A 37 ans Xavier Macaire dispute cette année sa huitième saison sur le circuit Figaro, avec l’objectif de décrocher un podium sur la Solitaire Urgo Le Figaro, comme en 2013 (2e) et 2015 (3e). Mais ce qui occupe également le skipper de Groupe SNEF, qui dispute actuellement la Le Havre ALL Mer Cup avec 26 autres solitaires, c’est un projet de Vendée Globe qu’il tente actuellement de monter. Il s’en ouvre pour Tip & Shaft.
Quel bilan as-tu fait de la saison dernière en Figaro ?
Je suis resté sur une petite pointe de déception, parce que je me suis aperçu que c’était la première année en sept ans de Figaro que je ne faisais aucun podium : j’ai terminé 4e à la Solo Normandie, 5e à la Douarnenez-Fastnet, mais jamais sur le podium. Après, j’ai été super content du nouveau partenariat avec Groupe SNEF, une entreprise d’envergure longtemps investie dans la voile avec Jean-Paul Mouren, qui avait arrêté depuis deux ans et a bien voulu repartir avec moi.
As-tu trouvé des explications à cette absence de podium en 2017 ?
C’est principalement dû à une préparation très tardive. Ces dernières années, j’ai changé plusieurs fois de partenaire : j’ai été quatre ans avec le département de l’Hérault, puis en 2016, avec Chemins d’océans avec un bateau qu’on m’avait prêté, l’année dernière, j’ai à nouveau changé de bateau et de partenaire, ça demande à chaque fois beaucoup de travail et d’énergie pour reprendre en main un nouveau bateau, le redécorer, recréer un lien avec le partenaire… Après, je n’ai pas toujours eu de bonnes sensations avec le bateau l’an dernier, du coup, cet hiver, j’ai entrepris des travaux que je n’avais pas pu faire auparavant : j’ai notamment acheté un mât neuf, plus nerveux que l’ancien, j’ai refait la coulée de la quille qui n’avait pas été refaite depuis le début. Je pense que je pars avec une meilleure base cette année.
Quel est ton budget sur une année de Figaro et comment te prépares-tu ?
Le budget visé depuis quatre ans est de 160 000 euros hors taxe, sachant que je ne l’ai jamais atteint, je suis un peu en-dessous, plus proche des 145-150 000. Je m’entraîne avec le Team Vendée Formation, nous sommes quatre bateaux, il y a une bonne qualité d’entraînement. Je suis basé aux Sables d’Olonne, puisque l’agglomération des Sables d’Olonne est un des partenaires de mon projet depuis 2016.
Quel regard portes-tu sur ton début de saison (3e à la Solo Maître CoQ, 8e à la Solo Concarneau) ?
Je suis déjà content d’avoir renoué avec le podium ! Au moins pour 2018, c’est coché, même si je ne vais pas me contenter de ça. J’ai eu de bonnes sensations avec le bateau, après, j’ai besoin de trouver plus de régularité en vitesse, j’ai de très bonnes phases, mais j’ai encore des trous à combler, donc il faut que j’arrive à trouver les bonnes clés pour rester rapide en permanence.
Quel est ton objectif de la saison ?
Pour ce qui est du championnat de France, j’ai un handicap en n’ayant pas participé à la Transat AG2R, donc l’objectif principal est la Solitaire du Figaro. J’ai déjà été deux fois sur le podium, j’ai envie d’y remonter. Je sais que c’est possible, je sais aussi que selon les années, ça ne tient à pas grand-chose, tu tombes parfois sur des gars comme Armel Le Cléac’h ou Jérémie Beyou qui gagnent trois étapes. Moi, j’ai eu mon année en 2015, j’ai super bien navigué, malheureusement, ça ne s’est pas concrétisé par une victoire [vainqueur au général, il avait été rétrogradé à la 3e place suite à une pénalité infligée pour avoir pénétré dans une zone interdite à la navigation, NDLR]. J’aimerais bien retrouver ce truc qui fait que tu as le feeling et de la réussite dans tout ce que tu fais.
Pour avoir connu cette sorte d’état de grâce en 2015, quels en sont selon toi les ingrédients ?
Il y avait beaucoup de choses réunies cette année-là : c’était déjà un partenariat qui avait duré quatre ans avec beaucoup de confiance avec le département de l’Hérault, c’était aussi une année où on avait mis le paquet techniquement, avec un chantier, un nouveau mât, un travail important sur les voiles. Et, comme c’était la dernière année du partenariat, j’avais une grosse volonté de bien faire pour enchaîner derrière sur d’autres projets.
Tu finis champion de France cette année-là, mais il te manque la cerise sur le gâteau avec cette pénalité qui te prive de la victoire sur la Solitaire, as-tu mis du temps à digérer ce fait de course ?
