Solitaire du Figaro Paprec

Ce qu’il faut retenir de la première étape de la Solitaire du Figaro Paprec

Loïs Berrehar a remporté jeudi la première étape de la 55e édition de la Solitaire du Figaro Paprec (la course est à suivre sur notre site) entre Rouen à Gijon (Espagne), devant Basile Bourgnon et Jules Ducelier, ce dernier étant également 1er bizuth. Tip & Shaft refait le match de ce parcours initial en compagnie de Tom Laperche, vainqueur de l’épreuve en 2022, d’Erwan Tabarly, entraîneur au pôle Finistère Course au large de Port-la-Forêt, et de Christian Dumard, météorologue. 

Les quinze derniers milles de cette première étape se sont joués à couteaux tirés dans la pétole à quelques encablures de Gijon. C’est à l’issue d’un suspense haletant au sein d’une flotte très dense que Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022) l’a emporté en 3 jours 21 heures 58 minutes et 21 secondes en devançant Basile Bourgnon (Edenred) de seulement 61 secondes et Jules Ducelier (Région Normandie) de 95. Le skipper trinitain, 3e de la Solitaire en 2023, signe sa première victoire d’étape en cinq participations.

Les écarts entre les concurrents sont particulièrement infimes à l’arrivée puisque les 21 premiers se tiennent en moins de 7 minutes ! Christian Dumard estime d’ailleurs que sur l’ensemble de la course, “même si la flotte a rencontré des allures et des forces de vent très différentes et utilisé toute la garde-robe, le niveau est resté très homogène.”

Partis de Rouen, dimanche, au près, les 37 skippers sont arrivés “avec du courant contraire à Barfleur, poursuit ce dernier. Cette première nuit n’a pas dû être simple puisqu’il a fallu longer la côte et passer près des cailloux.” Une entame de course engagée durant laquelle Louise Acker (Région Bretagne-CMB Océanea d’ailleurs talonné au large du cap Lévi, la contraignant à abandonner pour sa première Solitaire du Figaro Paprec. Sanni Beucke (This Race is Female) a de son côté abandonné la première étape peu de temps après le passage de Wolf Rock, suite à une rupture de D2 bâbord.

 

La flotte scindée en trois

 

Si la flotte est restée relativement compacte sur la première partie de la course, avec trois skippers – Alexis Loison, Loïs Berrehar et Basile Bourgnon – en tant que meneurs de jeu, “c’est dans la nuit de mardi à mercredi, lors de la descente dans le Golfe de Gascogne, qu’elle s’est scindée en trois groupes pour aller chercher un front”, précise Christian Dumard. La majorité des concurrents, emmenée par Loïs Berrehar, Martin Le Pape (Demain) et Basile Bourgnon, a suivi une option proche de la route directe, pendant qu’un groupe de sept concurrents, mené par Alexis Thomas (Wings of the Ocean) et Philippe Hartz (Marine Nationale-GICAN), est parti à l’ouest, six autres bateaux avec Alexis Loison à leur tête ayant opté pour l’est.

Si chaque groupe a bénéficié de cette zone de vent fort à tour de rôle, “c’est celui situé à l’ouest qui a été le premier à descendre vite vers le sud et à prendre un temps la tête du classement”, fait remarquer Tom Laperche. Mais cette option ouest n’a pas payé du tout, observe Erwan Tabarly, puisqu’ils “sont ensuite tombés dans du vent plus faible et ont eu du mal à revenir, ajoute Christian Dumard. Ils n’ont pas eu beaucoup de chance, ils auraient pu recroiser mieux que ça.”

Quant à l’option est prise par Alexis Loison, “elle semblait bonne jusqu’à mercredi soir, estime Tom Laperche. Mais à l’arrivée, avec les effets de site et le vent qui était un peu plus faible dans l’est, c’est le groupe du centre qui est passé en premier.” Et Christian Dumard d’ajouter que le skipper normand s’est retrouvé “plus vent arrière que le groupe du centre, donc moins rapide. Et le vent n’étant pas très stable, il fallait aussi un peu de réussite.”

La pétole à l’approche des côtes ayant bien compressé la flotte, ils sont plusieurs à avoir été en tête à tour de rôle à quelques milles de l’arrivée. Loïs Berrehar remporte l’étape sur un fil, notamment grâce à sa régularitésouligne Christian Dumard. Il n’a pas pris de gros risque et a toujours été rapide et dans les bons coups.” Et Tom Laperche de compléter qu’au bout de quatre nuits, “c’est psychologiquement dur d’être en forme à 200%. C’est là où Loïs a su bien se gérer, il s’est reposé au bon moment pour être lucide sur la fin.” Quant à Basile Bourgnon, qui, pour sa troisième participation (2e de l’édition 2023), décroche la seconde place de cette étapeTom Laperche estime qu’il “a montré encore une fois qu’il savait aller vite sur son Figaro. Sa stratégie a été propre, il a toujours été très proche de Loïs.”

 

Plusieurs bizuths aux avant-postes

 

Nos interlocuteurs louent également la course de Jules Ducelier1er bizuth et 3e au général, qui “a toujours été dans le paquet de devant, c’est très sport de tenir ce rythme pendant toute la coursenote Tom Laperche, vainqueur de l’épreuve en 2022. Et Erwan Tabarly d’ajouter que décrocher une place sur le podium, dès la première étape, en tant que bizuth, c’est impressionnant.” Christian Dumard souligne de son côté “les bonnes performances de deux autres bizuths, Arno Biston (Tizh Mor), 4e, et Thomas De Dinechin, (Almond), 5e”, mais aussi de Romen Richard (Passion Santé-Trans-Forme), “qui finit souvent très bien dans ces fins de manches un peu compliquées. Il termine 6e alors qu’il était 16e à 1h de l’arrivée.”

Parmi ceux qui faisaient figure de favoris, Christian Dumard observe que Gaston Morvan “malgré un super départ, n’a jamais été aux avant-postes,  Erwan Tabarly précisant que le skipper de Région Bretagne-CMB Performance “a eu quelques soucis avec son aérien et a dû monter en tête de mât en Manche.” Mais si le skipper originaire de Landéda termine 14e, il n’accuse que 5 minutes et 35 secondes de retard sur le premier. Quant à Alexis Loison (Groupe REEL), qui participe à l’épreuve pour la 18e fois, sa 21e place est atténuée par le fait qu’il ne finisse qu’à 6 minutes et 39 secondes du vainqueur. “Il a tout perdu sur les quinze derniers milles avec son décalage à l’estalors qu’il a été offensif et a mené la flotte de bout en bout”, regrette Erwan Tabarly.

Avec si peu d’écart entre les concurrents au classement général, le jeu reste très ouvert selon Tom Laperche, qui estime que les 20 premiers peuvent encore gagner la Solitaire, dont le départ de la seconde étape sera donné dimanche, en direction de Royan.

Photo : Alexis Courcoux

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