Devenue entreprise à mission en juillet 2020, MerConcept s’organise en trois départements : gestion de projets de course au large – aujourd’hui l’Ultim SVR Lazartigue, l’Imoca Macif Santé Prévoyance et l’Ocean Fifty UpWind by MerConcept -, mobilité maritime, qui se concentre sur des projets de décarbonation (catamaran à foils, voilier cargo Vela…), et construction, qui, comme son nom l’indique, fabrique des bateaux et des pieces composite complexes pour plusieurs classes et séries, sans nécessairement gérer le projet par la suite. Comme pour les Imoca V and B-Monbana-Mayenne de Maxime Sorel et Horizon 29 d’Élodie Bonafous, attendu début 2025.
Pour être en cohérence avec les valeurs de l’entreprise, portées par son fondateur François Gabart, le département construction a systématisé la recherche et développement pour imaginer et mettre en application des solutions plus vertueuses pour l’environnement. “Dans le cahier des charges de tous nos projets, on intègre la dimension environnementale en plus des critères déjà existants, on essaie de mettre les bons matériaux aux bons endroits”, résume Fanny Ioos, ingénieure matériaux chez MerConcept depuis fin 2021.
Les équipes ont commencé à travailler concrètement sur le sujet avec de petites unités, “par exemple en construisant un prototype d’Optimist en fibres de lin, âme PET et résine partiellement biosourcée”. Et, pour ce qui est des bateaux de course au large, en utilisant des matériaux biosourcés pour des pièces non structurelles. “L’idée, maintenant, est d’aller plus loin, notamment en modifiant en partie les matériaux des outillages des moules, pour qu’ils ne soient plus à 100% en fibre de carbone. Un sujet passionnant sur lequel on s’appuie sur des structures telles que l’Ifremer ou NCD pour avancer”, ajoute Fanny Ioos.
L’entreprise mène également un important travail sur le recyclage du carbone avec des acteurs du recyclage. La première application s’est faite sur Macif Santé Prévoyance avec des dorades d’évents de ballasts composées à 100% en fibres de carbone recyclées fournies par Extracthive, société française fondée en 2015. “Aucun souci particulier n’a été signalé sur ces pièces”, commente l’ingénieure, un constat qui pousse l’entreprise à aller plus loin : “On avance étape par étape pour prouver le bien-fondé du concept et on essaie de plus en plus de tendre vers la circularité : on trie nos chutes, on les envoie chez nos partenaires qui nous fournissent à nouveau de la matière”, explique Fanny Ioos.
Ces démarches d’éco-conception sont validées à chaque fois par une analyse du cycle de vie (ACV), qui permet de quantifier, sur toute la durée de vie du projet – de l’extraction des matières premières à la fin de vie – son impact environnemental global et de l’analyser en détail. Là encore un dossier pris à bras-le-corps dans les bureaux de Concarneau, puisqu’un ingénieur s’y consacre à temps plein, Youn Aubry.
“Souvent, l’ACV est exprimée en kilo équivalent dioxyde de carbone. Cet indicateur seul donne une vision un peu fermée et réductrice de l’impact global d’une pièce, explicite ce dernier. Nous préférons utiliser la méthodologie PEF (Product Environmental Footprint), adoptée par l’Union Européenne, qui prend en compte 16 indicateurs et permet d’obtenir un score unique, ce qui facilite et améliore les choix d’éco-conception de nouvelles pièces.” Pour réaliser ces travaux, MerConcept s’appuie sur un outil baptisé S3 (Sustainable Sailing Solution), développé au sein du GIE Kaïros MerConcept, structure commune avec Kaïros qui a vocation à répondre aux demandes d’éco-conception.
Pour MerConcept, il s’agit de faire preuve de volontarisme sur ces sujets qui ne tolèrent plus l’attentisme, selon Fanny Ioos : “Nous pensons que nous avons un rôle à jouer pour améliorer l’impact du secteur. Même si elle est encore balbutiante pour certains projets, notre démarche est positive, on prend de l’avance pour le futur, parce que tous les acteurs – classes de bateaux, skippers, sponsors, opinion publique – vont nous pousser à agir.”
Photo : Qaptur