C’est un sujet qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans le monde de la course : le développement durable. Sous la pression du public, de certains sponsors et de ses propres pratiquants – à l’instar des marins réunis dans La Vague – la voile de compétition met progressivement le cap sur la durabilité.
Sam Holliday, l’organisateur de The Race Around, le tour du monde en Class40 en double – avec 5 étapes maximum – qui partira dans 3 ans pile d’un port français, a choisi une manière très simple de passer aux choses concrètes : “Nous proposerons une réduction des frais d’inscription [d’un montant total de 15 000 € HT, NDLR] aux concurrents qui cherchent à baisser l’impact carbone de la construction de leur bateau ou des développements apportés à un bateau existant.”
Si les paramètres précis restent à affiner, en pratique, la ristourne pourra être offerte aux marins qui utiliseront des fibres ou des résines recyclables pour la construction ou le refit de leur Class40. Mais elle sera aussi et surtout accessible aux coureurs qui seront prêts à partager leur données pour réaliser une analyse du cycle de vie (ACV) de leur bateau par l’organisation. “Ces informations nous aideront à déterminer les données de référence pour le budget carbone que nous souhaitons mettre en œuvre pour la deuxième édition de The Race Around”, annonce Sam Holliday.
Un budget carbone ? “L’idée est d’introduire, sur la base des données recueillies dans les ACV des bateaux participants à la première édition, une quantité maximum d’impact carbone obligatoire à respecter par les bateaux qui prendront le départ en 2027.” L’objectif, selon l’organisateur, “c’est de permettre aux concurrents de comprendre le processus, de voir les nouvelles technologies éprouvées et de mettre ces connaissances à profit dans leur prochain projet.” Avec l’idée que le mouvement s’étende au-delà de la Class40, vers les autres classes et l’écosystème industriel de la voile. “Toutes les données que nous recueillerons pendant ce processus seront accessibles en open source, c’est très important pour nous”, précise Sam Holliday.
Parallèlement à ces démarches, The Race Around va se lancer dans la construction d’un démonstrateur : un Class40 entièrement recyclable, dont la barre sera confiée à un équipage mixte qui s’engagera sur le tour du monde en 2023. “Nous visons une mise en décharge zéro, annonce Enrico Benco, le patron de GS4C, une PME italienne spécialisée dans les solutions durables pour l’industrie des composites – partenaire de The Race Around. Et pas que de la coque, car c’est le processus de construction de l’ensemble du bateau que nous voulons décarboner.”
L’idée est de faire de ce projet un exemple concret de processus d’économie circulaire : “Nous pourrons ainsi réutiliser la matière première de la coque, récupérée à partir du composite durci pour produire de nouvelles fibres vierges longues, sans dégradation des performances mécaniques“, poursuit cet ancien de la Coupe, qui a lancé le Loop 650, un Mini 6.50 fabriqué en fibre minérale de qualité aérospatiale recyclable et en résine bio-époxy.
Et l’objectif est clair : naviguer propre, mais vite. “Nous ne pouvons pas arriver avec un bateau durable mais non compétitif, reconnaît Sam Holliday. Pour prouver le concept, nous devrons au moins égaler les niveaux de performance des autres bateaux de la Class40.” Verdict en 2023 !
Photo : Thomas Deregnieaux/Race Around