Fondé en novembre 2021 à Gênes par Edoardo Bianchi – ”marin avant tout”, selon les propres mots de celui qui a notamment participé aux Jeux d’Athènes et de Pékin en Tornado – Sangiorgio Marine s’est d’entrée illustré en sortant son premier Class40, le Musa 40. Un projet conçu en collaboration avec le skipper Ambrogio Beccaria et l’architecte naval Gianluca Guelfi, rencontrés par le fondateur du chantier sur les bancs de l’université de Gênes, où il suivait une formation d’ingénieur naval.
“Je cherchais un projet pour me lancer, Ambrogio un nouveau bateau et Gianluca un skipper, se souvient Edoardo Bianchi. J’ai alors demandé à Gianluca de dessiner la meilleure carène possible, sans aucune contrainte de construction. Nous avons sorti un bateau vraiment révolutionnaire.” Mis à l’eau en août 2022, Alla Grande Pirelli fait effectivement très vite parler la poudre : deuxième de la Route du Rhum en 2022, il remporte un an plus tard la Transat Jacques Vabre puis The Transat CIC en mai dernier. Trois sisterships suivront : Influence 2 pour Andrea Fornaro, Acrobatica pour Alberto Riva et Dekuple pour William Mathelin-Moreaux, avec plans de pont et aménagements personnalisés.
Fort de ce premier essai transformé, le trio italien a décidé d’aller plus loin en concevant une V2 du Musa 40, baptisée Musa Evolution. “L’idée n’était pas de changer de carène, explique Ambrogio Beccaria. Je trouvais intéressant de partir d’un bateau super réussi et d’avancer dans plein de petits détails. On peut arriver à un niveau de précision que ceux qui partent sur une nouvelle carène n’auront pas.”
Des détails présentés par Gianluca Guelfi : “Pour le premier bateau, on a fait une campagne de recherches importante en CFD, ce qui nous a permis de dessiner une carène très polyvalente. Pour la V2, on a choisi d’améliorer tout ce qu’il y a autour : nouveaux safrans, nouvelle quille, optimisation du système de barre pour la rendre plus agréable, évolution de la structure pour s’adapter au nouveau pied de mât.” Le concepteur met également en avant une démarche écoresponsable : “Faire des moules est un gros investissement et s’avère très polluant. Je suis fier de faire au moins sept bateaux dans le même moule.”
Trois commandes ont en effet déjà été enregistrées pour ce Musa Evolution, la première pour l’ancien ministe Benoît Sineau, dont le bateau devrait arriver à Lorient d’ici la fin du mois de décembre. Deux autres exemplaires suivront en 2025, un quatrième peut encore être livré à temps pour la Transat Jacques Vabre. S’il a d’autres projets en tête, Ambrogio Beccaria ne cache pas son “impatience d’aller naviguer sur le nouveau bateau, car si le Musa 40 était déjà la référence à beaucoup d’allures, quand tu arrives à réduire la traînée, tu améliores les performances dans toutes les conditions“.
Pour le chantier Sangiorgio Marine, qui a désormais fait la preuve de son savoir-faire, il est temps de passer à une étape supérieure, comme le confie son fondateur Edoardo Bianchi : “La Class40 était l’occasion de faire nos preuves en même temps qu’un investissement marketing pour nous faire connaître dans le monde de la course au large. Nous sommes désormais prêts à passer en Imoca, avec une zone dédiée au carbone pré-preg 100% fonctionnelle, dans laquelle nous avons construit les deux catamarans à foils à hydrogène d’American Magic et d’Orient Express Racing Team pour la Coupe de l’America. Nous avons également un autoclave de 9 mètres par 3 où ont été fabriquées des pièces pour Ineos Britannia.”
De sacrées références pour un chantier qui s’est également occupé du refit de l’Imoca 11th Hour Racing Team après The Ocean Race 2023, avant qu’il ne soit vendu à Sébastien Simon. Avec désormais une surface couverte de 4 400 m2 (57 mètres de longueur) et un terre-plein de 1 500 m2 au bord d’un quai doté de 8 mètres de tirant d’eau, Sangiorgio Marine est dans les starting-blocks, capable d’accueillir des projets jusqu’à 100 pieds.
Photo : Martina Orsini / Alberto Riva