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Sébastien Marsset : “Hyper content de m’exprimer en solitaire”

Après avoir essentiellement travaillé ces dernières années pour des projets en équipage Sébastien Marsset s’est lancé dans un projet solo, puisqu’il prendra le départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe à bord du Class40 Campings Tohapi. Après avoir baptisé son bateau samedi à La Trinité-sur-Mer puis pris le départ lundi de la Drheam Cup-Destination Cotentin (il occupe la 6e place mardi après-midi), le skipper de 33 ans s’est confié à Tip & Shaft.

Peux-tu nous retracer rapidement ton parcours ?
J’ai commencé par le mini de 2006 à 2009 en faisant la Transat 6.50 en 2007 [15e en série, NDLR] et deux éditions des Sables-Les Açores. J’ai ensuite intégré le Groupama Sailing Team pour la préparation technique de Groupama 3 en vue du Trophée Jules-Verne, puis j’ai été équipier de réserve sur la Volvo Ocean Race 2011-2012. A la fin de cette Volvo, j’ai fait un peu de Class40 avec Sébastien Rogues, puis, par la suite, j’ai intégré Spindrift Racing pour lequel j’ai navigué sur pas mal de supports : en MOD70, sur le maxi-trimaran, puisque j’ai fait la tentative de Jules-Verne 2015-2016 quand on a raté le record de deux jours, en GC32 et en M32. Entre-temps, je suis retourné faire la Volvo 2014-2015 à bord d’Alvimedica.

Ces expériences sur la Volvo t’ont-elles amené des propositions pour l’édition 2017-2018 ?
Oui, j’ai discuté avec certaines équipes qui ne se sont finalement pas montrées, mais il s’est trouvé que l’hiver dernier, mon contexte as you likefamilial faisait que je ne pouvais pas être en mer : je voulais être là pour la naissance de mon fils, les plannings ne se sont pas alignés et je n’avais pas envie de transiger là-dessus. C’était la même chose pour Spindrift qui me proposait de repartir sur un Jules-Verne. Du coup, j’ai commencé à construire mon projet de Route du Rhum, ça tombait bien parce que j’avais un peu envie de changer de parcours.

Quel regard as-tu porté sur cette Volvo ?
C’était très dur physiquement et mentalement. Ce qui est le plus dur sur la Volvo, c’est sa longueur, l’enchaînement des étapes, ça use physiquement, avec beaucoup de nav, pas beaucoup de temps de récup, et là, ils ont eu des étapes du Sud copieuses. Je suis très content de la victoire de Dongfeng qui a fait un super parcours. En trois éditions, on compte deux victoires avec des équipages en grande partie français, c’est hyper valorisant pour toute la course au large française au niveau international, c’est génial.

Un mot sur le Jules-Verne : Spindrift repart sur une nouvelle tentative en fin d’année, penses-tu que ce bateau peut faire mieux que les 40 jours et 23 heures d’Idec Sport ?
Le record d’Idec fait que ça devient forcément beaucoup plus dur que ça ne l’était avant, quand le record était à 45 jours. Après, je pense que ce bateau a quand même un potentiel supérieur à Idec, même s’ils ont maintenant l’ancien gréement, plus lourd que celui qu’ils ont cassé.

Pourquoi avoir décidé de changer de parcours et de te lancer sur du solitaire, et en particulier sur la Route du Rhum ?
J’ai eu la chance ces dernières années de m’impliquer dans des projets en équipage passionnants, mais j’ai toujours gardé dans la tête l’idée de mener un projet en solitaire. Au début, j’ai un peu pensé au Figaro, mais je me suis dit qu’avec les 40 ans de la Route du Rhum, c’était peut-être le moment d’essayer d’intéresser un partenaire. L’idée était là depuis longtemps, je me suis vraiment mis à travailler sur le projet à l’automne, bien aidé par des amis qui se reconnaîtront, parce que réussir à faire venir des partenaires sur la voile, c’est du boulot. J’ai réussi à trouver une bonne connexion avec le groupe Vacalians et Campings Tohapi. Aujourd’hui, je suis aussi hyper content d’avoir l’opportunité de m’exprimer en solitaire, de découvrir une nouvelle facette de la course au large.

Pourquoi en Class40 ?
D’abord parce c’est un bateau sur lequel j’ai pas mal navigué par le passé, ensuite parce c’est une classe qui reste à dimension humaine, en termes de navigation et de gestion de projet. Un tel projet implique à la fois de se préparer sportivement, mais aussi de gérer le planning, le budget, la relation avec les partenaires… Je suis content aujourd’hui de faire tout ça sur un projet de Class40 car ça me permet de progresser et de mieux appréhender tout cet aspect-là avant de passer éventuellement à autre chose. D’un point de vue sportif, le niveau est en plus très relevé et c’est l’occasion de s’aligner sur une course où il y a une exposition médiatique d’envergure.

Quel bateau as-tu choisi ?
Au départ, je voulais acheter un bateau, mais au moment où j’ai cherché, le marché était très compliqué, il s’est donc avéré que la meilleure solution pour avoir un bateau performant était de prendre le 139 [Sabrosa 40 MK2, mis à l’eau en 2014, ex Oman Sail l’an dernier, NDLR]. Connaissant bien François Angoulvant, son propriétaire, je lui ai proposé de lui louer. On a travaillé ensemble pour le faire évoluer, on a changé les safrans récemment, et comme le gréement avait été endommagé l’année dernière lors du Grand Prix Guyader, on l’a changé pour partir sur une version un peu plus performante.

Tu as fait équipe sur la dernière Normandy Channel Race avec Jean-Luc Nélias (abandon), que t’a-t-il apporté ?
C’est un expert de la navigation et de la météo, des domaines dans lesquels je dois progresser, il m’a apporté beaucoup plus que je ne le pensais en me poussant à faire des choses que je n’aurais sans doute jamais explorées s’il n’avait pas été avec moi à ce stade de ma préparation : sur la performance, sur l’analyse des routages, la finesse des outils utilisés… Jean-Luc est d’une efficacité redoutablepour tout ça, j’ai été impressionné par la qualité de son travail.

Quel est ton budget pour cette année Rhum ?
Je ne peux pas donner de chiffre vis-à-vis de mon partenaire, mais on sait qu’en-dessous de 180 000 euros par an, tu n’arrives pas à faire fonctionner un bateau comme ça.

Et quel objectif sportif vas-tu te fixer ?
Je pense que vu le plateau, une place dans le top 5 serait une très belle performance.

Ce projet aura-t-il une suite, notamment avec ton partenaire ?
Aujourd’hui, je suis hyper heureux de mener ce projet personnel, donc oui, j’ai bien l’intention de continuer dans cette voie. Après, sur quel support et sur quelle course ? Tout ça n’est pas défini, il faudra que je sois fixé d’ici novembre. Et je ne peux pas m’exprimer à la place de mon partenaire, c’est une entreprise qui ne connaissait pas du tout la voile et la course au large, ils découvrent complètement, il faut qu’ils continuent à s’en imprégner. Après, pour un groupe qui est leader européen de l’hôtellerie de plein air, il y a beaucoup de parallèles avec notre univers.

Quelle course te fait rêver ?
Beaucoup de choses me font encore rêver. Aujourd’hui, j’ai participé à une course autour du monde, la Volvo, à un record autour du monde, le Jules-Verne, faire un tour du monde en solitaire m’attire forcément, c’est assez logique au vu de mon parcours, ça peut être le Vendée Globe, ou sur d’autres bateaux, si d’autres courses autour du monde voient le jour.

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