Pour ceux qui suivent la voile de compétition, le nom de Pierre-Yves Moreau, alias “PYM”, est loin d’être inconnu. Agé aujourd’hui de 54 ans, ce dernier s’est en effet illustré en décembre 2007 en battant avec son compère Benoît Lequin le record de l’Atlantique sur un cata de sport entre Dakar et la Guadeloupe en onze jours et demi. Il a ensuite fait partie pendant treize ans du Team Banque Populaire, tour à tour technicien, navigant, boat-captain, chef de l’équipe composite…
“Avec les années, j’ai pris des responsabilités, ce qui me plaisait, mais j’éprouvais un peu de manque de ne pas être suffisamment à l’atelier. Ce qui a peu à peu fait germer en moi l’idée de revenir davantage à la fabrication et de me lancer à mon compte.” Il parle de ce projet à l’été 2020 à son employeur, qu’il quitte un an plus tard pour fonder Scorpio Tech, entreprise spécialisée dans la réalisation de pièces composites en carbone, l’usinage numérique et l’impression 3D.
Preuve que la séparation s’est faite en bonne intelligence, le premier client de la nouvelle structure, composée de son fondateur et de Christophe Coulibaly, n’est autre que… le Team Banque Populaire, qui, depuis trois ans, lui a confié l’assemblage et la finition de deux dérives et d’un safran central pour le Maxi Banque Populaire XI, mais également la fabrication de pièces de systèmes de foils.
“Cette collaboration nous apporte beaucoup de satisfaction, car elle nous permet d’avoir plus de souplesse qu’avec les grands chantiers et une meilleure maîtrise de nos plannings, commente le directeur du Team Banque Populaire, Ronan Lucas. Et vu notre historique avec “PYM”, on a totalement confiance en lui, on sait qu’en termes de méthode et de réalisation, ça va être impeccable. Il a en plus ses propres locaux et son matériel, ce qui est un aussi un atout non négligeable.”
En effet, Scorpio Tech s’est doté d’un bâtiment de 250 m2 sur le port de pêche de Lorient, aménagé en différents compartiments pour répondre aux exigences de qualité. Le chantier a également fait l’acquisition d’une grande commande numérique, qui lui permet d’usiner en 2D et 3D différentes pièces pour l’industrie et le nautisme (safrans, périphériques d’appendices, moule, mousse, bois…) et a construit sa propre étuve de cuisson pour le préimprégné de 2 mètres de long pour de plus petites pièces (appendices, boîtes à réa, accastillage…). “L’objectif est de proposer le plus de compétences et d’outillages possibles, de l’usinage à la peinture en passant par le drapage”, confie Pierre-Yves Moreau.
Au bout de trois ans et demi d’activité, le chiffre d’affaires de l’entreprise lorientaise est assuré à hauteur d’environ 60% par trois clients principaux, Banque Populaire donc, mais également Avel Robotics et SailWood, chantier pour lequel elle a notamment fabriqué trois safrans pour un catamaran de croisière rapide de 65 pieds. “Pierre-Yves vient remplacer notre chef d’équipe quand il n’est pas là, il a un gros bagage en termes de composite et s’intègre bien à nos équipes”, apprécie Luc Talbourdet, président d’Avel Robotics, tandis que son homologue chez SailWood, Glen Maine, ajoute : “La collaboration avec Scorpio Tech nous permet de construire des pièces composites que nous ne faisons pas en interne. Avec “PYM”, tout est fluide, il se pose toujours les bonnes questions pour que tout soit bien fait du premier coup.”
Le reste de la clientèle est en majorité composé de teams pros (Charal, DMG Mori, Initiatives Coeur…), auprès desquels Scorpio Tech se positionne comme un sous-traitant haut de gamme et outillé pour répondre à leurs besoins. Interrogé sur la stratégie de développement de son entreprise, Pierre-Yves Moreau répond : “L’objectif est de développer l’activité de commande numérique, notamment pour la fabrication d’appendices, à destination des équipes Imoca et de Class40, mais aussi des chantiers autour de Lorient.” Avis aux amateurs.
Photos : BPCE / EasyRide