Oui et non. Au début, quand je voyais des événements sportifs à la télé avec des vainqueurs, je me souviens notamment de la Coupe du monde de foot féminine, je me demandais pourquoi je n’y avais pas eu le droit alors que je le méritais, ça m’a pesé un peu. Après, j’ai aussi relativisé et j’ai très vite préféré regarder vers l’avant.
Regardons justement vers l’avant, quels sont tes futurs projets ?
Mon priorité, aujourd’hui, c’est de partir en Imoca sur un projet Vendée Globe 2020, si possible reconductible jusqu’en 2024. J’ai quelques pistes avec des sponsors que je suis en train de travailler, notamment avec mon actuel partenaire, à qui j’ai clairement exposé que mon ambition était de faire le Vendée Globe. J’aimerais vraiment qu’on fasse quelque chose ensemble. Maintenant, c’est loin d’être décidé et on se concentre sur le Figaro, je ne veux pas brûler les étapes.
Penses-tu avoir fait le tour du Figaro ?
Oui, en quelque sorte. Quand je suis arrivé en Mini au tout début, c’était juste par pur plaisir et par passion de découvrir la course en solitaire, je n’avais pas pour objectif de faire une carrière. Il se trouve que pour ma première course, j’ai bien marché, j’ai gagné la suivante, puis j’ai fait troisième de la Mini, un ami m’a alors dit que vu mon parcours, il fallait que je passe au Figaro pour chercher mes limites. Ça m’a beaucoup guidé, je suis passé en Figaro et j’ai fait des podiums, si bien qu’aujourd’hui, je suis dans le même état d’esprit : je me dis que je n’ai pas encore trouvé mes limites. J’ai envie de le faire sur un plus gros bateau, sur un projet plus ambitieux et sur le tour du monde qui, à mon avis, correspond à mon profil dans la mesure où, si je ne suis pas forcément un pur régatier comme d’autres figaristes, en revanche, je suis endurant et dur au mal. Une de mes forces, c’est de ne jamais avoir abandonné une course en dix ans de course au large.
Tu as navigué récemment sur SMA, comment t’es-tu retrouvé sur le bateau ?
Depuis le début de son projet, Paul (Meilhat) m’a proposé plusieurs fois de venir naviguer avec lui, je n’avais jamais pu me libérer. Là, comme j’ai la volonté de participer au Vendée Globe en 2020, je me suis un peu plus bougé et j’ai rappelé Paul pour savoir s’il y avait possibilité de venir découvrir le bateau. Il m’a proposé le Grand Prix Guyader en équipage, et ensuite, le convoyage de Cascais à Port-Camargue, c’était super intéressant.
Du coup, ce bateau, que Michel Desjoyeaux cherche à louer après le Rhum, pourrait-il t’intéresser en vue de ton projet de Vendée Globe ?
Oui, dans la perspective d’un premier Vendée Globe, SMA me semble effectivement un super bateau, en tout cas un des bateaux aujourd’hui intéressants et relativement accessibles financièrement. Mon challenge serait avec un tel bateau d’arriver devant des foilers, je pense que je suis capable de faire de bons trucs, comme je l’avais fait en Mini où j’étais parvenu, quand j’avais gagné les Sables-les Açores en série, à terminer troisième au scratch avec un Pogo 2 devant plusieurs protos.
Aujourd’hui, où en es-tu concrètement dans ton projet ?
J’ai discuté et je discute avec plusieurs partenaires potentiels, mais j’en suis juste à définir la philosophie générale d’un éventuel partenariat, rien de plus. Ce que je peux dire en revanche, c’est que je m’installe aux Sables-d’Olonne, j’ai acheté une maison et j’emménage dans deux mois avec ma famille. Je compte beaucoup sur le réseau local pour m’aider, je sais qu’il y a un gros engouement en Vendée et aux Sables pour le Vendée Globe. J’ai tout à gagner à être là pour convaincre des entreprises vendéennes de s’engager avec moi sur un projet performant. J’ai envie de jouer cette carte locale.
Quel délai te donnes-tu ?
Jusqu’à la fin 2018. Ce sera soit un projet Vendée avec SNEF et/ou d’autres partenaires, soit une nouvelle saison en Figaro.
Giancarlo Pedote rachète Ucar-StMichel. C’est Giancarlo Pedote qui sera en 2019 à la barre du plan VPLP-Verdier à foils que mènera Yann Eliès sur la Route du Rhum. Soutenu par Prysmian Group, l’Italien l’a racheté à l’écurie Absolute Dreamer et se lance donc dans une première campagne de Vendée Globe.