aussi intéressant de confronter nos points de vue. Loïs, qui avait plus d’expérience, m’en a transmis pas mal, il est très fort pour faire avancer un bateau très vite et naviguer au contact. De mon côté, j’ai essayé de lui apporter toute mon énergie, mais aussi mon petit feeling à la barre car j’ai fait pas mal de 470, ainsi que mes idées de stratégie et de navigation. J’ai peut-être un peu plus envie de tenter des petits coups et des options, donc tout ça fait un bon mélange et s’équilibre bien.

 

“S’il y a une course qui me fait rêver,
c’est The Ocean Race”

 

▶ En parallèle de tes entraînements en Figaro, prends-tu le temps de naviguer sur d’autres supports?  
Cette année, j’ai surtout beaucoup navigué en Figaro pour progresser. Mais l’an prochain, j’aimerais bien voir comment ça se passe ailleurs, comment naviguent les autres et me faire embarquer en Class40 ou en Imoca par exemple. Ça me permettra aussi de prendre une bouffée d’air, car on devient un peu obsédé par le Figaro au bout d’un moment !

▶ Il te reste encore une année au sein de l’écurie Macif. Quels seront tes objectifs pour la 56e Solitaire du Figaro Paprec? 
Après cette cinquième place, il va falloir accepter de se mettre des objectifs encore plus ambitieux et viser un podium. L’objectif sera d’être au maximum de mon niveau et de faire en sorte que les planètes s’alignent avec moi, pour espérer la gagner un jour.

▶ Et comment imagines-tu la suite ? 
Je ne sais pas trop, le Figaro est un support incroyable et la Solitaire est assez addictive, donc je ne sais pas si j’aurai eu ma dose au bout de cinq ans ou si j’aurai encore envie de continuer. Mais dans un petit coin de ma tête, j’ai bien envie de découvrir de plus gros bateaux et d’apprendre plein d’autres trucs en équipage. Et s’il y a vraiment une course qui me fait rêver, c’est The Ocean Race, les bateaux tout comme ce tour du monde sont incroyables.

▶ Plus que le Vendée Globe ? 
Pour l’instant, le Vendée Globe me fait surtout très peur. Et j’aime bien y aller étape par étape, j’ai toujours fonctionné comme ça, donc faire un tour du monde en équipage avant de le faire en solo me semble être un bon objectif.

Photo : Alexis Courcoux

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