Présenté pour la première fois fin juillet à Cherbourg dans le cadre de l’arrivée de la Rolex Fastnet Race, le Sun Fast 30 One Design a enchaîné début août avec des navigations d’essais au large de La Trinité-sur-Mer. L’occasion de découvrir les premières images en mer de ce monotype imaginé par trois yacht-clubs – l’UNCL (désormais pôle course du Yacht Club de France), le Royal Ocean Racing Club (Rorc) et le Storm Trysail aux Etats-Unis.
Cette semaine, le deuxième exemplaire construit sera présenté lors du Southampton Boat Show, tandis que du 20 au 25 septembre, c’est du côté de La Rochelle que le bateau sera visible, puisqu’il sera officiellement baptisé le mercredi 20 au Grand Pavois. Multiplast et Jeanneau, associés sur le projet, en profiteront pour organiser les toutes premières navigations presse, notamment dans le cadre de sa sélection parmi les candidats au titre de European Yacht of the Year 2024, qui sera décerné en janvier à l’occasion du Boot de Düsseldorf.
Pour séduire les régatiers, en plus d’un design VPLP et d’une maîtrise d’œuvre confiée à Multiplast, le SF30OD soigne les détails : simplicité du plan de pont (ni ballasts, ni foils) avec un cockpit bien dégagé pouvant accueillir quatre ou cinq équipiers, décoration signée Jean-Baptiste Epron, carène à bouchains avec une étrave arrondie s’inspirant des scows, doubles safrans déportés, mât carbone et monotypie stricte et haut de gamme.
Celle-ci s’étend notamment à l’électronique (pilote Hydra 5000 de chez B&G) et au gréement courant Lancelin. Seules la sécurité et les voiles sont laissées au libre choix des équipages, avec une interdiction d’usage des membranes pour contenir les budgets – un peu plus de 200 000 euros TTC pour un bateau prêt à naviguer.
Autre choix fort, effectué par Multiplast, en collaboration avec Jeanneau, qui apporte son expertise de la production en série, “l’usage systématique de la résine Elium pour la coque, le pont et la structure, qui met d’emblée le Sun Fast 30 OD aux standards de la construction navale qui s’imposeront dans 10 ou 15 ans”, explique Louis Vaquier, coresponsable du projet pour Multiplast.
A la tête de l’atelier de Nantes Cheviré (ex Jeanneau Techniques Avancées), qui avait été relancé en 2018 pour fabriquer les Figaro Beneteau 3 et où la production en série s’apprête à débuter, Marc Vallier explique : “La particularité de cette résine thermoplastique est de pouvoir être séparée du reste du composite par pyrolyse et donc récupérable lors de la déconstruction, pour servir ensuite à d’autres applications. Mais avant même de penser déconstruction, notre objectif est d’utiliser 20 à 30% de résine recyclée dans le process de production. Nous l’avons déjà testée au sein du groupe Beneteau sur un First 44 et un Mini 6.50, les résultats ont été suffisamment probants pour lancer une véritable série avec le Sun Fast 30 OD.”
A raison d’un bateau par semaine sorti des ateliers de Cheviré au cours du dernier trimestre de l’année, l’objectif “est d’en produire douze d’ici la fin de l’année et près d’une cinquantaine en 2024“, indique Louis Vaquier. Et ce dernier d’ajouter : “Nous avons aujourd’hui un peu plus de 40 commandes sécurisées, essentiellement des particuliers, bien répartis sur les trois façades Manche, Atlantique et Méditerranée.” Un partenariat avec la société Cap Regatta, qui met à disposition en location trois flottes de sept bateaux chacune dans ses bases de Marseille, Lorient et Portsmouth, a ainsi été noué.
Pour quel programme ? Le classement du bateau en catégorie A (océanique) permet d’ores et déjà d’aborder toutes les grandes classiques du Rorc et de l’UNCL. “Notre ambition est d’obtenir des classements distincts pour chaque épreuve, comme vient de s’y engager la Dhream-Cup pour son édition 2024 et de ne pas chercher à rentrer dans une logique IRC, pour laquelle le bateau n’a pas été conçu“, précise Louis Vaquier, partie prenante de la nouvelle classe C30, avec le Yacht Club de France.
A moyen terme, le Tour de France à la voile est dans le viseur – même si un accord de trois ans lie depuis cette année la Fédération française de voile et la classe Figaro Beneteau -, ainsi que le championnat du monde de double mixte. En attendant, les premiers pas en course du plan VPLP sont attendus au printemps 2024, notamment sur la Sun Fast World Cup (22-23 mars à La Trinité-sur-Mer), le Spi Ouest-France Banque Populaire Grand Ouest dans la foulée au même endroit (28 mars-1er avril), et côté méditerranéen, la SNIM à Marseille.
Photo : Jean-Marie Liot