Avec plus de 25 000 bateaux construits depuis 1977, la marque First, qui fête ses 45 ans cette année, reste une référence de la course-croisière. Pendant tout l’été, Tip & Shaft va raconter cette saga en compagnie de certains de ses acteurs, à travers quelques modèles phares du chantier Beneteau. Premier volet d’une série en six épisodes, qui se poursuivra à partir du 29 juillet.
C’est d’abord l’histoire d’un visionnaire. En 1976, François Chalain, qui vient juste de rentrer chez Beneteau, propose à sa jeune présidente Annette Roux de racheter les moules d’Impensable, vainqueur de la Half Ton Cup. Le chantier vendéen a certes opéré son virage du bois au polyester dans les années 1970, mais il ne produit alors que des pêches-promenades. Annette Roux le reconnaîtra volontiers : “Personne ne nous attendait là…”
François Chalain réussit à la convaincre, et, avec l’architecte André Mauric, il modifie la quille d’Impensable, allonge le rouf en sifflet et le dote d’aménagements confortables. Le juste équilibre entre course et croisière vient d’être trouvé. “François avait la vision et surtout une exigence redoutable pour mettre tous les éléments d’un bateau en cohérence. Il a tracé la voie”, se souvient Yann Masselot, l’actuel directeur de la marque Beneteau, quand il évoque le concepteur, disparu en 2007.
Baptisé First, le 30 pieds est présenté en 1977 au Salon Nautique de Paris. Il restera au catalogue du chantier cinq ans et sera produit à… 824 exemplaires ! Il sera surtout suivi par 70 modèles de First, de 14 à 53 pieds, le dernier en date étant le First 36, nouveau plan signé Samuel Manuard lancé cette année, en attendant le First 44 qui sera présenté en première mondiale au Festival de la plaisance de Cannes en septembre.
Un First peut en cacher un autre
Avec la déferlante du Class 8 à partir de 1982 puis les trois générations de Figaro (1990, 2003, 2019), la marque rime volontiers avec monotypie. Mais c’est oublier que le chantier a toujours été habile pour tirer le meilleur des jauges en vigueur. L’époque la plus féconde est sans doute celle de la jauge IOR dans les années 1980, passerelle permanente entre prototypes – les First Evolution – et bateaux de série.
Dans les années 2000, l’arrivée de l’IMS et surtout de l’IRC donne naissance à quelques bateaux de série spécialement réussis qui peuvent rivaliser avec les meilleurs protos. C’est ainsi que First National, un First 40.7, gagne, toutes classes confondues, la Sydney Hobart en 2003 ou que Gery Trentesaux s’adjuge le Fastnet (en IRC 0) à la barre de son First 44.7 Courrier du Coeur en 2007. Si Beneteau, premier constructeur mondial de voiliers de plaisance, a su tirer profit de la force de son réseau international, toute l’histoire des First a été un va-et-vient entre industrie et artisanat.
A l’heure où les volumes de vente de voiliers de course-croisière ont diminué, le chantier a fait le choix de productions calibrées. “En 2015, Madame Roux a voulu relancer la gamme First, raconte Yann Masselot. Nous avons intégré Seascape en 2018 et sa gamme de sportboats qui a été un accélérateur. C’est d’ailleurs chez eux en Slovénie que nous produisons le First 36. Et pour le First 44, nous avons renoué avec un atelier dédié au Poiré-sur-Vie (Vendée). C’est la bonne méthode, et l’expérience du First 36 montre que le marché est largement au rendez-vous !”