C’est l’histoire d’un retour au bercail réussi : celui de ProFurl, marque pionnière – depuis 1982 – de l’enroulement de voiles. Longtemps habituée du Vendée Globe, au point d’équiper une grande partie de la flotte des trois premières éditions, l’entreprise s’était peu à peu éloignée de l’univers de la course au large au début des années 2000, avant d’y revenir avec réussite : avec 8 bateaux sur 33 équipés de ses hooks au départ et les premières et troisièmes places à l’arrivée pour Yannick Bestaven et Louis Burton, ProFurl affiche un beau score.
“Nous avions travaillé il y a un peu plus de dix ans avec Roland Jourdain, mais c’est vraiment lors du Vendée Globe 2016 que nous sommes vraiment revenus dans le jeu en équipant PRB et Banque Populaire“, explique Cédric Martel, responsable custom et support technique du groupe Wichard, qui a racheté ProFurl en 2002.
La victoire d’Armel Le Cléac’h aurait dû être la meilleure publicité pour la marque… sauf qu’à l’arrivée, le skipper confie que son hook de J1 a cassé ! Ingénieurs et techniciens décident alors de se remettre en question et de travailler la fiabilité de leurs produits en s’appuyant sur une autre méthode de conception.
“Nous avons développé ce qu’on appelle le système hybride, avec le moins de mécanique possible à l’intérieur de nos hooks, juste une pièce femelle qui reçoit un corps mâle usiné dans la masse, avec un coefficient de sécurité très élevé,” précise Cédric Martel. Ce même système hybride a été mis en oeuvre sur les emmagasineurs “plus légers et plus résistants, dotés d’un mécanisme à cœur complètement ouvert, sans graisse ni joint. Cela donne une facilité de rotation et de manœuvre au skipper : moins il tire sur le bout, mieux c’est pour lui !”
Ces produits développés, il a fallu ensuite convaincre skippers et teams de les adopter. Un travail qui a porté ses fruits, puisque Prysmian Group, DMG Mori et MACSF se sont élancés le 8 novembre avec des hooks ProFurl, Maître CoQ, Bureau Vallée, PRB, Arkéa Paprec et Banque Populaire avec le « full pack », incluant les emmagasineurs.
Trois mois plus tard, le test du Vendée Globe est passé : “Aucun de nos huit skippers n’a eu à déplorer d’avarie de hook“, annonce Cédric Martel, tandis que Yannick Bestaven et Louis Burton décrochent l’or et le bronze. Interrogé en pleine tournée médiatique parisienne, le vainqueur a pris le temps de se confier : “Ce que j’ai aimé, c’est la simplicité des mécanismes et la fiabilité. Le système de hook sans pièces mécaniques qui bougent est un vrai plus puisque je n’ai rencontré aucun problème. Je suis certes monté au mât, mais pas pour le hook !”
Pour ProFurl, dont 90% du chiffre d’affaires est lié à la grande croisière, l’objectif est d’accroître la part de marché de la course au large – outre les Imoca précités, la marque équipe notamment Idec Sport, Spindrift, le Maxi Edmond de Rothschild, le Multi50 Leyton, les Class40 Crédit Mutuel et Project Rescue Océan, le plan David Raison que vient de mettre à l’eau Axel Tréhin.
“L’enjeu était très important pour nous, nous avons prouvé que nos hooks étaient 100% fiables, et qui dit fiabilité dit sécurité pour les marins. Avant le départ, Giancarlo (Pedote) m’avait bien fait comprendre qu’il fallait impérativement que les hooks tiennent, parce qu’il ne voulait absolument pas monter dans le mât”, se souvient Cédric Martel. Qui, à l’arrivée, a été chaudement félicité par le marin italien !
Photo : Stéphane Maillard / Bureau Vallée