Avec cinq bateaux déjà construits depuis l’été 2019, une quinzaine à venir d’ici la Route du Rhum et un marché de l’occasion qui se porte bien, la Class40 continue de séduire skippers et partenaires. Tip & Shaft fait le point sur les projets en cours et à venir.
Comme à l’approche de chaque édition de la Route du Rhum, la Class40 connaît actuellement une forte activité, avec un marché de la construction en plein boom. Dans la foulée de la victoire de Yoann Richomme lors de l’édition de 2018 sur un plan Lombard dont la forme se rapprochait de celle des scows, les Class40 « à nez rond » sont arrivés en force. Crédit Mutuel, le premier Max 40 (plan David Raison) de Ian Lipinski, a remporté la Transat Jacques Vabre 2019, tandis que Banque du Léman, le plan Manuard (Mach 40.4) du duo suisse Valentin Gautier/Simon Koster, s’est imposé sur la Normandy Channel Race en septembre dernier.
Ce qui fait dire à Aurélien Ducroz, qui attend pour fin avril son nouveau Crosscall : “Il y a eu une vraie rupture architecturale avec les scows, si tu veux être ambitieux et jouer devant, tu n’as plus trop le choix.” Nicolas Groleau, patron du chantier JPS, d’où sont sortis les cinq scows construits à ce jour (Crédit Mutuel, Banque du Léman, les Mach 4 E. Leclerc Ville la Grand d’Olivier Magré et Redman d’Antoine Carpentier ainsi que le Max40 Project Rescue Ocean d’Axel Tréhin), ajoute : “On retrouve l’effet scow déjà vu en Mini, ce design donne un tel avantage que ceux qui ont des ambitions sportives vendent leur bateau pour en construire un.”
En tout, c’est une vingtaine de bateaux neufs qui va ainsi sortir de chantier entre les deux éditions de la Route du Rhum, contre 15 lors du cycle précédent et 39 entre 2010 et 2014. Une sacrée dynamique dans le contexte actuel !
Nouveaux bateaux pour Grassi, Le Roch et Perraut
Sont ainsi attendus au printemps deux Lift 2 (plan Lombard) : le premier construit en Australie pour Rupert Henry, le second pour Aurélien Ducroz (chez Grand Largue Composites et V1D2 à Caen). Tarif annoncé : entre 556 000 euros et 710 000 euros HT prêt à naviguer. Un troisième exemplaire en vue du Rhum, construit en matériaux recyclables, sera officialisé la semaine prochaine, construit par Lalou Multi pour Keni Piperol.Chez JPS, le planning de production est bien chargé avec trois Max 40 et deux Mach 4 signés (entre 600 000 et 650 000 HT chacun selon Nicolas Groleau). Du côté des plans Raison, Volvo de Jonas Gerckens (qui disputera la Transat Jacques Vabre avec Benoît Hantzberg) sera mis à l’eau fin avril ; il sera suivi fin juillet de celui d’Amélie Grassi. L’ancienne ministe, qui découvre la Class40, précise : “J’ai essayé le Max et le Mach, j’ai trouvé que le premier tirait un peu moins, il est facile d’utilisation, je me suis sentie plus confort.”
La construction d’un troisième plan Raison débutera en août, pour Matthieu Perraut, autre nouveau venu issu de la classe Mini. “La Class40, en plus d’être dynamique et conviviale, est le support idéal pour continuer à progresser au large, ce qui est mon objectif”, nous confie l’architecte de profession. Du côté des plans Manuard, un bateau est en construction pour Emmanuel Le Roch, officialisé prochainement, un deuxième sera lancé dans la foulée pour un skipper en vue de la Route du Rhum.
La classe s’ouvre à de nouveaux architectes
Autre chantier bien occupé en ce moment : Structures, d’où va sortir fin avril Serenis Consulting, le tout premier Pogo S4 (plan Verdier) pour Jean Galfione, qui courra la Transat Jacques Vabre avec Eric Péron. Il sera suivi cet été de deux autres exemplaires pour François-René Carluer et Emmanuel Hamez, qui ont pour objectif prioritaire de courir la Route du Rhum. L’un comme l’autre cherchent à louer leur nouveau Class40 pour la Jacques Vabre, le second annonçant un tarif de 90 000 euros HT, qu’il peut diviser par deux si le locataire l’embarque.Pour le chantier basé à Combrit, les débuts de cette nouvelle série, commercialisée entre 410 000 et 510 000 euros HT (avec électronique et pilote, mais sans les voiles qui coûtent entre 70 000 et 80 000), sont jugés très encourageants, comme le confie Erwan Tymen : “Commencer une série avec trois bateaux déjà vendus, c’est beaucoup plus de confort pour nous sur le développement des pièces et sur l’amortissement. Et derrière, nous sommes en discussions avancées pour deux bateaux supplémentaires.”
