Fondée en 1982 par Robbie Doyle, Doyle Sails a bâti sa réputation en équipant en particulier les voiliers de grand prix, obtenant des succès incontestables. Si la voilerie n’a pas une grande tradition dans la classe Imoca, elle a contribué aux bons résultats d’Alex Thomson sur le Vendée Globe, 3e en 2012-2013, 2e quatre ans plus tard. La longue et fructueuse collaboration de Doyle Sails avec le skipper britannique et son équipe, se poursuit, puisque la voilerie néo-zélandaise a été choisie pour le projet Vendée Globe L’Occitane en Provence de Clarisse Crémer, géré par Alex Thomson Racing (ATR).
Un choix influencé par la relation de longue date entre ATR et le directeur du design de Doyle Sails, Richard Bouzaid, qui a navigué régulièrement avec Alex Thomson et a dessiné les nouvelles voiles de L’Occitane en Provence. Quand le navigateur britannique et la douzième du dernier Vendée Globe ont décidé de travailler ensemble l’an dernier, la conception des voiles et le choix de la voilerie ont fait partie des sujets prioritaires, ATR ayant fait en sorte de donner à Clarisse une voix prépondérante dans toutes les décisions importantes. Il a fallu un certain temps pour que la skippeuse se sente à l’aise avec l’idée de travailler avec une nouvelle voilerie, et ce passage à un nouveau fournisseur a été une étape importante.
Apprendre à connaître Clarisse Crémer, sa façon de naviguer, sa manière de tirer le meilleur de son bateau et de ses voiles a été au cœur du processus pour l’équipe de conception de Doyle Sails dont la mission était dès lors d’optimiser toutes les voiles de L’Occitane en Provence. “Doyle Sails dispose d’une équipe élargie, composée notamment de coureurs au large qui ont une connaissance et une expérience approfondies de la conception des voiles, ils comprennent ce dont nous avons besoin, commente le directeur des opérations d’ATR, Richard Mason. Avec Richard Bouzaid à la tête de l’équipe de design, ils ont une capacité unique à traduire en temps réel la conception en tenue de vol. Ils poussent constamment le développement technologique de leurs produits.“
Doyle Sails a notamment été à l’origine d’une innovation importante dans l’univers des voiles en lançant ses voiles sans câble et à guindant structurel. “Sur les Imoca, il y a beaucoup de voiles d’avant et chaque voile supplémentaire entraîne une pression plus importante sur le mât. Les voiles à guindant structurel n’augmentent pas la compression, donc avec plus de toile, il n’y a pas de charge en plus, ce qui permet d’obtenir une meilleure tenue de la forme de la voile”, explique Brad Marsh, CTO de Doyle Sails.
Avec les voiles à guindant structurel, la charge est répartie à travers la membrane et dans le reste de la voile par des lignes de charge personnalisées, ce qui signifie moins de dévers d’étai, donc moins de charge et un guindant qui se projette vers l’avant. Cela permet aussi à la forme de la voile de moins changer dans une rafale, tandis qu’avec des voiles conventionnelles, la voile a tendance à se déformer sous le vent, l’avant s’aplatit, la chute se referme et le creux recule. Avec la technologie du guindant structurel de Doyle, le guindant garde des entrées plus rondes et un vrillage de chute optimal. Avec plusieurs voiles de portant hissées en même temps, les gains sont multipliés.
Selon Brad Marsh, l’objectif principal est de maximiser la puissance des voiles afin de s’assurer que l’Imoca puisse foiler le plus tôt possible, puis de trouver un réglage équilibré afin que les voiles ne deviennent pas trop creuses et ne génère trop de traînée lorsque le bateau vole. Les trinquettes sont notamment conçues et réglées de manière à créer des couloirs avec les autres voiles d’avant, ce qui permet de maintenir un vent apparent plus serré et de conserver des vitesses moyennes plus élevées. Cette même méthode s’applique ensuite à l’ensemble du jeu de voiles.
Le projet de Clarisse Crémer est actuellement le seul en Imoca chez Doyle Sails, qui souhaite cependant se développer sur la scène française de course au large. Son directeur général néo-zélandais, Mike Sanderson, vainqueur de la Volvo Ocean Race 2005-2006 et lui-même ancien skipper Imoca, souligne : “Nous avons eu beaucoup de succès avec Alex Thomson Racing dans le passé et nous sommes ravis de pouvoir partager nos connaissances et notre expérience avec Clarisse. L’équipe de classe mondiale réunie pour l’occasion, avec des membres de Doyle et d’ATR, garantira que les voiles de Clarisse seront inégalables.”
La voilerie néo-zélandaise est par ailleurs certifiée par la classe Imoca comme l’un des fabricants ayant rempli les critères pour fabriquer la voile verte (obligatoire dans la jauge), dans un objectif de réduction de l’impact de la production. Un domaine dans lequel Doyle Sails fait figure de pionnière.
Photo : PKC Media / L’Occitane Sailing team