Du 10 au 15 septembre, plus de 20 Imoca se retrouveront à Lorient La Base pour en découdre une dernière fois avant le Vendée Globe à l’occasion du Défi Azimut Lorient Agglomération. Retour en trois temps sur l’histoire de cette course pas comme les autres, née en 2011 afin de répondre à une demande des marins, sans jamais renoncer à ses valeurs : exigence, simplicité et convivialité.
Par son histoire tourmentée et sa miraculeuse transformation en pôle d’attraction de la course au large, Lorient La Base est un site exceptionnel. Mais ses digues ne sont pas extensibles ! Lorsqu’en 2019, fort du nouveau format des 48 heures et du dynamisme de la classe, 21 Imoca sont inscrits au Défi Azimut, la première question est d’abord de savoir comment faire pour les accueillir. Un vrai casse-tête ! Partenaire du Défi, la Sellor, société d’économie mixte en charge de la gestion des ports de Lorient, se met en quatre pour trouver les bonnes solutions et l’ancien skipper Hervé Laurent se révèle un atout précieux du dispositif d’amarrage. Ça rentre au chausse-pied, mais ça rentre ! “En quatorze ans, pas un Imoca n’a été égratigné lors du Défi, ça mérite un coup de chapeau” , salue Jean-Marie Corteville.
À chaque année
ses nouveaux Imoca
Si 2019 marque la domination de Charal, qui empoche haut la main les trois actes, le Défi Azimut est systématiquement l’occasion de découvrir un ou plusieurs nouveaux Imoca. C’est le cas cette même année d’Arkéa Paprec (Sébastien Simon), d’Advens for Cybersecurity (Thomas Ruyant) ou encore d’Apivia (Charlie Dalin).
En 2020, à deux mois du Vendée Globe, c’est L’Occitane en Provence d’Armel Tripon qui dévoile sa carène de scow lors du Défi Azimut, mais on retiendra surtout de cette édition l’exceptionnel tir groupé féminin à l’arrivée des 48 heures. Jusqu’au bout, Samantha Davies (Initiatives-Coeur) dispute la première place à Jérémie Beyou et dans son sillage, c’est Isabelle Joschke (MACSF) puis Clarisse Crémer (Banque Populaire IX) qui passent la ligne et confirment avec la manière que, désormais, la course au large doit compter avec les femmes !
Toujours en phase avec les tendances du moment et à l’écoute de la classe Imoca, le Défi Azimut-Lorient Agglomération 2022 accueille en parallèle des solitaires, quatre équipages venus se confronter pour la première fois avant The Ocean Race. “Avec peu de moyens et beaucoup de vista, le Défi Azimut est devenu le warm-up des courses les plus prestigieuses ”, observe Jean-Marc Beaumier, directeur de la Cité de la Voile Eric Tabarly, qui met désormais à disposition l’ensemble de ses installations pendant cinq jours.
Ça tombe bien car en 2023, le musée se transforme en abri du marin lorsque la météo se révèle exécrable le mercredi et impose l’annulation des runs reportés au dimanche. Un mal pour un bien car ce jour-là, tout se combine pour une session hors normes du côté de Groix : vent, lumière, clapot. Le spectacle est éblouissant, “les plus belles images d’Imoca en vol jamais vues“ , dixit Antoine Mermod le président de la classe, aux premières loges sur le roof du catamaran de production Royale.
Classique ou machine ?
Que reste-t-il au Défi Azimut-Lorient Agglomération pour écrire les nouveaux épisodes de cette success story née en 2011 ? Certains, comme Yann Eliès, nommé directeur de course de l’édition 2024 en binôme avec Francis Le Goff, pensent qu’il faut savoir raison garder : “L’événement est à maturité et la qualité des hospitalités, des parcours, la variété des formats en font un incontournable. Il faut maintenir ce haut niveau et rester à l’écoute, comme Jean-Marie et Candice ont toujours su le faire”. Même son de cloche chez Armel Le Cléac’h, qui a contribué à la naissance du Défi : “Il faut conserver l’esprit. Ne pas céder aux sirènes du toujours plus. Le Défi est devenu une classique, il ne faut pas que ça devienne une machine !”
Qu’en disent les organisateurs ? Candice Crépeau pense que le Défi est “condamné à grandir, justement pour qu’il reste un Défi !” mais souligne que l’essentiel n’est pas là : “Toutes ces années, le Défi et Azimut ont grandi ensemble. Nous y avons mis beaucoup de cœur, les équipes ont développé de nouvelles compétences hors cadre et nous avons su les transposer dans notre approche du travail. Ce projet d’entreprise nous a donné une nouvelle image et beaucoup de force collective.”
Quant au créateur, Jean-Marie Corteville, il réfléchit à différents axes de développement. “Augmenter la durée, aller virer les Açores ou le Fastnet évidemment, c’est tentant. Mais ce que j’imagine surtout dans l’avenir, c’est que le Défi renforce encore son attraction autour du BtoB, qu’il devienne un carrefour. La capacité à provoquer des rencontres, à interroger les tendances de l’avenir avec les meilleurs spécialistes, à rayonner à l’international, il faut cultiver tout ça. Et sur le plan technologique, nous avons aussi un rôle à jouer en continuant à développer des outils pour faire d’Azimut un leader .”
Le succès de l’application de tracking Surlo, développée grâce aux technologies Azimut et testée sur le Défi dès 2021, lui donne raison. À n’en pas douter, les ingénieurs de la société de solutions informatiques créée en 1994 sont aussi pertinents pour répondre aux grands appels d’offres nationaux que pour s’adapter aux demandes spécifiques de la course au large. Et c’est peut-être de la tech que viendra le renouveau.
Photo : Défi Azimut