Tout part d’un constat, partagé par tous les marins naviguant sur des Imoca dotés de grands foils, dont Damien Seguin, le skipper de Groupe Apicil, qui explique : “Les conditions de vie à bord deviennent vraiment difficiles, à cause des chocs, mais aussi des sons. Sur les dernières courses, notamment Retour à La Base fin 2023, nous sommes arrivés éreintés, après avoir subi des traumatismes assez importants. Je me suis cassé un doigt et j’ai eu des acouphènes pendant plus d’une semaine. C’est à l’issue de cette épreuve que le projet d’embarquer des capteurs biométriques sur le Vendée Globe a mûri. La sécurité des marins devient une préoccupation majeure.”
De fait, la surveillance d’un skipper pendant une épreuve au long cours peut permettre d’envisager des risques particuliers et de les prévenir. Des enjeux en phase avec les missions d’Apicil, groupe de protection sociale qui accompagne les entreprises, les particuliers et les indépendants en santé, prévoyance et épargne. “La question de la réduction des risques et de la bonne compréhension des gradients de santé est primordiale pour nous, c’est notre cœur de métier historique”, confirme Thomas Perrin, directeur général adjoint du Groupe Apicil.
Concrètement, pour le prochain Vendée Globe, la Team Voile Groupe Apicil va mettre en place à bord de l’Imoca une série de capteurs biométriques qui permettront de suivre l’évolution de la santé de Damien Seguin. Les mesures concerneront la température corporelle, la fréquence cardiaque et la tension artérielle (notamment après des manœuvres exigeantes), l’oxygénation du sang, les bruits à bord du bateau…
Le skipper devra aussi donner des informations sur la qualité de son sommeil, la nutrition, l’hydratation et même livrer des billets d’humeur qui contribueront à déterminer son état de forme. Pour définir au mieux les capteurs à embarquer et traiter avec pertinence les données récoltées, un médecin urgentiste de Lorient, Jean-Marc Le Gac, a livré son expertise.
“En temps normal, on fait des mesures avant puis après la course, sur le poids et la masse grasse par exemple. Mais pendant la course, on dispose finalement de très peu d’informations. C’est intéressant de se plonger sur ce sujet, souligne ce dernier. Il faut des capteurs fiables, donc des instruments de mesure qu’on utilise en médecine. Nous avons réfléchi à des solutions réalisables, pas trop contraignantes pour Damien.”
La question de la faisabilité des mesures, seul en pleine mer dans des conditions souvent difficiles, semble en effet centrale. “Forcément, cela va me demander du travail, je ferai au mieux, explique le 7e du dernier Vendée Globe. Par ailleurs, les capteurs ajoutent un peu plus de poids embarqué, mais c’est négligeable. Les investissements que cela nécessite sont bien plus faibles que les bénéfices qu’on en tirera par la suite. Ce laboratoire à grande échelle que représente le Vendée Globe permettra à l’avenir de mieux se préserver des traumatismes qu’on peut subir sur nos bateaux. Cela jouera indirectement sur la performance sportive car si les skippers se blessent moins et se reposent mieux, les bateaux iront plus vite.”
Ce projet de capteurs sera officiellement lancé lors d’une conférence (accessible gratuitement sur inscription) qui se tiendra à l’occasion du Défi Azimut, le mardi 10 septembre à la Cité de la Voile Eric Tabarly à Lorient. Puis, tout au long du Vendée Globe, le public pourra suivre Damien Seguin et l’évolution de sa santé sur le site voile du Groupe Apicil.
Photo : Eloi Stichelbaut – polaRYSE / IMOCA