16 marins prennent dimanche le départ aux Sables d’Olonne de la deuxième édition de la Golden Globe Race, course autour du monde en solitaire « à l’ancienne », dont la première, en 2018-2019 avait été remportée par Jean-Luc Van den Heede. Tip & Shaft vous en dit plus sur cette « GGR ».
Ils seront 16, dont 4 récidivistes, à s’élancer dimanche pour une course autour du monde lancée il y a quatre ans par l’aventurier australien Don McIntyre, désireux de revenir aux sources du mythique Golden Globe de 1968. Soit deux de moins que lors de la première édition. “Si le Covid n’existait pas, nous aurions eu environ 26 participants. Les restrictions de voyage ont beaucoup joué, mais nous sommes très contents de ce nombre et beaucoup de marins se positionnent déjà pour 2026″, explique Don McIntyre.
Qui a apporté quelques modifications au règlement par rapport à l’édition précédente : “La plus importante était de reculer la date de départ de deux mois, pour avoir des conditions moins difficiles dans les mers du Sud. Ensuite, nous avons ajouté une qualification de 2000 milles en solitaire sur le bateau de la course, ce qui fait que les participants auront navigué au moins 8 000 milles au large, plus 4 000 en solitaire, mais dans la réalité, la plupart ont fait beaucoup plus.” Autre changement notable, l’interdiction de la radio amateur : “La dernière fois, ça a permis aux participants d’avoir de l’info à laquelle ils n’auraient pas dû avoir accès”, précise le directeur de course, le Français Sébastien Delasnerie.
Les ambitions des Sables d’Olonne
Comme il y a quatre ans, la course bénéficie du soutien de la ville et de l’agglomération des Sables d’Olonne, principaux partenaires de l’événement. “Pour nous, c’était une évidence,justifie Yannick Moreau, à la tête des deux collectivités. Le succès populaire et médiatique de la première édition a été au rendez-vous, on a jugé que pour l’image des Sables d’Olonne, c’était un bon rapport qualité/prix.” C’est-à-dire ? “Les retombées médias pour la marque Les Sables d’Olonne ont été évaluées à 4 millions d’euros pour un investissement de l’ordre de 800 000 pour l’ensemble des partenaires que nous avions réunis.”
Pour cette deuxième édition, la contribution des partenaires locaux, qui prennent en charge tout ce qui est village officiel et animations, est à la hausse : “On part sur un budget de 1,3 million, confirme Yannick Moreau. Le département de la Vendée, la région des Pays de la Loire et un pool de partenaires privés nous aident à hauteur de 500 000 euros, le coût net pour la ville et l’agglo est de 800 000 euros, contre 400 000 la dernière fois.”
Avec le Vendée Globe, la Golden Globe Race et la Mini Transat, la ville des Sables – qui accueille également la Solo Maître CoQ, Les Sables-Les Açores-Les Açores (Mini et Class40), les 1000 Milles des Sables, la Vendée Arctique et la New York-Vendée – se positionne selon son maire comme “la capitale du tour du monde et de la course au large en solitaire.” Et elle ne compte pas s’arrêter là : elle a lancé il y un an un plan stratégique de développement visant trois supports, l’Optimist, le Mini et l’Imoca, avec notamment l’ambition d’accueillir quelques 60 pieds à l’année. “On n’est ni Port-la-Forêt ni Lorient, mais on va jouer notre carte. On a mobilisé 10 hectares autour du port pour étendre l’espace à terre, on imagine pouvoir accueillir dans de bonnes conditions six teams Imoca aux Sables d’Olonne.”
“Le record de Jean-Luc semble à l’abri”
Le budget total de la deuxième édition de la « GGR » augmente légèrement – “2,5 à 3 millions d’euros” (contre 2,4 millions en 2018) selon Don McIntyre, qui regrette cependant n’avoir “pas réussi à trouver un partenaire titre pour 2 millions d’euros.” Pour les marins, le budget varie selon les profils. “Sur la dernière édition, Tapio Lehtinen avait un budget proche des 400 000 euros, là, pour ceux qui ont des bateaux préparés a minima, on est entre 120 et 150 000”, estime Sébastien Delasnerie. Avec la possibilité derrière de revendre des bateaux dont la cote a augmenté grâce à la course.
Arnaud Gaist, un des deux Français au départ, parle de “100 000 euros, sans le bateau, un Barbican 33, que j’ai acheté 30 000.” Budget qu’il finance sur ses économies – il a travaillé pendant six ans comme formateur indépendant pour les maisons éco-construites -, du crowfunding et des petits partenariats, notamment avec la ville de La Tranche-sur-Mer. De son côté, Damien Guillou (voir son interview sur notre site), évoque “un gros budget de Figaro” (autour de 300 000 euros), qui inclut son Rustler 36, déniché à Venise pour 80 000 euros.
Un Damien Guillou qui, fort du soutien de PRB, fera partie des favoris de cette deuxième Golden Globe Race, tout comme, selon le directeur de course, le Britannique Simon Curwen, la Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer, seule femme de la course, et deux récidivistes, l’Indien Abhilash Tomy (abandon en 2018) et le Finlandais Tapio Lehtinen (4e). Et Sébastien Delasnerie d’ajouter : “Le niveau de préparation est vraiment monté d’un cran par rapport à 2018, on pense qu’on aura plus de bateaux à Bonne-Espérance, et probablement à l’arrivée aux Sables.” Les 212 jours de Jean-Luc Van den Heede seront-ils battus ? “Je ne pense pas, on a rajouté une marque au large du Brésil qui rallonge le parcours, on mise plus sur 220 jours pour le premier. Le record de Jean-Luc semble à l’abri.” Rendez-vous en avril prochain pour en avoir confirmation…
Une course toujours non reconnue par la FFVoile. Comme il y a quatre ans, la Fédération Française de Voile, mais également World Sailing, ont refusé de donner leur agrément à la Golden Globe Race. “Nous sommes conscients que Don McIntyre et son équipe ont fait d’importants efforts pour assurer la sécurité des marins. Ils ne font pas n’importe quoi, mais ils ne respectent pas les règles OSR 0 qui s’appliquent à la course au large en solitaire”, explique Corinne Migraine, vice-présidente de la FFVoile. Si Don l’avait appelée Golden Globe Route ou Rallye, ça n’aurait pas posé de problème, mais là, même si Don nous dit que ce n’est pas vraiment une course, ils font en permanence référence à un classement.” Ce dernier répond : “Nous étudions avec la fédération les problématiques liées aux règles OSR 0, mais elles sont impossibles à respecter pour nous, nous sommes complètement différents.”
Photo : Christophe Favreau