A la découverte de Robin Follin, grand espoir de la voile française, skipper de Team France Jeune sur la prochaine Red Bull Youth America’s Cup.
Tout jute rentré des Bermudes après une session d’entraînement en AC45, il a claqué il y a dix jours le Championnat de France de match-race avec un équipage qu’il ne connaissait pas.
A 22 ans, Robin Follin fait figure de jeune homme surdoué : il sera le skipper de Team France Jeune (TFJ) lors de la prochaine Red Bull Youth America’s Cup aux Bermudes. Un poste envié qu’il a décroché en fin d’année dernière, préféré de justesse à un autre grand espoir de la voile française, Guillaume Pirouelle. “Ce qui a sans doute joué en sa faveur, c’est sa capacité à tirer le maximum de son équipe et à répondre présent dans les moments importants, se souvient Louis Viat, directeur sportif de TFJ. Il a un sang-froid impressionnant pour son âge, il l’a montré sur le Tour 2016, en sortant sa grosse journée le dernier jour pour finalement dépasser Lorina et remporter le classement amateurs.” Entraîneur de Team France Jeune à l’ENVSN, Yves Clouet complète : “La pression, il ne connaît pas !“
Et pourtant, ça n’a pas été toujours comme ça ! Car après avoir découvert la voile à Sainte-Maxime et s’être vite pris au jeu de la compétition (Optimist, Laser, 420…), ce fan de Sébastien Loeb, fils d’un pilote de rallye et d’une décoratrice d’intérieur, passé dès 14 ans par le pôle Espoir d’Antibes, a mis du temps à obtenir des probants. “J’avais un gros problème dans la tête : je ne tenais pas la pression, je craquais toujours dans les derniers jours. J’ai longtemps cherché la solution, je suis même allé voir une sophrologue qui m’a dit qu’elle n’avait rien à m’apprendre sur moi. Jusqu’au jour, en 2014, où c’est venu d’un coup : je suis passé d’une année où je ne m’étais même pas qualifié aux Championnats du monde de 420 à la suivante où je décroche une 4e place.” La clé ? “Je pensais au résultat au lieu me concentrer sur ce qu’il fallait faire pour l’obtenir ; le jour où je me suis recentré sur le bateau, ça a été beaucoup mieux.”
Dès lors, les résultats s’enchaînent (titre mondial en SB20 en 2015, double champion de France de match-race Espoirs 2015 et 2016) et Robin Follin décroche haut la main sa sélection au sein de Team France Jeune. “Il a tapé dans l’œil de tous les encadrants, raconte Louis Viat : c’était la première fois qu’il montait sur un multi et il est sorti du lot par sa dextérité à la barre mais aussi son attitude à terre ; il s’est investi dans un rôle de leader naturel, les autres jeunes ont vite compris qu’il était légitime. On s’est dit que celui-là, il fallait le garder au chaud !“. Depuis, entre Flying Phantom, Diam 24, GC32, AC45 et match-race, la courbe est ascensionnelle pour Robin qui a mis ses études (BTS immobilier) entre parenthèses pour se consacrer à 100% à la voile avec l’objectif de briller sur la Youth America’s Cup. Ce qui constituerait une formidable carte de visite pour celui qui “depuis tout petit, rêve de Coupe de l’America”. Louis Viat, qui voit bien le jeune prodige au visage poupin briller sur des circuits internationaux tels que le World Match Racing Tour ou le GC32 Racing Tour, conclut : “La Youth sera un moment charnière pour lui, il va être sous les feux de la rampe, avec l’opportunité d’être repéré par des équipes et des partenaires. Quand on voit que Peter Burling et d’autres ont percé sur la Youth et se retrouvent sur des projets Coupe à moins de 30 ans…” Une voie toute tracée pour Robin Follin.