Il y a un an quasiment jour pour jour, le 27 février 2024, après 50 jours et 19 heures de mer, Charles Caudrelier remportait l’Arkéa Ultim Challenge-Brest, première course de l’histoire autour du monde en solitaire et en Ultim .
Un événement aussi extrême que pionnier, dont l’idée est née il y a plus de vingt ans au sein du groupe Télégramme, comme le rappelle Joseph Bizard, directeur général d’OC Sport, filiale du groupe et organisatrice de la course. “C’est Roland Tresca (alors président de Pen Duick et directeur adjoint du groupe Télégramme) qui a imaginé cette course dès 2004. Deux ans plus tard, à l’arrivée de la Route du Rhum 2006, il a présenté au maire de Brest François Cuillandre un projet de ce qui pouvait être le prochain grand défi des grands multicoques de l’époque : une régate autour de la planète en solo. Depuis, il y a eu des ébauches, de nombreux échanges, des hauts et des bas, et il a finalement fallu près de deux décennies pour que les planètes s’alignent pour un projet d’une telle ampleur : fiabilité accrue des bateaux, collectivités engagées sur la durée, partenaires privés audacieux.”
Tous les éléments ont été réunis pour donner lieu à une première édition, dont le départ a été donné le 7 janvier 2024 au large de Brest sous un soleil éclatant, placée sous le signe de l’inconnu pour les six solitaires au départ. “Il faut bien prendre conscience que jusqu’ici, aucun Ultim volant de dernière génération n’avait réussi à boucler un tour du monde en course, que ce soit en équipage ou en solitaire, souligne Joseph Bizard. Le défi d’une épreuve planétaire sur les plus grands bateaux de large était à la fois sportif pour les marins et technique pour leurs équipes.” A l’arrivée, cinq des six pionniers au départ – dans l’ordre Charles Caudrelier, Thomas Coville, Armel Le Cléac’h, Anthony Marchand et Eric Péron – ont bouclé le parcours, seul Tom Laperche ayant dû abandonner après onze jours de course.
“Les teams et les marins ont vraiment fait un superbe travail pour porter ces machines sur la ligne de départ et les mener, volant, autour du monde. La possibilité accordée de faire des escales a permis de préserver l’aspect compétition avec des rebondissements incessants permis par ces arrêts et cinq concurrents sur six à l’arrivée, ce qui est une prouesse, ajoute le directeur général d’OC Sport. L’intensité de la régate pendant la descente de l’Atlantique, et notamment le duel entre Charles Caudrelier et Tom Laperche, a confirmé l’extraordinaire potentiel de ces machines et la capacité des marins à les mener en course en solitaire.” Les visages marqués de ces derniers à leur arrivée à Brest, après 50 jours de mer pour le premier, 66 pour le cinquième, en disaient d’ailleurs long sur les ressources physiques et mentales dans lesquelles ils ont dû puiser pour aller au bout, tous, armateurs, teams et marins, confiant la fierté d’avoir contribué à écrire une nouvelle page majeure de la course au large.
Si la course a répondu aux attentes des skippers, elle a également rencontré son public. Le village installé sur le quai Malbert, à Brest, a rassemblé plus de 150 000 visiteurs jusqu’au jour du départ, 80 000 venus célébrer les arrivées. “La ferveur populaire et les moments d’émotion partagés sur le village forment un de nos plus beaux souvenirs de course au large. L’engouement des visiteurs, plus important que prévu, a été croissant jusqu’aux arrivées. Le caractère exceptionnel de cette course et son côté pionnier ont clairement intéressé le public à qui nous avons proposé un village immersif pour lui permettre de bien comprendre la course et ses acteurs”, analyse Joseph Bizard.
Cet intérêt est confirmé par les chiffres, avec notamment une audience de plus d’un million de téléspectateurs pour suivre le direct du départ sur France 3 et 12 millions de visites sur la cartographie de la course. Pour Jérôme Val, journaliste à Radio France (France Info, France Inter), les ingrédients étaient réunis pour que la course reçoive un écho médiatique important : “Nous sommes un média généraliste avec des auditeurs qui ne sont pas des spécialistes. Il faut donc que l’événement soit facilement identifiable et c’était le cas avec l’Arkea Ultim Challenge. Un marin autour du monde, seul à bord d’une grosse machine qui vole : le combo est facile à vendre au grand public. Par ailleurs, le créneau, à la sortie des fêtes de fin d’année, était porteur.”
Fort de cette première grande édition, OC Sport Pen Duick se projette désormais sur la suivante, dont le départ sera donné à l’hiver 2027-2028, avec six à huit Ultim engagés. “Les fondations posées vont nous permettre d’accélérer sur chacun des piliers de l’événement et répondre à l’attente très forte générée, soutien Joseph Bizard. Sportivement, les bateaux seront plus éprouvés et performants, et les marins, avec quatre ans d’expérience supplémentaires, parés pour relever ce nouveau défi sportif. Sur le plan populaire, le village, de 10 000 m2 lors de la première édition, sera considérablement agrandi pour accueillir plus de monde. Enfin, côté médiatique, on veut aussi nettement monter en puissance, avec un dispositif de communication qui commencera plus en amont, l’objectif étant encore d’élargir l’audience avec une offre de contenus très impactants.” La feuille de route est tracée !
Photo : Vincent Olivaud