Parvenue à surmonter la crise financière de 2008 puis l’échec du K 650 (lire l’épisode 2), Karver, est en 2011, après huit ans d’existence, une marque bien implantée dans l’univers de l’accastillage, principalement dans la course au large. En 2012, l’entreprise sort sa deuxième gamme d’emmagasineurs. “La concurrence nous poussait à réagir, à actualiser notre première version lancée en 2004. Cette V2 était 20 % plus légère et surtout beaucoup plus petite en encombrement”, souligne Marin Clausin, son fondateur.
La période 2011-2020 est également marquée par le lancement de nombreux produits, souvent récompensés par des prix de l’innovation. On peut notamment citer les poignets coinceurs KJH (2012) ou encore les bloqueurs KJ (2014) qui permettent de tenir des charges très importantes et équipent la quasi-totalité des Imoca. C’est aussi durant cette période que Karver devient le spécialiste des hooks.
En 2018, la société entreprend la deuxième acquisition de son histoire, après le rachat de Grec Marine en 2011. Pontos, entreprise créée en 2009 à Saint-Malo et spécialisée dans les winches, étant mise en liquidation judiciaire, Karver candidate pour la reprendre et empoche la mise. La marque ajoute ainsi à son catalogue les winchs 4 vitesses très innovants et performants développés par Pontos. “Ce rachat marque un vrai tournant pour nous, raconte Tanguy de Larminat, directeur général de l’entreprise. Nous avons dû faire une augmentation de capital en intégrant des acteurs extérieurs à Karver. La région Normandie et des business angels sont entrés au capital. L’entreprise est devenue plus structurée et aussi plus rentable.”
Un pied en Normandie,
un autre en Bretagne
Karver, jusqu’ici surtout estampillée course au large, s’ouvre également davantage à la plaisance avec ce rachat. “Au début des années 2010, la plaisance représentait environ 10% du chiffre d’affaires, cette part passera à plus de 30% en 2020”, confirme Tanguy de Larminat. “Les produits Karver ont longtemps été vus comme réservés à la course au large et aux gros bateaux. Nous avons eu du mal à nous défaire de cette image très haut de gamme qui fait aussi notre renommée”, indique de son côté Jean-Philippe Connan, directeur général adjoint.
Pour toucher davantage cette clientèle, l’entreprise normande fait en sorte que toutes les pièces d’accastillage soient déclinées pour la plaisance, avec la volonté de rendre la navigation plus simple, plus fun, plus sûre. “Nous sommes sortis d’un modèle purement dédié à la course à un modèle où nous sommes devenus présents sur trois marchés : la course au large, les super yachts et la plaisance. Si on veut continuer à développer des produits très haut de gamme, destinés à peu de clients, on doit contrebalancer en travaillant de manière plus industrielle sur d’autres produits”, explique Tanguy de Larminat.
À l’été 2019, Karver concrétise un projet de longue date en s’installant à Lorient La Base. “C’était une période faste, juste avant le Covid, raconte Marin Clausin. Nous nous rendions bien compte que nous étions loin de l’action à Honfleur. C’est pourquoi nous avons ouvert un bureau commercial à Lorient, tandis que la fabrication et le montage sont restés en Normandie.”
Pour Tanguy de Larminat, cette présence au cœur de la Bretagne Sailing Valley était indispensable : “Ce qui fait la différence, c’est la proximité avec les clients. L’écosystème lorientais est extrêmement dynamique et c’est très important d’être sur place, ça nous permet notamment de traiter plus efficacement les demandes urgentes. Ce bureau est aussi un show room, la porte est ouverte pour les skippers et les plaisanciers qui peuvent venir voir les produits. Ils comprennent mieux leur fonctionnement et peuvent donc mieux les utiliser. Cela contribue grandement au succès de Karver.”
Photo : Karver