Class40

En Class40, une saison 2025 plus raisonnée, mais pas moins disputée

Après un cycle de forte croissance, la Class40, qui vient d’effectuer sa rentrée 2025 avec le Spi Ouest-France Banque Populaire Grand Ouest le week-end dernier, retrouve cette année un rythme de croisière, tout en réussissant à se renouveler. Course inédite en Méditerranée, tour du monde qui prend de l’ampleur, innovations architecturales et plateau sportif toujours aussi relevé : la formule continue d’attirer.

Au début de l’hiver, un petit vent d’inquiétude a soufflé sur la Class40. Les offres de bateaux à vendre ou à louer s’accumulaient, les retraits de sponsors également, tandis que le chantier Pogo Structures annonçait cesser son activité dans la classe. Après le boom de construction suite à l’arrivée des scows à partir de 2019 – 50 bateaux mis à l’eau en quatre ans, 21 sur la seule année 2023 – l’inflation et la conjoncture économique défavorable allaient-elles mettre un sérieux coup d’arrêt à l’essor de cette classe, vantée jusque-là pour son accessibilité d’un point de vue budgétaire et la fiabilité de son investissement ?

Au fil des semaines, le mercato a peu à peu retrouvé des couleurs, rassurant les différents acteurs de la classe, qui a fêté l’an passé ses vingt ans. “Il y a eu une bulle, les choses se sont un peu figées ensuite, mais le marché est en train de rectifier naturellement le cours des choses. Le prix des scows va baisser un peu et tout va redevenir plus abordable, rassure Cédric de Kervenoaël, président de la Class40. L’objectif pour nous, c’est de garantir l’attractivité, et de travailler toujours dans le même sens : maîtrise des coûts et maîtrise des coûts !”Signe en tous cas de l’intérêt sportif qui ne se dément pas, plusieurs skippers ayant brillé sur d’autres circuits débarquent cette année, à commencer par l’Espagnol Pep Costa, choisi par son nouveau sponsor, Groupe VSF, pour mener l’ancien Musa 40 d’Ambrogio Beccaria, vainqueur de la Transat Jacques Vabre 2023 et de The Transat CIC 2024. A 26 ans, le jeune Espagnol, qui a fait ses gammes en Figaro, s’associe pour la saison avec l’ultra expérimenté Pablo Santurde del Arco (voir son portrait) et a mené un vaste chantier cet hiver pour optimiser le bateau, qui vient de finir cinquième du Spi Ouest-France Banque Populaire Grand Ouest. “Ambrogio était à bord, les retours sont vraiment bons, on est là où on voulait être en sensations de barre”, s’enthousiasme son architecte Gianluca Guelfi.

Le Musa a le vent en poupe

L’Italien peut avoir le sourire, puisque c’est la V2 de son Musa 40 qui continue à être la plus commandée actuellement. Deux nouveaux bateaux viennent d’être mis à l’eau, pour Benoît Sineau et l’Italien Luca Rosetti, vainqueur de La Boulangère Mini Transat 2023 en série et qui dispose d’“un budget à la hauteur de ses ambitions” grâce à un nouveau partenaire, Maccaferri. Un troisième est prévu pour cet été pour Robin Follin, déjà familier de la Class40 – en tant que co-skipper de Jules Bonnier notamment – et lui aussi accompagné par un nouvel entrant dans la classe, Solano.On a fait le choix de ne pas faire une nouvelle carène, je pense que c’était le bon, poursuit Gianluca Guelfi. On a pu se concentrer sur les évolutions dans la précision, ce qui est chronophage et coûteux, mais nécessaire. Après la révolution suite à l’arrivée du premier plan Raison, on est arrivés à la limite des carènes puissantes. Les différences entre les bateaux sont moins importantes, on voit que les bonnes idées sont reprises, ça converge et la différence va se faire dans les détails.”

Choix différent du côté de Lombard Yacht Design qui a de son côté lancé une V3 de son Lift, dont la carène et le pont ont été fabriquées dans de nouveaux moules, comme l’expliquait dans Tip & Shaft #468 Corentin Douguet, qui a mis à l’eau le premier exemplaire cet hiver – un deuxième est en cours de construction. Il n’a en tous cas pas raté son entrée en matière, s’arrogeant la première place sur le Spi Ouest-France Banque Populaire Grand Ouest. “On sait que ça va être un gros client cette année avec son co-skipper Axel Tréhin, mais on a vu aussi qu’il y avait du match et que le différentiel n’est pas déterminant, analyse Daniel Souben, entraîneur au centre Orlabay de La Trinité-sur-Mer.

