C’est le 16 octobre qu’a ouvert au musée national de la Marine à Paris l’exposition En solitaire autour du monde, dont Tip & Shaft est partenaire. L’idée remonte à un peu plus de trois ans, comme le confie Lénaïg L’Aot-Lombart, la commissaire : “Avec la perspective de la dixième édition du Vendée Globe en 2024, nous nous sommes dit que c’était l’occasion idéale pour le musée, qui a toujours entretenu une relation très proche avec les coureurs au large – Eric Tabarly en a été administrateur -, de mettre en avant les tours du monde en solitaire en monocoque.”
L’idée validée, restait à la mettre en musique, mission confiée à un commissariat composé de cette dernière, qui avait déjà monté une exposition sur le Trophée Jules Verne, et deux journalistes/auteurs, Didier Ravon et Olivier Le Carrer, anciens rédacteurs en chef de Voiles et Voiliers et Bateaux. S’appuyant sur un comité scientifique composé, entre autres, de Michel Desjoyeaux, Isabelle Autissier, Jean-Luc Van den Heede, Jacques Caraës, Clarisse Crémer, Miranda Merron ou Denis Horeau, le trio a souhaité d’abord mettre en avant les pionniers du Golden Globe, première course autour du monde en solitaire sans escale, remportée en 1969 par Robin Knox-Johnston en 313 jours. C’est d’ailleurs une impressionnante maquette de Suhaili, son bateau de l’époque, qui ouvre l’exposition, accompagnée de celle de Joshua, celui de Bernard Moitessier, dont on peut également observer des objets personnels, comme son sextant, ses jumelles ou… une boîte d’Ovomaltine.
Car l’une des grandes forces de cette “exposition immersive”, selon les mots de Lénaïg L’Aot-Lombart, est de présenter nombre d’objets ayant fait le tour du monde. Le Golden Globe, donc, mais aussi et surtout le Vendée Globe, qui tient la plus grande place de ce parcours que ses concepteurs n’ont pas souhaité chronologique, mais plutôt géographique. “Nous avons voulu ancrer l’exposition dans le parcours d’un tour du monde, donc permettre aux visiteurs de faire leur propre tour de la planète sur 800 m2, en passant par les trois caps et en traversant les grandes zones qui jalonnent cette aventure, avec à chaque fois des thématiques, comme la vie à bord, la météo, l’équipement, les fortunes de mer, la sécurité…”, explique celle qui est géographe de formation.
En plus des panneaux explicatifs et des nombreuses photos et vidéos d’archives, mises notamment à disposition par la SAEM Vendée, organisatrice du Vendée Globe et partenaire de l’exposition, ce parcours est donc jalonné d’objets prêtés par les marins eux-mêmes. “Je tenais absolument à ce qu’il y ait des objets qui aient fait le tour du monde, commente Didier Ravon, qui a fait jouer ses réseaux pour la collecte. Ils ont tous admirablement joué le jeu.”
Pêle-mêle, on trouve ainsi l’orgue électronique emporté par Loïck Peyron sur le premier Vendée Globe, des cartes marines, dont celle de l’Antarctique annotée par Jean-Luc Van den Heede qui en a fait douze fois le tour, ou l’étrave de Corum L’Épargne, l’ex Imoca de Nicolas Troussel ! Egalement présentés, plusieurs trophées de vainqueurs (Michel Desjoyeaux, Vincent Riou, Armel Le Cléac’h), de nombreux cirés – “J’ai récupéré à la dernière minute celui de Christophe Auguin, il y avait encore dans les poches des vieux kleenex et des bâtons de sucette”, sourit Didier Ravon – des peluches, comme le Marsipulami de Jean Le Cam ou le pingouin de Catherine Chabaud, qui a également prêté les bottes de son premier Vendée Globe, “que je porte toujours”, souligne-t-elle.
Présente lors de l’inauguration le 15 octobre, cette dernière a apprécié “une exposition qui s’est vraiment attachée à faire percer les émotions et l’expérience extrême que représente le Vendée Globe“. Les objets qui l’ont marquée ? “La TPS et la balise de Raphaël Dinelli, qu’il a gardée autour du cou en attendant d’être secouru (par Pete Goss) sur mon premier Vendée Globe, ça rappelle ces trois marins qui sont revenus après être passés tout près de la catastrophe (les deux autres étant Thierry Dubois et Tony Bullimore).” Pour Jean-Luc Van den Heede, “tous ces objets montrent la véracité des choses et racontent aussi bien l’histoire du Golden Globe 1968 que du Vendée Globe, jusqu’aux derniers foilers.”
Ouverte depuis le 16 octobre et jusqu’au 26 janvier 2025, l’exposition a visiblement trouvé son public : en moins d’un mois, elle a déjà attiré 30 000 visiteurs, au point que le musée, qui accueille par ailleurs pendant le Vendée Globe deux fois par mois des vacations avec les skippers et propose trois masterclass avec des marins (la première a eu lieu jeudi avec Franck Cammas), a d’ores et déjà décidé de la prolonger jusqu’au 2 mars !
Photo : Musée national de la Marine