Situé à Saint-Brieuc, au port du Légué, le chantier Crazy Lobster a été créé en août 2019 à l’initiative de Tual Le Guillerm, enseignant à l’IUT Sciences et génie des matériaux de Saint Brieuc. “Je voulais une activité complémentaire pour aller plus loin dans la recherche et développement et mettre en application ce travail sur des projets concrets. Au départ, nous avons loué un hangar à l’agglomération, avant de nous lancer dans la construction de notre propre bâtiment que nous avons inauguré en juillet 2021″, explique-t-il.
Le chantier – dont le nom est un clin d’œil au grand-père du fondateur, avec lequel, enfant, il pêchait des homards – s’est dès sa création spécialisé dans les matériaux composites, proposant ses services à des acteurs de l’industrie, des sports et loisirs, mais aussi du nautisme. “Au départ, nous traitions directement avec les propriétaires de bateaux, en proposant un service personnalisé et des pièces sur mesure ; depuis peu, nous travaillons aussi comme sous-traitants de certains chantiers qui construisent des bateaux de course, sur des Class40 mais également sur un Imoca“, explique Tristan Compain, référent nautique de Crazy Lobster, qui préfère rester discret sur cette dernière collaboration.
Le chantier a ainsi réalisé des pièces non structurelles pour le Class40 Redman d’Antoine Carpentier, plan Manuard vainqueur de la Transat Jacques Vabre 2021, utilisant notamment des matériaux alternatifs, moins polluants, tout en restant rigides, légers et capables de tenir dans la durée. Des cloisons et un carter de barre ont ainsi été fabriquées en fibre de lin et résines biosourcées. “Nous rentrons petit à petit dans le milieu de la course au large, c’est un vrai plus pour nous, parce que ça nous pousse à progresser”, ajoute Tristan Compain.
Cette activité course prenant de plus en plus de place dans le chiffre d’affaires de Crazy Lobster (300 000 euros HT en moyenne en 2020 et 2021), le chantier s’est structuré en conséquence avec un bâtiment d’une surface totale de 500 m2. Avec un plancher de 24 mètres de long par 8 de large et des équipements complets : salles d’usinage et de découpe tissus, cabine de résine contrôlée et filtrée, salle grise pour la réalisation de pièces composites, bureaux…
Quant à l’équipe, elle s’est peu à peu étoffée, aujourd’hui composée de trois permanents, de quatre compagnons et de deux stagiaires. “Tous ont été mes étudiants à l’IUT de Saint-Brieuc, ce qui fait qu’il y a une vraie continuité, nous avons l’habitude de travailler ensemble”, souligne Tual Le Guillerm, qui continue à cumuler son métier d’enseignant avec la gérance de Crazy Lobster.
Un chantier qui, pour la première fois, va prochainement construire trois bateaux de A à Z : un prototype de dériveur à faible impact environnemental de 4,50 mètres de long pour une start-up lyonnaise et deux catamarans de 9 mètres pour l’architecte naval Christophe Barreau.
De quoi voir plus loin et se positionner sur le marché des IRC, Mini et Class40, sachant qu’il arrive, dans certaines classes, à saturation ? “C’est un de nos objectifs, répond Tual Le Guillerm. Techniquement, nous avons déjà infusé des structures autrement plus compliquées et nous avons réfléchi notre développement en ce sens : nous avons la place et les compétences, notre plancher peut tout à fait accueillir un pont ou une coque de Class40, par exemple. On souhaite vraiment que la course au large devienne une division à part entière dans notre chantier”.