Et ce dernier de noter : “C’est une bonne chose que ça se calme côté bateaux neufs, car ce qui va vraiment jouer, c’est l’entraînement. On voit par exemple que le Mach 5 [signé Sam Manuard] est encore hyper performant, jamais le plus rapide mais toujours rapide, avec notamment Guillaume Pirouelle qui est un gros client. Achille Nebout et Gildas Mahé connaissent leur Lift V2 par cœur et restent une référence, tout comme Fabien Delahaye. A La Trinité, on a aussi un bon petit groupe, avec Guillaume L’Hostis ou encore Quentin Le Nabour qui progresse bien sur son Mach 6, mais aussi Alexandre Le Gallais et Michel Desjoyeaux, en attendant leur bateau neuf.”

Le pari de la diversification

Le bateau neuf en question n’est autre que L’Agité 40, dessiné par le double vainqueur du Vendée Globe et construit par son chantier Mer Agitée, qui devrait en effet être mis à l’eau après la CIC Normandy Channel Race et faire ses débuts en course en juin sur Les Sables-Horta. “Je suis vraiment content d’arriver dans cette classe, il y a du beau monde, les bateaux sont sympas, on est plutôt dans une logique d’efficacité et de simplicité qui me parle, explique Michel Desjoyeaux. Comme je n’avais pas d’expérience en Class40, j’ai surtout regardé la jauge et les choses que les autres ne faisaient pas. J’espère qu’on va montrer de belles choses et que le carnet de commandes va vite se remplir. En tous cas, le programme de la classe fait envie.”La Class40 a en effet cherché à étoffer son offre de courses, et notamment sur le bassin méditerranéen, avec le lancement de la CIC Med Channel Race, dont le départ de la première édition est donné ce dimanche 27 avril de Marseille. Copié sur le modèle – et le succès – de la CIC Normandy Channel Race, qui annonce déjà un nouveau record de participation cette année avec 34 inscrits, la course en double de 1 000 milles rassemble 12 Class40. Dont le premier Crédit Mutuel de Ian Lipinski, plan Raison (n°158) lancé en 2019, pour lequel le skipper, qui dispose depuis l’an dernier d’un nouveau Max 40, toujours signé David Raison, n’a toujours pas trouvé preneur.

Il sera pour l’occasion associé à Alberto Bona, qui a de son côté vendu son Mach 5 à l’ancienne ministe Sasha Lanièce, cette dernière, qui a lancé une écurie de large 100% féminine, Les Déferlantes, étant accompagnée d’un nouveau sponsor, Alderan. Ian Lipinski retrouvera ensuite son deuxième Crédit Mutuel, le n°202, pour disputer la CIC Normandy Channel Race, avant de se lancer sur la deuxième édition de la Globe 40, course en double autour du monde en six étapes, dont le départ sera donné en septembre.

La Globe 40 monte en puissance,
l’incertitude du Rhum

Avec 15 équipages pré-inscrits, dont le scow Belgium Ocean Racing, skippé par Jonas Gerckens, son organisateur Manfred Ramspacher, également à la tête des CIC Med Channel Race et Normandy Channel Race, se réjouit : “Aujourd’hui et malgré le contexte économique difficile, on arrive à offrir un ensemble d’événements très variés parce que la Class40 fait rêver. La flotte est assez puissante pour pouvoir se diviser dans des programmes complémentaires, en fonction du profil des marins et des sponsors. La montée en puissance est impressionnante.”Un constat partagé par Vanessa Boulaire, directrice de la Class40 : On revient à un mélange de professionnels et d’amateurs, qui constitue en fait l’ADN historique de la classe, avec des budgets plus maîtrisés et rationnels. Il y a aussi plein d’équipages étrangers qui arrivent, beaucoup de femmes aussi, cette diversité fait du bien.” Côté féminin, outre Sasha Lanièce, concourront cette saison Aïna Bauza et Axelle Pillain, sélectionnées par l’organisation de la Transat Café L’Or dans le cadre de l’opération Cap pour Elles et navigueront sur le 175, l’ex Max 40 de Matthieu Perraut, l’Irlandaise Pamela Lee, qui loue l’ancien Pogo S4 de Xavier Macaire, la Belge Djemila Tassin, sur l’ex Mach 3 de Jules Bonnier, et Sophie Faguet, associée à Nicolas Jossier sur un Mach 5.

Seule ombre au tableau, qui continue de susciter l’inquiétude des coureurs : le nombre de places réservées pour les Class40 sur la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, épreuve reine qui joue beaucoup dans l’attractivité de la classe. “L’organisateur (OC Sport Pen Duick) nous a annoncé 40 places contre 55 sur la dernière édition, et surtout, on est la seule classe à subir une telle diminution, alors qu’on a 80 bateaux qui courent régulièrement, s’agace Cédric de Kervenoaël. Les discussions sont encore en cours.” Pour renforcer son argumentaire, la Class40 a d’ailleurs annoncé le lancement d’une étude sur ses retombées médiatiques, pour “montrer combien nos bateaux sont appréciés du grand public et incarnent l’esprit de la Route du Rhum : un bateau, un marin, un océan”, ajoute ce dernier.

Photo : Jean-Marie Liot

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