Partenaire-titre de The Transat CIC pour les éditions 2020 (annulée) et 2024, le CIC s’est engagé récemment en tant que partenaire principal de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe. Ce pas de plus dans la course au large de la banque – par ailleurs filiale du Crédit Mutuel, engagé en Class40 avec Ian Lipinski – s’inscrit dans une stratégie à long terme. Décryptage.
Un an après être devenu partenaire-titre de la Transat anglaise pour deux éditions, le CIC a officialisé la semaine dernière son engagement en tant que partenaire principal de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, là encore pour deux éditions (2022 et 2026). Joint par Tip & Shaft, son directeur général Daniel Baal (par ailleurs ancien président de la Fédération française de cyclisme) explique : “Après l’annulation de The Transat CIC cette année, il nous semblait un peu long d’attendre 2024. OC Sport étant aussi organisateur de la Route du Rhum, ils nous ont proposé de devenir également partenaire principal de la course pour 2022 et 2026. Ce qui nous a semblé pertinent, parce que cela nous permet d’avoir des événements cadencés en 2022, 2024 et 2026.”
Pourquoi le choix de la voile ? “Ce qui nous plaît notamment, c’est l’esprit entrepreneurial très fort qui correspond bien à ce qu’est le CIC, banque des entrepreneurs, poursuit Daniel Baal. Nous sommes aussi une banque des territoires et de l’économie locale. Connaissant l’importance de tout ce qui est lié à la mer en Bretagne et dans le grand Ouest, être partenaire des deux courses transatlantiques les plus populaires sur ce territoire nous semblait très cohérent.”
L’implantation locale est un autre objectif pour le directeur général du CIC : “Le grand Ouest est pour nous un territoire de développement, nous sommes présents en moyenne aux côtés d’une entreprise sur trois, mais ce n’est pas la région de France où nous sommes le plus fortement implantés, nous sommes plus présents sur l’Ile-de-France, l’Est et le Grand Sud-Est.” Le CIC appartient en effet depuis 2004 au Crédit Mutuel Alliance Fédérale, dont le bastion historique est l’Alsace, en conflit avec le Crédit Mutuel de Bretagne (groupe Arkéa) qui cherche à quitter la fédération mutualiste depuis de longues années.
Derrière le partenaire-titre qu’est la région Guadeloupe, engagée jusqu’en 2026, le CIC intègre donc le deuxième rang de partenaires de la Route du Rhum, comme l’explique Joseph Bizard, directeur général d’OC Sport Pen Duick : “En 2018, on s’était dit qu’il y avait la place à ce niveau pour un partenaire privé aux côtés de Saint-Malo, de la région Bretagne et de la région Guadeloupe au titre de destination d’arrivée. Mais pas n’importe lequel, nous voulions un acteur à dimension patrimoniale et institutionnelle qui s’engage dans la vie du territoire. A l’époque, on avait engagé Banque Populaire Grand Ouest (BPGO), le CIC prend cette place.”
Banque Populaire se revendiquant également comme une banque des entrepreneurs, cet engagement croissant dans l’univers de la course au large – le Crédit Mutuel, dont Daniel Baal est également directeur général, sponsorise depuis 2018 Ian Lipinski en Class40 (voir encadré ci-dessous) – est-il une manière de marcher sur les plates-bandes de la « banque de la voile » ?
“On ne se place pas dans cette perspective de concurrence, ce n’est pas notre sujet, répond Daniel Baal. Banque Populaire est très implanté dans cet univers, ce qui a été fait est remarquable, d’autres banques sont présentes dans la voile, je n’ai pas de problème avec ça.” Sollicité, le groupe BPCE, nous a de son côté fait savoir, par la voie de sa responsable des relations presse, Christine Françoise, “ne pas souhaiter commenter la stratégie de nos concurrents”.
Directrice de l’agence de communication SIAC, Anne Millet, qui a longtemps travaillé pour la communication de Banque Populaire dans la voile (au sein de l’agence Mille et Une Vagues), estime quant à elle : “Je ne pense pas que le CIC marche vraiment sur les plates-bandes de Banque Populaire, dans la mesure où ce dernier n’a jamais eu pour objectif d’être partenaire d’événement. Banque Populaire Grand Ouest l’a certes été sur la dernière Route du Rhum, mais c’était plus une saisie d’opportunité qu’une véritable stratégie. Je pense que, d’une façon générale, Banque Populaire est plutôt positif quand de nouvelles marques arrivent et font marcher l’économie nautique. Après, le souci qui pourrait se poser, c’est celui d’un marquage CIC dans une voile Banque Populaire. Ça peut donner lieu à des discussions.”
Pour l’heure, le CIC réfléchit d’ores et déjà à l’activation de son double partenariat via, selon Daniel Baal, “un club d’entreprises”, une démarche qui va être accompagnée par OC Sport Pen Duick. “On avait ouvert un tel club pour la Route du Rhum en 2018 qui avait eu un franc succès, confirme Joseph Bizard. Ce mariage jusqu’en 2026 va nous permettre de tirer beaucoup plus cette verticale. On a envie de faire grandir nos courses, mais aussi de faire grandir le CIC à travers ces courses.”
Le montant de l’investissement du CIC auprès de la Route du Rhum ? “Il est contractuel avec une clause de confidentialité”, répond Daniel Baal. Il y a quatre ans, BPGO avait versé autour de 400 000 euros, comme nous l’avait confié Mathieu Sarrot, alors directeur des événements chez OC Sport Pen Duick.
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La voile une affaire de groupe. Le CIC appartient au Crédit Mutuel, partenaire-titre de Ian Lipinski en Class40, un partenariat que Daniel Baal estime très positif : “Dès la Transat Jacques Vabre 2019 – et cela s’est encore confirmé récemment sur la Normandy Channel Race – nous avons eu autour de Ian Lipinski une mobilisation en interne absolument remarquable. Il porte très bien nos valeurs d’engagement, de solidarité et d’excellence.” Le groupe bancaire pourrait-il aller plus loin et accompagner le skipper sur le Vendée Globe ? “Lorsqu’il est venu nous trouver en 2018 pour nous proposer un beau projet, entrepreneurial et innovant, nous avons eu envie de l’accompagner avec l’échéance de la Route du Rhum 2022 en point de mire. Aujourd’hui, notre projet, c’est celui-là,. La suite, on verra, il est prématuré d’en parler“, répond Daniel Baal.
Photo : Yvan Zedda #rdr2018