Premier assureur des professionnels de santé et engagé dans la voile depuis près de cinquante ans, la MACSF, qui a accompagné Isabelle Joschke sur les deux dernières éditions du Vendée Globe, a lancé en 2020, avec l’association Horizon Mixité fondée par cette dernière, un dispositif visant à aligner des équipages de professionnelles de santé sur le Spi Ouest-France.
“L’idée de départ était d’inciter les femmes à oser se lancer dans la voile et la régate, mais aussi de leur donner l’occasion de vivre une histoire collective qui les sorte d’un cadre professionnel qui peut parfois être éprouvant. Elles partagent certes une expérience de voile, mais aussi leurs quotidiens de soignantes, les difficultés inhérentes à leurs métiers respectifs”, explique Ludivine Faure, cheffe de projet communication chez MACSF.
Depuis son lancement, le projet est allé crescendo, avec 14 candidates pour autant de places la première édition, à une cinquantaine cette année. Deux équipages de sept ont été retenus pour le Spi Ouest France (18-21 avril), ils seront encadrés chacun par une skippeuse professionnelle, Morgane Ursault Poupon et Chiara Aliprandi, cette dernière étant bénévole d’Horizon Mixité depuis 2016 et associée au projet depuis le début.
Les critères pour postuler ? “Il n’y en a pas, répond Ludivine Faure. Toute professionnelle de santé, qu’elle soit sociétaire de la MACSF ou non, débutante en voile ou avec de l’expérience, peut candidater. Nous essayons de composer les équipages en mixant les métiers, les expériences et les âges.” Chiara Aliprandi ajoute : “L’idée est tout de même d’avoir une colonne vertébrale, entre la plage avant, le centre du bateau et la barreuse, qui a déjà des compétences en voile.”
Venues de toute la France, les 14 femmes sélectionnées cette année, représentant l’ensemble des professions médicales – infirmières, internes, urgentistes, sages-femmes, spécialistes… -, ont été réunies du 28 au 30 mars à La Trinité-sur-Mer pour un stage de trois jours. Ce séjour, destiné à une prise en main des deux Grand Surprise et à se familiariser avec les règles de base de la régate, a également été l’occasion de partager un dîner avec Isabelle Joschke.
“Nous nous sommes entraînées à l’envoi de spi, à la prise de ris, aux passages de bouées, à trouver le bon équilibre à bord, nous avons terminé le dimanche par des simulations de départ. Nous sommes quelques-unes à avoir travaillé aux urgences, on retrouve des similitudes sur le bateau, à savoir que quand il y a une situation critique à gérer en mer, pour que tout se passe bien, il faut rester calme et que chacun reste à sa place“, commente Jeanne Haegy, 30 ans, pneumologue au CHU de Caen et barreuse d’un des deux Grand Surprise aux couleurs de la MACSF.
Se met-elle un peu de pression avant de s’attaquer à son premier Spi Ouest-France au milieu d’une flotte d’une quarantaine de Grand Surprise ? “Je n’ai jamais régaté sur ce type de format, qui plus est avec autant de bateaux, mais je sais que Chiara sera à côté de moi, sourit-elle. Et l’essentiel sera de passer un bon moment, nous avons réussi pendant le stage à former un équipage soudé, à trouver une forme d’harmonie avec une bonne communication entre nous, je me dis qu’on a nos chances de ne pas finir dernières !”
L’objectif n’est évidemment pas le classement, et chaque année, les retours sont enthousiastes, comme le souligne Chiara Aliprandi : “Je suis impressionnée par la façon dont les groupes s’entendent bien. Le fait de vivre une expérience en mer est un accélérateur de liens, ça permet de briser la glace très vite.”
Autant dire que l’objectif de la MACSF, qui finance entièrement le dispositif, est largement rempli. “C’est assez magique de voir l’émulation qui se crée chaque année. Et pour beaucoup d’entre elles, ces huit jours ont été une révélation et ont suscité des vocations, parce qu’elles ont continué à faire de la voile et de la régate par la suite, parfois même ensemble. Certaines ont pris leur licence et nous ont demandé de revenir, il y en a même une qui a changé de vie et acheté un bateau !” se félicite Ludivine Faure.
Photo : Anne-Kristell Jouan