Après l’annulation de l’édition 2020 à cause du Covid, la Transat Québec Saint-Malo (TQSM) revient cette année et fêtera son 40e anniversaire. Depuis sa première en 1984, la course, qui a lieu tous les quatre ans, a vu triompher des grands noms de la voile, de Loïc Caradec, vainqueur en 1984 sur Royale, à Halvard Mabire, double lauréat en Class40 (2008 et 2012), en passant par Titouan Lamazou (1988), Laurent Bourgnon (1992), Loïck Peyron (1996) ou Franck Cammas (2000).
Équipier de Mike Birch en 1984 et vainqueur huit ans plus tard à la barre de Fujicolor II, Loïck Peyron considère la course comme “une des plus belles épreuves en équipage“, tandis que Karine Fauconnier, double lauréate, en 2004 en tant que skippeuse de l’Orma Sergio Tacchini, puis en 2016 aux côtés de Lalou Roucayrol sur le Multi50 Arkema, abonde : “L’accueil à Québec comme à Saint-Malo est extraordinaire. Et toute la partie sur le Saint-Laurent est incroyable de beauté.”
La Transat Québec Saint-Malo, c’est “trois courses en une“, résume son directeur, Richard Samson : la descente du Saint-Laurent, la traversée de l’Atlantique Nord, l’arrivée en Europe. Ce que confirme Karine Fauconnier : “Sur le Saint-Laurent, c’est assez technique, avec les courants, les marées et les baleines. Dès qu’on en sort, on passe de l’été à l’hiver, on rentre dans un univers de brume et de froid. Et sur la fin, ça arrive souvent que tes poursuivants reviennent par l’arrière, on passe alors en mode tactique.“ Pour Loïck Peyron, qui détient le record depuis 1996 (7 jours, 20 heures et 24 minutes), cette transat est “un sprint, une épreuve courte et dense, il faut préserver la machine, mais pas trop.”
Pour cette 10e édition, “une soixantaine de bateaux sont attendus, soit un record de participation, avec une forte présence française”, annonce Richard Samson. Parmi cette flotte, les Class40 représentent désormais “la classe vedette”, poursuit l’organisateur, ils seront une grosse trentaine le 30 juin sur la ligne de départ. Parmi les skippers inscrits, on compte Vincent Riou (Pierreval/Fondation Goodplanet), l’Italien Alberto Bona (IBSA), le Belge Jonas Gerckens (Volvo Curium), Amélie Grassi (La Boulangère Bio), Nicolas d’Estais (Café Joyeux), Aurélien Ducroz (Crosscall), Axel Tréhin (Project Rescue Ocean) ou Ian Lipinski, pour ce qui sera sa dernière course sur le n°158 Crédit Mutuel, premier scow mis à l’eau, à l’été 2019 – le skipper disposera ensuite d’un bateau neuf.
Les multicoques seront également de la partie, en Open Multi, catégorie qui réunira notamment Loïc Escoffier (Lodigroup), vainqueur de la Route du Rhum 2022 en Rhum Multi, et Yann Mariley (No Limit), ils effectueront presque 1 000 milles de plus que le reste de la flotte avant Saint-Pierre-et-Miquelon pour assurer des arrivées groupées en Bretagne, ces derniers. En hommage aux Canadiens Mike Birch (cinq participations au compteur) et Gerry Roufs, deux catégories porteront leur nom, la première composée de multicoques vintage (cinq à six équipages attendus), la seconde de monocoques de 45 à 70 pieds (une dizaine en tout).
Pour fêter son quarantième anniversaire, la TQSM célébrera les liens culturels entre la France et le Québec, avec un programme baptisé Horizon Saint-Laurent dans les villages départ (20-30 juin) et arrivée (9-17 juillet). “La programmation mettra en valeur l’histoire de la transat et la richesse maritime du Québec, précise Richard Samson. Une importante délégation du Québec sera en outre à Saint-Malo, dont les Premières Nations du Québec (peuples autochtones), qui ont longtemps navigué sur le fleuve Saint-Laurent en canot, c’était leur autoroute !”
Des deux côtés de l’Atlantique, un cinéma de la mer diffusera des films sur la course au large, tandis que plusieurs groupes de musique québécois se produiront dans la cité corsaire. “En plein été, nous espérons des milliers de visiteurs à Québec et Saint-Malo, nous sommes ravis d’être de retour“, sourit le directeur de la course.
Photo : Marie-France L’Ecuyer