Elle s’appelle Nemesis, du nom d’une étoile hypothétique qui accompagne le soleil : tout juste lancée par la marque anglaise B&G, cette nouvelle génération d’afficheurs a été spécialement développée pour la course au large de haut niveau et les yachts de croisière.
Sorti trop tard pour équiper les Imoca du Vendée Globe, le Nemesis a été retenu par Axel Tréhin pour son nouveau Class 40 Project Rescue Ocean, qui vient d’être mis à l’eau. Certains bateaux de la classe Ultim s’y intéressent également.
“L’électronique et l’informatique ne font que progresser et ressemblent de plus en plus à ce dont on dispose à la maison, raconte celui qui a terminé deuxième de la dernière Mini Transat en proto après avoir remporté la première étape sur son plan Lombard. Nemesis est très intuitif, un peu à la manière d’un iPad, on peut composer des pages différentes selon les besoins du moment : phase de départ, près ou portant.”
Disponibles en 9 et 12 pouces, ces écrans étanches IP67 et entièrement tactiles sont raccordés au réseau du bord en NMEA 2000 ou reliés directement par un câble Ethernet ou en wifi. Ils permettent de composer des pages personnalisées issues des données de la centrale de navigation, d’accéder directement aux menus des réglages fins des pilotes de haute performance. Il est alors possible de consulter des fichiers météo, vidéo issue des caméras du bord ou data provenant de jauges de contraintes par exemple.
Sur son nouveau plan Raison, Axel Tréhin a installé un Nemesis 9’ dans le cockpit. “Le gros plus, poursuit le skipper, c’est l’accès à un navigateur internet afin de pouvoir consulter des images météo si le réseau du bord est raccordé à la 4G ou au satellite. Un Nemesis ne remplace pas l’ordinateur à la table à cartes, mais il permet d’être plus autonome à la barre sans avoir à plonger à l’intérieur pour surveiller une transition météo, consulter la caméra de quille pour les algues ou encore confirmer un réglage de pilote.”
Développé par le département R&D de Navico installé à Southampton, Nemesis a donné lieu à huit mois de gestation. Le produit offre notamment des codes couleurs pour les valeurs minimales et maximales des datas et l’écran Solarmax, très lumineux, ne crée aucune zone d’ombre pour les porteurs de lunettes de soleil polarisantes.
C’est un autre ministe de la cuvée 2019, Félix de Navacelle, qui en assure la promotion auprès des coureurs. “Le produit est bien reçu car il « upgrade » vraiment ce qui existait sur le marché, explique-t-il. Il est plus compact et plus versatile aussi. Le tarif peut sembler élevé (à partir de 3 021 euros HT pour un 9 pouces) mais, en mode portrait, un 9 pouces permet d’afficher trois données customs aussi grosses qu’une donnée unique sur un afficheur en pied de mât, qui coûte 860 euros à lui tout seul…”
Commercialisés depuis janvier, les Nemesis embarquent sur des supports variés : “De grandes unités de croisière, des bateaux de course pros, des J 99 et également des IRC, à l’image du dernier JPK 1180 mis à l’eau”, poursuit Félix de Navacelle.
Pour l’ancien ministe, l’arrivée, début 2019, de Knut Frostad (ex-coureur puis patron de la Volvo Ocean Race) comme CEO du groupe Navico – leader mondial de l’électronique de marine avec ses trois autres marques Simrad, Lowrance et C-MAP – n’est pas étrangère au rebond de B&G dans l’univers de la haute performance. “La course au large n’est pas le plus gros marché du groupe, mais un monde passion ; c’est un aiguillon permanent pour se développer et aussi un plus en termes d’image.”
Photo : B&G