Charlie Capelle passe au Mini ! Non, le skipper du légendaire ACapella ne compte pas renoncer en 2022 à une sixième Route du Rhum sur son plan Walter Greene pour se lancer sur le circuit 6.50. Mais celui qui est aussi à la tête de Technologie Marine a en revanche décidé de se lancer dans la construction d’un nouveau Mini 6.50 de série, baptisé TM650.
Une grande première pour le chantier trinitain, jusqu’ici spécialisé dans les « one off » – des constructions à l’unité – et la fabrication de moules ou d’outillages pour des clients divers, notamment pour son voisin JPS Production, grand spécialiste du Class40.
“L’idée m’est venue il y a deux ans, raconte Charlie Capelle. J’étais à l’arrivée de la Mini 2019 et en discutant avec les skippers, je me suis rendu compte que beaucoup se plaignaient du manque de bateaux de série et de choix. Je me suis dit qu’il y avait de la place, mais je connaissais peu ce milieu. Il se trouve qu’à ce moment, on devait renforcer notre bureau d’études, on a alors eu l’idée d’embaucher deux jeunes ministes pour profiter de leurs connaissances et de leur réseau.”
Les deux jeunes ministes en question sont Tanguy Aulanier et Augustin Doumic, qui commencent à plancher sur le projet, tandis que Charlie Capelle décroche son téléphone pour proposer à deux architectes de se joindre à l’aventure : Sébastien Magnen, double vainqueur de la Mini Transat (1997 et 1999), et Benoît Cabaret, ancien alter ego de Nigel Irens, légende du multicoque.
L’appel tombe à pic pour Sébastien Magnen, qui vient tout juste d’arrêter son activité de fumage de poisson sur l’île de Groix pour reprendre son métier d’architecte naval, mis de côté une quinzaine d’années plus tôt. “Ce qui m’a plu, c’est que Charlie m’a proposé de participer à une équipe de conception, avec les ingénieurs du bureau d’études, les techniciens, un voilier [Technique Voile], des navigateurs [comme Gaël Ledoux qui sera pilote d’essai du premier bateau], et bien sûr Benoît, avec qui nous sommes très complémentaires.”
Un scow “raisonnable et polyvalent”
Ce que confirme ce dernier : “Mon travail a souvent consisté à mettre des chiffres sur des formes qui, parfois, sont un peu intuitives, j’amène ce côté analyse chiffrée dans le panier. J’essaie aussi d’apporter un peu d’organisation et d’optimisation au niveau de la production.” Après avoir étudié une dizaine de carènes, les deux architectes se sont accordés sur un scow “raisonnable et polyvalent, pour ne pas aller trop loin dans la puissance et garder des capacités intéressantes dans le petit temps”, explique Sébastien Magnen.
La construction du premier TM650, qui servira de bateau test, est en cours chez Technologie Marine, il sera mis à l’eau en février, les premiers exemplaires seront livrés aux clients pour le début de la saison 2022. L’objectif est de sortir en 2022 les dix unités nécessaires pour être un bateau de série reconnu par la Classe Mini. “Pour un chantier comme Technologie Marine, ce projet est un gros pari car cela demande un gros investissement de lancer une série et que c’est la première fois que nous allons sortir des bateaux strictement identiques”, précise Charlie Capelle.
Un pari qui, au vu d’un carnet de commandes déjà bien rempli – le TM650 est annoncé à environ 150 000 euros TTC entièrement équipé et prêt à courir -, semble pour l’instant gagnant. “Nous en avons déjà vendu plusieurs exemplaires et nous avons encore beaucoup de demandes, nous sommes extrêmement confiants“, ajoute Charlie Capelle. Qui, à 66 ans, voit une autre vertu à ce projet : “Pour moi, il y aussi un objectif d’accompagnement et de transmission, c’est l’occasion pour nos jeunes de s’exprimer et de prendre le relais.”
Photo : Technologie Marine