Le 8 novembre prochain au départ des Sables d’Olonne, ils seront 13 marins – sur les 33 concurrents engagés – à confier la barre de leur Imoca à un pilote NKE, une part de marché assez stable au fil des éditions. Mais si la PME morbihannaise a déjà inscrit trois fois son nom au palmarès de l’épreuve avec les victoires de Michel Desjoyeaux (2000 et 2008) et de Vincent Riou (2004), elle n’équipe que peu de projets gagnants cette année. Skipper partenaire, Armel Tripon (L’Occitane en Provence) est sans doute le meilleur ambassadeur NKE autour du globe pour cette édition.
Si NKE conserve le leadership chez les Mini 6.50 et les Class40 – sans parler de la classe Figaro Beneteau, où l’entreprise d’Hennebont fournit les packs monotypes de l’électronique et du pilote – la donne a changé en Imoca. “Nos pilotes se sont imposés avec le Figaro 1 dans les années 1990 et nous avons grandi avec les Imoca qui nous ont tirés vers le haut”, explique Paul Fraisse, directeur de l’entreprise créée il y a trente ans. “Mais depuis quelques années, des concurrents ont débarqué avec une démarche inverse : ils viennent de la Coupe de l’America ou des TP52 et redescendent en technologie et en prix pour s’adapter au marché de la course au large. Il fallait qu’on réagisse !” La réponse, c’est le nouveau pilote baptisé HR 2020, encore prototype, testé avec succès sur Sodebo Ultim 3, et présent sur 6 des 13 Imoca équipés NKE sur le Vendée Globe. Il sera au catalogue officiel de la marque dès 2021.
Ingénieur spécialisé dans l’aéronautique (il a notamment travaillé sur les systèmes d’appontement du Rafale), Henry de Malet a été embauché en 2017 pour renforcer le bureau d’études composé de cinq personnes sur les dix-sept que compte NKE marine electronics : “La première étape de ma mission a consisté en une remise à plat complète du processeur HR. Nous avons réalisé un simulateur et traité une énorme quantité de données, rejoué des courses sur la base des enregistrements confiés par les skippers. Nous avons corrigé certains défauts de l’ancien système, augmenté sa robustesse et sur cette base, nous sommes passés à l’étape numéro deux.”
Consciente des nouvelles exigences du pilotage d’engins qui vont de plus en plus vite et s’élèvent au-dessus de l’eau, l’équipe NKE a ensuite cherché à intégrer à l’algorithme de nouveaux paramètres avec le mode “target”. Henry de Malet explique : “Le vol sur un Imoca est complexe car il n’est pas constant. Les bateaux passent leur temps à s’élever et à retomber, avec des écarts de vitesse importants. Sur le pilote HR 2020, que les coureurs naviguent en mode compas ou en mode vent, ils peuvent ajouter une consigne supplémentaire, soit la gîte, soit la vitesse.“
Dans ce dernier mode notamment, le pilote écrête la performance en s’autorisant des écarts de trajectoires, précisément ce que recherchent les skippers sur une course de fond. “J’étais à bord de L’Occitane quand Armel Tripon et Tanguy Leglatin ont découvert ça, ils étaient bluffés par la stabilité et le côté intuitif de l’interface“, assure Henry de Malet. “C’est vrai qu’il y a un effet waouh car même Yann Eliès a été impressionné quand il l’a essayé avec Stéphane Le Diraison sur Time For Oceans ! Nous avons sans doute été un peu timides dans la communication autour de cette nouvelle technologie“, regrette Paul Fraisse. Pour NKE comme pour ses concurrents, les dés sont maintenant jetés pour cette édition du Vendée Globe. Mais le travail sur ces nouvelles générations de pilotes ne fait que commencer.
Photo : Pierre Bouras /L’Occitane en Provence