Créé en 2001 par l’Américain Peter Johnstone, qui souhaitait développer des catamarans de croisière performants, le chantier Gunboat a connu un âge d’or, grâce à des collaborations fructueuses avec des architectes de renom, comme le cabinet Morrelli & Melvin ou Nigel Irens, avant de péricliter et d’être mis en faillite fin 2015.
Grand Large Yachting, groupe français spécialisé dans la grande croisière – Outremer, Allures Yachting, Garcia Yachts, RM – rachète alors la marque américaine avec l’objectif de la relancer. “La première décision que l’on prend, c’est de rapatrier la production en France [après des expériences mitigées entre Afrique du Sud, Chine et Etats-Unis], on savait que les catamarans Gunboat étaient compliqués à construire, et pour nous, l’endroit où on maîtrisait le mieux les techniques de design, de développement et de production, c’était chez nous, à La Grande Motte”, se souvient Benoît Lebizay, l’un des trois associés du groupe et directeur général de Gunboat.
“Ensuite, on se tourne vers le cabinet VPLP. On travaillait déjà avec Marc Van Peteghem sur Outremer, le fait d’avoir en plus Vincent Lauriot-Prévost, spécialisé sur la course, nous permettait de réunir le meilleur des deux mondes.” Ensemble, ils réfléchissent à la bonne longueur pour lancer une première unité et optent pour un catamaran de 68 pieds. “Un bateau plus petit nous aurait obligés à faire des compromis risquant d’impacter le confort ou la performance. Or l’ADN de Gunboat, c’est vraiment « zéro compromis. » Avec 68 pieds, on avait de la place pour s’exprimer”, poursuit le directeur général.
La construction des moules est lancée début 2017, le premier exemplaire, le « 68 01 », livré deux ans plus tard, en janvier 2019. Depuis, quatre ont suivi – le cinquième vient d’être mis à l’eau – un sixième est signé, un septième en bonne voie ! Propriétaire du « 68 03 », Alex Schneiter, fondateur de Team Tilt Sailing, écurie suisse présente sur différents circuits (D35 puis TF35, GC32…) et socle de la nouvelle équipe helvète de SailGP, s’est ainsi laissé séduire.
“Je ne trouvais pas sur le marché ce que je cherchais, à savoir un bateau esthétique et performant, jusqu’à ce que je sois invité à essayer le premier Gunboat 68. Ça a été un coup de cœur ! J’ai été très surpris par les performances du bateau : on peut naviguer au portant à 20 nœuds, sans que les personnes à bord ne s’en rendent compte.”
Depuis août 2020, le Suisse a parcouru environ 15 000 milles, avec une utilisation tournée vers la grande croisière, là où d’autres propriétaires s’en servent aussi pour régater. Parfois conseillés par Loïck Peyron, ambassadeur de la marque : “Le Gunboat 68 est une sorte de petite révolution, il n’y a pas beaucoup de catas de croisière qui cochent à ce point toutes les cases : rester léger mais confortable, sécurisant et toujours rapide.” Autre avantage du plan VPLP selon le Baulois : “Beaucoup de propriétaires venant du monocoque sont surpris du peu de personnel nécessaire pour faire marcher le bateau : avec deux ou trois équipiers compétents à la manœuvre, on fait le tour du monde ou on régate entre trois bouées !”
Le succès du Gunboat 68 – qui devrait, pour la première fois, participer aux Voiles de Saint-Tropez en 2022 au sein d’une classe multicoques en cours de création – a conduit le chantier à lancer deux autres modèles. Le 72, équipé d’un flybridge, dont le premier exemplaire est en cours de fabrication, tout comme l’impressionnant 80, commandé par le multi-millionnaire écossais Irvin Laidlaw, fondateur du programme Highland Fling, pour ses 80 ans – un second suivra pour l’Américain Jason Carroll, propriétaire, entre autres, du MOD70 Argo. Un Gunboat 80 dont Benoît Lebizay dit : “Le 80 c’est la démesure, le mandat est tout simplement d’aller chercher le meilleur partout !”
Photo : Gilles Martin-Raget
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