Jusqu’ici concentrée entre les mains des chantiers et architectes précités, la Class40 s’ouvre par ailleurs à d’autres designers : Etienne Bertrand et Guillaume Dupont ont ainsi dessiné un bateau construit chez Cape Racing Yachts. Jörg Riechers, qui collabore avec le chantier sud-africain, précise : “Deux exemplaires ont été vendus, le premier pour un amateur éclairé avec qui je courrai la Transat Jacques Vabre, le deuxième pour un skipper professionnel.” Prix annoncé par le marin allemand : 450 000 euros HT, sans voiles ni électronique.
Enfin, un autre petit nouveau est très attendu cette année : le Clak 40, dessiné par VPLP et construit chez Multiplast, dont deux exemplaires ont été commandés par l’Italien Andrea Fornaro – qui fera la saison en double avec le Russe Igor Goikhberg – et par Nicolas d’Estais, issu lui aussi de la classe Mini. “La Class40 est vraiment la suite logique du Mini, les bateaux sont fun et la classe garantit un bon retour sur investissement pour des sponsors“, explique ce dernier.
Ce qui est aussi l’avis de Corentin Douguet qui devrait prochainement dévoiler son projet, lui aussi sur un Class40 neuf : “Je serai sur le circuit en 2022. La classe est sympa, avec des bateaux vraiment véloces, sur lesquels tu passes plus de temps naviguer qu’à faire de la R&D. Et ça reste relativement bon marché : un Class40 neuf coûte dix fois moins cher qu’un Imoca.” Enfin, sans doute pour une livraison en 2023, Catherine Pourre compte elle aussi, une fois qu’elle aura vendu son actuel Mach 3, lancer la construction d’un bateau, nous a-t-elle confié.
25 bateaux d’occasion vendus en 2020
La navigatrice, habituée de la classe, ne devrait pas avoir trop de mal à trouver preneur pour son Class40, le marché de l’occasion restant actif : 25 bateaux ont ainsi changé de mains en 2020. Tous construits avant 2019, ils risquent de subir l’arrivée des scows, comme le craint Kito de Pavant : “Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle en termes économiques et parce que la classe était jusqu’ici assez homogène. Là, il y a un gros gap.”Pour tenter de limiter cet écart, certains ont entrepris de grosses modifications sur l’étrave de leur bateau. C’est le cas de Nils Boyer sur Le Choix Funéraire : “On a été les premiers à couper l’étrave en février 2020 pour la spatuler. Le résultat, c’est que le bateau est beaucoup plus rapide au reaching et enfourne moins au portant, c’est une vraie évolution en termes de vitesse.”
Plusieurs skippers lui ont emboîté le pas, comme Luke Berry et Sébastien Audigane. Ce dernier, avec ses nouveaux partenaires, Entrepreneurs pour la Planète, a racheté l’ancien Aïna d’Aymeric Chappellier, qu’il vient de remettre à l’eau à Marseille. “On a supprimé le brion, qui avait tendance à freiner légèrement le bateau, pour se rapprocher des bateaux récents”, explique celui qui courra la Jacques Vabre avec François Jambou.
Kito de Pavant a également modifié l’étrave de son Tizh 40 Made in Midi, mais dans un sens différent : “Au début, on était partis pour faire comme tout le monde, mais il fallait toucher au roof, ça faisait de gros travaux et on n’était pas sûrs que ça fonctionne. En discutant avec Guillaume [Verdier, l’architecte], on est tombés d’accord sur une solution : plutôt que de remettre du volume, on en enlève.” Chez BE Racing, Louis Burton envisage de son côté, en vue du Rhum 2022, de transformer la carène du Tizh 40 de l’écurie malouine en scow, nous a confié Arthur Hubert.
Bateaux neufs ou d’occasion, la plupart s’aligneront en 2021 sur les courses du championnat, plus de 30 bateaux sont notamment attendus sur la Transat Jacques Vabre. Avant de viser, l’année suivante, la Route du Rhum, sur laquelle la Class40 a demandé à OC Sport Pen Duick, l’organisateur, de disposer de 70 places (contre 53 en 2018) !