Solitaire du Figaro

Ce qu’il faut retenir de la deuxième étape de la Solitaire du Figaro Paprec

Tom Dolan s’est imposé mercredi sur la deuxième étape de la 55e édition de la Solitaire du Figaro Paprec, entre Gijon et Royan, devant Gaston Morvan et Charlotte YvenTip & Shaft décrypte cette course, sur laquelle plusieurs favoris ont perdu gros, avec les anciens figaristes Guillaume Pirouelle et Achille Nebout et le météorologue – et ex figariste – Dominic Vittet.

Tout s’est joué sur la première nuit, il n’y avait pas de grandes options sur cette course, et une fois devant, il fallait choisir la bonne trajectoire et surtout avancer vite.” C’est ainsi que Guillaume Pirouelle résume cette deuxième étape de la Solitaire du Figaro Paprec menée quasiment de bout en bout et remportée par Tom Dolan (Smurfit Kappa-Kingspan), devant Gaston Morvan (Région Bretagne-CMB Bretagne) et Charlotte Yven (Skipper Macif 2023).

Grâce à cette deuxième victoire d’étape – il avait remporté la première l’an dernier après la pénalité pour matossage infligée à Benoît Tuduri, qui sera plus tard exclu pour triche -, le skipper irlandais prend la tête du classement général, avec 53 minutes et 13 secondes d’avance sur Charlotte Yven et 53 minutes et 52 secondes sur Gaston Morvan.

“Les conditions météo du départ, avec des fronts orageux, n’étaient pas très bien calées et les 36 skippers ont dû s’adapter, explique Dominic Vittet. Il fallait aller chercher un front dans des conditions très légères, de 0 à 3-4 nœuds. Ceux qui s’en sont bien sortis ces premières heures ont pris la tête du classement et ne l’ont jamais quittée.” Achille Nebout, 3e de la Solitaire du Figaro en 2022, confirme : “Les jeux étaient faits après cette première nuit, qui a semblé être très compliquée. On voyait des bateaux un peu dans tous les sens et les écarts se sont creusés assez rapidement. On sait que dans la grosse pétole, il faut être opportuniste et au taquet pour choper la petite risée qui va faire repartir, ce que Tom Dolan a très bien fait.”

“Une course tout en gestion”

 

Dominic Vittet précise par ailleurs que “quand il y a du nord-ouest sur la côte espagnole, ça tamponne à la côte, donc il faut passer plus au large, ce qu’a fait Tom Dolan. Il allait toujours un demi-nœud, voire un nœud plus vite que son concurrent direct, Alexis Thomas (Wings of the Ocean), qui était plus à terre. Alexis Loison (Groupe Réel) qui était assez mal embarqué, s’est d’ailleurs replacé dans les douze premiers à ce moment-là en étant plus au large.” 

Achille Nebout estime également que “grâce à ce décalage plus au nord, Tom a touché le vent un peu plus tôt et avait un meilleur angle par rapport aux autres.” Ce positionnement a permis au navigateur irlandais d’enrouler en premier les îles Sisargas et de remporter le sprint intermédiaire en laissant dans son tableau arrière Alexis Thomas, Gaston Morvan et Charlotte Yven. La remontée dans le Golfe de Gascogne “a été un tout droit vers l’arrivée, observe Achille Nebout. Il y avait beaucoup moins d’options stratégiques, mais des conditions compliquées car du vent très instable et beaucoup de mer, donc sollicitantes pour les marins.” Et donc peu de changements au classement, “mais les écarts se sont encore un peu plus étirés car il y avait plus de vent à l’avant de la flotte”complète ce dernier.

Dominic Vittet ajoute : “Tom n’a pas fait d’erreurs sur ce retour, il a été rapide, très rigoureux dans son placement et est resté au vent de ses concurrents directs, ce qui lui a permis de maintenir sa position de leader.” Guillaume Pirouelle souligne de son côté que l’Irlandais “a réalisé une course tout en gestion, car c’est assez rare d’avoir une étape de la Solitaire avec si peu de changements de leader.”

Gaston Morvan solide,
le “super coup” de Charlotte Yven

 

Dans son sillage, “Gaston, Charlotte et Alexis ont bien bataillé, note Achille Nebout, mais c’est finalement Gaston qui a pris l’avantage en terminant second, de peu, et a ainsi retrouvé son statut de favori qu’on lui avait donné avant le départ. Il a fait une course très solide car il n’a pas toujours été aux avant-postes, notamment au début de l’étape, mais il est bien revenu.” Et Guillaume Pirouelle de préciser que “malgré ses problèmes de pilote (sur les 200 derniers milles), il a super bien tenu. Il a dû trouver des solutions pour se reposer un peu car au bout de trois jours de course, ce genre de problème n’est jamais simple à gérer.”

Le Normand souligne également le “super coup” de Charlotte Yven, qui signe son meilleur résultat sur une étape de Solitaire, “elle a toujours été dans le bon paquet, bien solide et rapide”, ajoute Achille Nebout. Quant à Alexis Thomas, toujours aux avant-postes sur cette étape, il a perdu deux places sur les 90 derniers milles et termine 4e. “Il a fait un très beau début de course en menant la flotte, relève Achille Nebout. Puis il a eu plus de mal sur le bord du retour. Il est resté plus sud que les autres. Gaston, qui était plus sud que lui juste après les îles Sisargas, s’est efforcé de serrer le vent et de se remettre un peu plus nord pour la suite, ce que n’a pas fait Alexis, ce qui a dû jouer en sa défaveur car il avait un moins bon angle que les autres.”

Le 3e de la Solitaire 2022 met également en avant “la très belle performance” de Tom Goron (Navaleo), 11e et premier bizuth. “À 18 ans et pour une première saison, c’est assez impressionnant. Sur la dernière étape, il va devoir batailler avec Arno Biston (Tizh Mor) pour le trophée des bizuths car Jules Ducelier (3e de la première étape) a perdu pas mal en terminant 22e.”

La facture est lourde
pour certains favoris

 

Certains favoris ont également perdu gros sur cette seconde étape, à l’instar du vainqueur de la première étape, Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022), arrivé 1h34 après Tom Dolan, mais également d’Élodie Bonafous (Quéguiner-La Vie en Rose), Alexis Loison et Basile Bourgnon (Edenred), qui accusent entre 2h25 et quasiment 3h de retard. J’imagine que certains sont bien frustrésestime Guillaume Pirouelle, car il y avait beaucoup de bords tout droit et peu de possibilités de se refaire.” Dominic Vittet abonde : “II n’y avait rien à faire ! C’est ça qui est dur, il fallait accepter l’idée que ça allait partir devant et qu’il faudrait s’accrocher pour perdre le moins possible.”

Guillaume Pirouelle rappelle toutefois que “tout peut encore se passer car on a déjà vu des étapes où il se passe des choses invraisemblables. Et ces skippers le savent, donc ils seront à fond sur la troisième étape.” Et Dominic Vittet de conclure : “Les retards seront rattrapables si les conditions sont un peu tendues ou s’il y a du petit temps avec des gros écarts sur les passages à niveau. Ils vont devoir traverser la mer d’Iroise en montant et en descendant, donc ça pourrait de nouveau creuser des écarts.”

L’épilogue se jouera sur une étape de 620 milles entre Royan et La Turballe, via le sud de l’Angleterre, dont le départ est donné ce dimanche 8 septembre.

Photo : Vincent Olivaud

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