Après les classes Ocean Fifty et Figaro Beneteau, Tip & Shaft s’intéresse cette semaine à la saison de Mini 6.50. S’il n’y a pas de changement majeur en cette année de Mini Transat, la classe poursuit ses réflexions sur son avenir, son impact environnemental et son accessibilité et continue d’attirer de nouveaux entrants… comme d’anciens vainqueurs de la transat.
La saison 2025 en Mini 6.50 a officiellement été lancée la semaine dernière en Espagne, avec la Mini Petrolera, suivie, jeudi, toujours en Méditerranée, du départ de l’Arcipelago 650 qui réunit une petite vingtaine de concurrents. Mais c’est en avril que les choses sérieuses commenceront pour le gros de la flotte avec le départ de la Plastimo Lorient Mini 6.50, le 10 avril. “On compte déjà 85 inscrits, ce format en double mixte est un vrai succès“, se réjouit Yves Le Blevec, le directeur de course. Très attaché à la classe, celui qui a déjà couru trois fois la Mini Transat en proto (5e en 2001, abandon suite à un démâtage en 2005 et vainqueur en 2007) fait d’ailleurs cette année son retour sur le circuit en tant que skipper.
“Tout est parti d’une discussion, lors des 30 ans de la classe l’an dernier, avec un ministe (Amaury Guérin) m’a lancé le défi de revenir naviguer, explique le directeur du Team Actual (à écouter également dans Pos. Report #203). Vu le niveau qui existe aujourd’hui en Mini, je me suis tout d’abord dit que mon ego ne s’en remettrait pas si je revenais sur le circuit. L’idée a finalement fait son chemin et je vais courir la Pornichet Select sur un TM650 de série. En attendant, je participe à tous les entraînements du centre Orlabay, à La Trinité-sur-Mer, c’est à chaque fois deux-trois jours de navigation et cinq de courbatures !”
Lui aussi a gagné la Mini Transat en proto (en 2013) et revient sur le circuit en tant que skipper de Nicomatic-Petit Bateau, un proto qu’il a conçu avec Sam Manuard et mené jusqu’ici par sa compagne Caroline Boule (voir notre interview), Benoît Marie ne cache pas son ambition d’être le premier skipper à la remporter en foiler. “On est arrivé à maturité sur la structure et les systèmes, on sait quand ralentir et quels sont les réglages qui vont vite et sont stables”, précise-t-il. Et si ce foiler, qui a battu le record de distance sur 24h (322,70 milles) lors de la SAS 2024 “avait jusqu’à maintenant un petit trou de performance dans le vent faible, nous allons progresser grâce à notre nouveau jeu de voiles, même si on sait que le niveau est relevé, avec des skippers qui ont les crocs et des bateaux très affûtés !”
Des protos en force
Sur les 265 adhérents (contre 300 l’an dernier) que compte la classe en 2025, les protos sont d’ailleurs plus nombreux cette année. “Nous en comptons 36% contre 26% en 2024“, relève Annabelle Moreau, secrétaire de la classe. Et même si le nombre d’adhérents est en légère baisse, les courses continuent d’afficher complet. “Que ce soit sur la Puru Transgascogne ou La Boulangère Mini Transat, on a fait le plein direct, confirme Emmanuel Versace, l’organisateur des deux événements. Ça a été une belle surprise car à l’issue de la dernière édition de la Mini Transat, les ventes des bateaux étant un peu en berne, nous avions donc quelques doutes sur l’engouement à venir.”Pas de grand changement dans le calendrier de la classe, si ce n’est l’arrêt de la Mini Transmanche, course dédiée aux bateaux de série d’avant 2012 et aux protos jaugés avant le 31 décembre 2009, dont la première édition avait eu lieu l’an dernier. Face à la faible participation – 11 inscrits sur 65 bateaux éligibles – la Société des Régates de Caen-Ouistreham (SRCO) a préféré ne pas la reconduire. “Nous restons toutefois persuadés que ce projet est une bonne idée et travaillons actuellement sur un nouveau format qui aura lieu fin août-début septembre dans un autre port”, précise Romain Bigot, le président de la classe.
Et ce dernier de poursuivre : “Le travail du CA, cette année, sera de digérer la synthèse issue des dix ateliers Classe Mini de demain“, organisés l’an dernier dans le but de proposer des évolutions concernant les formats des courses et les règlements de jauge, afin de rendre la classe plus accessible et plus durable. “Aujourd’hui, notre objectif est de définir des axes de travail un peu plus précis, précise-t-il. L’un des principaux enjeux identifiés est l’impact environnemental de la classe, et notamment de la Mini Transat. Il existe d’ailleurs un groupe de travail pour trouver des solutions de cargos moins émettrices de CO2.” Si certains évoquent l’idée d’une course circulaire, Emmanuel Versace estime que “c’est un vœu pieux”, avant d’expliquer : “J’ai beaucoup travaillé sur le sujet et le projet est compliqué. Si l’on veut vraiment réduire l’impact de la transat, l’une des solutions pourrait être de l’organiser tous les trois ou quatre ans et pourquoi pas de diviser par deux le nombre de coureurs.”
Une nouvelle jauge série à l’étude
Une nouvelle mesure concernant les critères de qualification pour la Mini Transat a toutefois été votée l’an dernier et sera appliquée lors de l’édition 2027. “Elle va permettre aux skippers d’engranger des milles non pas uniquement à bord de leur bateau, mais sur n’importe quel Mini, explique Romain Bigot. Cela va à la fois faciliter l’accès aux nouveaux entrants dans la classe, dynamiser le marché de la location, mais aussi limiter les déplacements des bateaux entre l’Atlantique et la Méditerranée.”Autre gros dossier sur lequel planche la classe : l’élaboration d’une nouvelle jauge série à l’horizon 2027. “L’objectif est de construire des bateaux plus solides, plus durables et simplifiés”, explique Romain Bigot. Face au pic de construction entre 2021 et 2023 – 98 nouveaux Minis ! -, la classe avait déjà pris l‘an dernier une mesure forte en imposant la limitation du nombre de bateaux neufs de série à 25 en 2024 et une décroissance progressive de 20% tous les ans. Mais l’engouement est quelque peu retombé, puisque les quotas n’ont finalement pas été atteints. “Nous n’avons attribué que 13 nouveaux numéros l’an dernier“, note Annabelle Moreau.
Si ce quota de bateaux neufs n’a pas eu d’impact pour le chantier Technologie Marine, nouveau venu sur le circuit qui a livré quatre TM650 en 2024 (ce bateau a été homologué en série l’an dernier), Tanguy Aulanier, en charge du projet, craint plus pour le long terme. “Ce sera plus compliqué d’ici deux ou trois ans quand il y aura moins de dix bateaux au total à se répartir entre les chantiers. C’est pourquoi il faut continuer à travailler avec la classe et garder du lien entre les chantiers pour construire l’avenir ensemble.” De quoi nourrir les débats des prochains CA.
Photo : Vincent Olivaud