La publication du Protocole de la 36e Coupe de l’America, le 29 septembre, a donné le coup d’envoi de la longue marche vers le match final, prévu en mars 2021 à Auckland. En une semaine à peine, la liste des prétendants au vieux pichet d’argent, en dehors du defender et de son challenger of record Luna Rossa Challenge, s’est bien allongée ; Tip & Shaft fait le point sur les campagnes annoncées… et les autres.
Ils y vont
La nouveauté de la semaine dernière est l’annonce, jeudi 5 octobre, du retour du New York Yacht Clubavec un défi porté par deux hommes d’affaires par ailleurs marins confirmés, John « Hap » Fauth, patron de Bella Mente Racing, une équipe qui s’illustre sur le circuit international des maxis, et Doug DeVos, triple vainqueur des 52 Super Series sur Quantum Racing. Leurs points communs : le tacticien américain Terry Hutchinson qui officie pour l’un comme pour l’autre, des équipes composées de marins déjà passés, pour certains, par la Coupe ou la Volvo (par exemple Jordi Calafat, Adrian Stead, Mike Sanderson chez Bella Mente, Michele Ivaldi, Warwick Fleury chez Quantum…). Et, surtout, des fortunes personnelles à même de leur permettre de viser haut dans trois ans et demi. Fauth dirige en effet The Churchill Companies, une société financière qu’il a créée en 1982, et DeVos, dont le fils et les neveux naviguent aussi (en M32 pour ces derniers) est le président d’Amway, une multinationale de vente et de distribution créée par son père en 1959. “Ce sont des gens très riches qui adorent le bateau, c’est du sérieux”, confirme Bruno Troublé, ex-organisateur de la Louis Vuitton Cup et qui pourrait reprendre du service lors de la 36e Coupe.
Autre partant quasi-certain, Land Rover BAR, qui, sitôt le Protocole dévoilé, a fait part de son intention de continuer, soutien de ses partenaires à l’appui. Le défi anglais est rapidement passé aux actes puisqu’il a annoncé vendredi matin sa participation aux 52 Super Series en 2018 avec l’équipe déjà constituée de Gladiator, menée par Tony Langley, histoire de renouer avec de la régate de haut niveau international en monocoque.
Cette tendance pourrait d’ailleurs se confirmer, avec de probables nouveaux entrants sur ce type de circuit et, dans l’autre sens, de riches propriétaires qui pourraient se prendre au jeu de la Coupe. “Le bateau excite les gens, 75 pieds sans doute avec des foils, ça va être spectaculaire et intéresser les propriétaires de TP52, de RC44 et de Wally”, estime Bruno Troublé. Ce regain d’intérêt pour les circuits dédiés aux grands monocoques pourrait également conduire le World Match Racing Tour, converti au catamaran pour suivre la tendance de la Coupe, à faire machine arrière. Ce qu’a laissé entendre Aston Harald, son propriétaire, en réponse à des internautes sur la page Facebook du Yacht Racing Forum : “Nous allons chercher à augmenter la part des épreuves en monocoque maintenant que l’America’s Cup a choisi cette voie.”
Ils se tâtent
Viendra, viendra pas ? Absent de la Coupe de l’America depuis sa défaite face à Oracle en 2010, Alinghi a annoncé dans un communiqué publié après l’annonce du Protocole qu’il allait “décider dans les mois à venir si son contenu correspond à l’ADN de notre équipe et à nos ambitions pour le futur”. Pour Bruno Troublé, le retour des Suisses “est quasiment sûr”, la décision devrait être prise en début d’année 2018, nous a-t-on indiqué chez Alinghi qui attend que soient dévoilés des détails supplémentaires sur l’AC75, ce qui devrait être fait “le 15 novembre au Yacht-Club Monaco“, confie Bruno Troublé.
Même attente de la part d’Artemis, qui conditionnerait son choix au profil du futur bateau : “Torbjörn (Törnqvist, le patron du défi suédois) est un vrai passionné de la Coupe, son but est de faire une troisième campagne pour la ramener en Suède, mais à condition que ce soit sur un bateau qui aille de l’avant, moderne et rapide“, nous précise une source en interne.
En France, la problématique n’est pas la même : si, comme Ernesto Bertarelli, Franck Cammas regrette le retour au monocoque, il entend bien être à Auckland en 2021, comme il l’a annoncé le vendredi 29 septembre. Le skipper de Team France est d’ores et déjà en quête “d’autres sources de financement” pour réunir un budget de 20-22 millions d’euros par an (contre 15 sur la 35e Coupe). Groupama ne sera pas de la partie, comme l’a confirmé Cammas. Norauto, qui versait 1,4 million d’euro par an et s’est engagé sur 5 ans, souhaite poursuivre son soutien à Franck Cammas, “selon une formule à définir“, sans doute par le biais d’une une présence l’an prochain sur un circuit type GC32.
Autre pays qui a fait part de son intention de concourir, l’Australie, avec un projet pour l’instant porté par Tom Slingsby, ex d’Oracle, qui se donne un an pour monter un défi et estime ses chances d’aboutir à “un peu plus 50%”. Son compatriote Glenn Ashby, qui a contribué au succès de Team New Zealand aux Bermudes, sera-t-il de la partie ? L’intéressé reste, pour l’instant, mystérieux sur ses intentions.
Ils en sont loin
Parmi les équipes présentes aux Bermudes, Oracle, même si rien n’a été officialisé, ne devrait pas être de la partie comme l’a évoqué récemment Russell Coutts (lire l’article de Bob Fisher dans Yachts and Yachting). Peu d’informations filtrent du côté de SoftBank Japan que les nouvelles règles de nationalité du Protocole risquent de pénaliser.
Qu’en est-il des autres postulants éventuels ? Interrogé, Bruno Troublé fait part d’une prise de contact dont il a fait l’objet de la part de l’ancien Greek Challenge, qui avait participé en 2009 aux Louis Vuitton Pacific Series à Auckland ; il évoque également l’objectif manifesté par le defender de faire venir un ou deux pays d’Asie – “Grant Dalton va apporter prochainement la Coupe de l’America en Chine” – et un éventuel deuxième défi italien, qui pourrait émaner du Yacht Club Costa Smeralda (organisateur de nombreuses épreuves, notamment en RC44, TP52…) ou de Mascalzone Latino, ex-participant à la Coupe.
Enfin, dans un article sur le site allemand Segelreporter.com, est évoqué un intérêt de la part de l’équipe russe de Bronenosec, qui dispute les 52 Super Series, tandis qu’un deuxième défi américain pourrait également se monter. “Ce qui est certain, c’est que ça remue plutôt plus que dans les coupes précédentes, conclut Bruno Troublé. D’un autre côté, il faut quand même trouver 70 millions d’euros. Il y a beaucoup de gens qui tchatchent, à un moment donné, il va falloir les sortir.”
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