La conférence de presse de présentation de la première édition de la Niji 40, course en équipage de trois entre Belle-Ile-en-Mer et Marie-Galante, dont le départ sera donné le 7 avril (13 bateaux inscrits), a eu lieu jeudi à Paris. Tip & Shaft était présent et vous en dit plus sur cette nouvelle course réservée aux Class40.
Un grand soleil printanier, les fastes de l’Etat, puisque c’est le ministère des Outre-mer, dans le 7e arrondissement de Paris, et son occupante, Marie Guévenoux, qui recevaient, la présence de Laurent Voulzy, qui a raconté en détail la genèse de sa célèbre chanson Belle-Ile-en-Mer, Marie-Galante, écrite par Alain Souchon, la Niji 40 a été officiellement lancée jeudi sous des auspices favorables. Comment est née cette course, dont la première s’élancera le 7 avril du Palais ? “Nous avons eu une réunion avec le bureau de la Class40 avant le départ de la Jacques Vabre 2021, nous savions qu’ils étaient en demande d’événements propres, on leur a parlé de notre projet”, répond Mathieu Sarrot, cofondateur avec son cousin Emmanuel Bachellerie, de la société Ultim Sailing, qui l’organise.
Le projet en question ? “En fait, c’est une histoire qui renaît, poursuit-il. Je connaissais bien les deux territoires pour avoir participé à l’organisation du Trophée BPE [créée en 2001, cette épreuve s’est transformée en 2007 en transat en solitaire en Figaro, entre Belle-Ile-en-Mer et Marie-Galante, une seconde a eu lieu en 2009, NDLR]. On a eu envie de les réunir de nouveau, toutes les collectivités que nous avons sollicitées se sont vite montrées enthousiastes. Il se trouve que je suis également très proche d’Hugues Melli, le président de Niji, que j’ai d’ailleurs rencontré la première fois en 2007 à l’arrivée du Trophée BPE ; quand je lui ai proposé de s’associer à la course, il m’a répondu qu’il était mûr pour ça.”
La voile de compétition n’est en effet pas un univers inconnu pour Niji : la société, fondée en 2001 et spécialisée dans le numérique, a aligné pendant quelques années un X37 à son nom sur le Challenge Atlantique, elle s’occupe depuis 2010 des supports numériques de la Route du Rhum et a sponsorisé Gildas Morvan (directeur de course de la Niji 40) en Figaro en 2019. Quand il a reçu la proposition de Mathieu Sarrot, Hugues Melli s’est décidé à franchir le pas : “J’avais beaucoup apprécié les deux éditions de la Transat BPE dont j’avais assisté aux départs et les arrivées sur deux territoires qui me sont personnellement très chers. Quand la course s’est arrêtée, je m’étais dit en mon for intérieur qu’un jour, si les moyens m’en étaient donnés, je participerais au fait de lui redonner vie.”
Transat CIC ou Niji, faites votre choix !
Dans la foulée des collectivités, Hugues Melli donne son alors go, toutes les parties se mettent d’accord en juin 2023, ce qui permet de consolider un budget d’un million d’euros, “avec un respect rigoureux d’un euro d’argent public pour un euro de fonds privés”, indique Emmanuel Bachellerie – les droits d’inscription se montent à 5 400 euros TTC par équipage (13 inscrits). Interrogé sur l’investissement de Niji, son président confirme une somme un peu inférieure au demi-million d’euros. Pour quelles retombées ? “On n’en attend pas de retour sur investissement en particulier, c’est vraiment un accompagnement qui se fait dans la continuité. Nos clients commencent à être habitués à voir Niji associé à la voile de compétition, le seul sport dans lequel nous sommes investis, ce partenariat permet de créer une communauté et un affect envers Niji.”
La course a reçu l’aval de la Fédération française de voile qui lui a trouvé une place en début de saison, avec un départ précédant de trois semaines celui de The Transat CIC, ouverte aux Imoca (33 partants) et… aux Class 40 (13). Ce qui n’a pas forcément été du goût d’OC Sport Pen Duick, organisateur de cette dernière, comme nous le confiait voilà trois semaines à Brest son directeur général, Joseph Bizard : “Je peux comprendre qu’il y ait des envies différentes, mais le fait de superposer des courses, quand bien même elles ne sont pas tout à fait aux mêmes dates, ne fait que diviser les flottes et rend illisible le circuit. Ça nous paraît totalement contre-productif.”
Interrogé jeudi sur la question, le président de la FFVoile, Jean-Luc Denéchau, répond : “Le calendrier des courses est un énorme Tetris, c’est un jeu compliqué car il faut à la fois faire en sorte de laisser un peu de liberté aux organisateurs qui veulent lancer de nouvelles courses et protéger d’autres épreuves. On verra dans le temps si c’est la bonne formule.” Président de la Class40, Cédric de Kervenoaël ajoute : “Cette cohabitation est une question qu’on s’est vraiment posée, mais on a la chance d’avoir une classe qui a beaucoup de bateaux, donc on estime que c’est positif de proposer deux courses qui peuvent correspondre à des besoins différents.”
Une dimension voyage
“Il n’y a aucune compétition entre les deux, estime de son côté Emmanuel Bachellerie. On a d’un côté une course de près en solo, de l’autre une épreuve de portant en équipage. D’ailleurs, on a rigoureusement le même nombre d’inscrits, ça veut bien dire qu’il y avait une demande des deux côtés.” Qu’en pensent les skippers qui ont fait le choix de la Niji 40 ? “J’avoue que j’ai hésité, répond Xavier Macaire, qui sera à la barre de Groupe Snef aux côtés de Pierre Leboucher et Carlos Manera. La Transat CIC était aussi intéressante, mais avec un parcours davantage au près, des conditions dans lesquelles les Class40 souffrent structurellement. Le mien est plutôt performant au portant, ça a joué dans ma décision.”
Erwan Le Draoulec, skipper comme Xavier Macaire d’un Pogo S4, Everial, et accompagné sur la Niji 40 par Corentin Horeau et Thomas Rouxel, avance quant à lui plusieurs arguments : “Déjà, j’ai un bateau très typé pour les allures portantes et un peu dans le dur pour le près, donc côté performance, j’estime avoir plus une carte à jouer sur la Niji 40. Il y a aussi le fait que les conditions sont a priori plus « soft ». Or, la course importante pour mon sponsor cette année en termes de retombées, c’est la Québec Saint-Malo parce qu’il a une filiale là-bas, j’avais peur en cas de problème sur la Transat CIC de ne pas être à temps à Québec, je ne voulais pas faire courir ce gros risque à Everial. Il y a aussi la dimension équipage qui me plaît beaucoup et le fait d’avoir une course dédiée à la Class40, donc des retombées potentiellement plus importantes.”
La plupart des marins inscrits au départ de la Niji 40 mettent également en avant une dimension voyage, qui va les voir enchaîner cette transat, l’Atlantic Cup le long des côtes nord-américaines, puis la Québec-Saint-Malo. “Ce petit tour de l’Atlantique, on ne va pas le faire souvent“, résume Erwan Le Draoulec. Qui, avec ses concurrents de Groupe Snef, Amarris (Gildas Mahé-Tom Dolan-Pep Costa) et Acrobatica (Alberto Riva-Jean Marre-Benjamin Schwartz), fera partie des favoris de la Niji 40.
La première d’une longue histoire ? “La volonté de la classe, avec laquelle nous sommes codétenteurs des droits, est que la course soit inscrite durablement et quadriennale“, répond Emmanuel Bachellerie.
Photo : Jean-Marie Liot / Alea
