Tip & Shaft/ Connect Nantes 2022

Ce qu’il faut retenir de Tip & Shaft/Connect

La 6e édition de Tip & Shaft/Connect, consacrée à la montée en puissance des enjeux RSE dans la voile de compétition, a eu lieu jeudi 6 octobre à Nantes. Retour sur les moments forts de cette journée.

Premier à prendre la parole pour une intervention remarquée sur le futur de la voile de compétitionLucien Boyer, cofondateur de la Global Sport Week et du fonds d’investissement Inspiring Sport Capital (propriétaire depuis le printemps dernier de CDK Technologies), a présenté les six mots-clés, à ses yeux, pour le développement de la voile de compétition : ambition, business, créativité, marketing, collaboration et responsabilité. Faisons comme l’industrie du luxe, devenons leaders, ne laissons pas ça à d’autres !” a-t-il exhorté, avant d’ajouter que “l’enjeu, c’est d’aller chercher les audiences pour fidéliser.” D’où la nécessité d’être créatif, mais également de gagner en lisibilité. Il a terminé son intervention en qualifiant la RSE d’enjeu majeur et en déclarant, sous les applaudissements : Nous sommes dans un univers de succès ! 

Emmanuelle Grimbertsports sales manager pour Kantar Média, a dans la foulée présenté les chiffres de l’exposition médiatique de la voile de compétition. Selon l’étude menée par l’institut, la voile intéresse 20% des Français – contre 48% pour le football et 43% pour l’athlétisme, par exemple -, un chiffre qui a progressé de 36% en 6 ans. Le Vendée Globe reste l’épreuve la plus populaire en France, la moyenne, en équivalent publicitaire, des retombées médias des dix premiers bateaux du dernier Vendée Globe étant estimée à 2,5 millions d’euros. Un élément a surpris l’assemblée, celui du profil du « consommateur » de voile : homme, CSP+, de plus de 65 ans ! L’étude n’a cependant pas pris en compte les réseaux sociaux.

 

Des ateliers participatifs vivants

 

Troisième intervenante, Noémie Provost, architecte navale pour la classe Imoca, a commencé par dresser l’historique de l’analyse des cycles de vie des bateaux, qui remonte à 2010, Roland Jourdain ayant été le premier à faire une “ACV”, devenue aujourd’hui obligatoire pour tout nouveau 60 pieds construit. Si les chiffres des derniers Imoca sont confidentiels, il ressort pour l’instant que 5,9 tonnes de déchets sont produites en moyenne par chantier (12 000 en comptant les moules) et qu’en termes de rejet de CO2, une coque pontée structurée représente l’équivalent de 465 000 kilomètres parcourus par un véhicule moyen ou la consommation de 95 foyers pendant un an.

L’assemblée s’est ensuite répartie en quatre ateliers participatifs qui ont suscité beaucoup de questions et d’échanges :

  • Le B.A-BA de la transition dans la course au large, animé par Claire Vayer et Imogen Dinham-Price, consultantes RSE pour l’Imoca au sein de leur société Foën.
  • Bien communiquer sur sa transition, avec Amandine Garnier, cofondatrice de l’agence de communication Les Raisonné·e·s.
  • Comment financer la transition ? animé par Astrid Gavériaux, ingénieur conseil pour le cabinet Dix Septembre.
  • Mesurer l’impact carbone de la voile, avec Emilie Llorens et Stéphane Bourrut Lacouture, responsables RSE respectivement de l’équipe de France de SailGP et d’OC Sport Pen Duick.

 

SailGP, Imoca, quand la voile
s’ouvre aux femmes

 

Après la pause déjeuner, a débuté une table ronde intitulée Comment faciliter l’accès des femmes à la voile de compétition ? Ancienne responsable du programme RSE de la Volvo Ocean Race, Anne-Cécile Turner a commencé par évoquer le Magenta Project, dont elle est membre du board depuis cette année, collectif qui “ouvre les vannes de la voile aux femmes en misant sur la mise en relation.” Quentin Delapierre, skipper de l’équipe de France de SailGP, a quant à lui présenté comment le circuit s’était emparé du sujet, imposant depuis un an la présence d’une femme à bord des F50 – Aloïse Retornaz, Amélie Riou et Manon Audinet se sont succédé cette saison. “S’il n’y avait pas eu de mesures incitatives, je ne les aurais sans doute pas accueillies à bord“, a-t-il précisé. Quant à Justine Mettraux, skipper de l’Imoca Teamwork.net, elle a estimé important d’avoir des quotas pour progresser dans cette voie, tandis que Cécile Andrieu, team manager de SVR Lazartigue, a ajouté : On n’a pas le temps d’être passif, c’est à chaque équipe, ou aux partenaires et sponsors, de s’auto-imposer des règles.”

La parole a ensuite été donnée à deux sponsors de projets féminins. Aurélie Zanussi, responsable communication de la MACSF, partenaire titre d’Isabelle Joschke, a expliqué qu’au départ, le choix d’une femme skipper n’avait pas été conscient mais que très vite, la mutuelle en a mesuré les bénéfices. En interne, la majorité des salariés étant des femmes, vis-à-vis de l’externe, avec une clientèle de professionnels de santé de plus en plus féminisée. Quant à Franck Vallée, PDG d’Initiatives, partenaire de Sam Davies, il raconte que le choix de cette dernière pour succéder à Tanguy de Lamotte a surtout été dicté par ses qualités de compétitrice et de communicante plus que par son genre. Il se réjouit cependant que l’équipe Initiatives Cœur soit aujourd’hui mixte et paritaire, “ce qui est peu fréquent.”

 

Le foot se vend
comme un produit média

 

Changement de sujet pour la table ronde suivante intitulée Bientôt des bateaux de course en carbone réutilisé ? Nicolas Fordos, ingénieur chez Airbus, a expliqué qu’il était possible de réutiliser les chutes de carbone servant à la fabrication d’avions pour s’en servir afin de construire des bateaux, projet actuellement porté en Imoca par Armel Tripon. Christophe Ellie, responsable du projet Le Comptoir du Carbone, a quant à lui ajouté qu’il avait justement besoin de la filière voile pour aller dans cette direction.

Leur ont succédé Emilie Llorens (France SailGP) et Stéphane Bourrut-Lacouture (OC Sport Pen Duick) pour évoquer l’impact carbone des courses à la voile. Tous les deux ont souligné les efforts importants faits depuis quelques années pour réduire cet impact. Reste un constat : le poste principal d’impact carbone est la présence de spectateurs, qui se déplacent, consomment et dorment sur place. Un problème que chacun cherche à résoudre sur les évènements : Stéphane Bourrut-Lacouture explique ainsi que pour la Route du Rhum, l’organisateur a noué un partenariat avec la SNCF pour inciter le public à venir en train à Saint-Malo. Tout en rappelant que le levier le plus efficace de diminution des émissions de carbone, est le passage de la restauration aux menus végétariens.

Pour conclure la journée, comme à chaque édition, le représentant d’un autre sport est venu partager son expérience, en l’occurrence Sébastien Vandame, directeur des partenariats à la Ligue de football professionnel, passé auparavant par la voile (notamment chez Groupama). Il a expliqué que le foot, “sport plus clivant que la voile”, était vendu comme un produit média à ses partenaires, chiffres à l’appui : 800 matchs par an et 100 millions de personnes qui regardent les compétitions de la LFP en France. Invité à faire le parallèle avec la voile, il a estimé que sa visibilité était forte, moins sa lisibilité, qui pénalise son développement, avec encore trop de classes et de courses.

Photo : Jean-Marie Liot

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