Sibenik 52 SUPER SERIES Sailing Week

Les 52 Super Series en plein renouveau

Le coup d’envoi de la saison des 52 Super Series a été donné la semaine dernière avec la première des cinq épreuves programmées en 2018, la Sibenik 52 Super Series Sailing Week, remportée, par Quantun Racing. Douze équipages représentant huit pays y participaient, dont… neuf disposant d’un TP52 flambant neuf : sept plans Botin, deux Vrolijk/Judel, autour de 3 millions d’euros l’unité ! La preuve du dynamisme d’un circuit lancé en 2005 sous le nom de MedCup (devenu Audi MedCup en 2008), mais qui avait périclité il y a quelques années, victime de la crise financière.

“La classe a eu son heure de gloire juste avant l’éclatement de la bulle financière, et en particulier en Espagne de la bulle immobilière, confie le Français Dimitri Nicolopoulos, qui gravite depuis de nombreuses années dans ce circuit, dont la société KND Sailing Performance compte plusieurs clients parmi les équipes engagées cette saison. Le roi Juan Carlos d’Espagne lui-même, qui naviguait sur Bribon, s’était beaucoup investi dans son développement, au point qu’il y a eu jusqu’à 25 bateaux, dont 10 espagnols ! La crise est passée par là et, en deux ans, on est passé de 25 à 5 bateaux. J’ai pensé à ce moment que le circuit allait s’arrêter”

Le retrait fin 2011 d’Audi, le sponsor principal, aurait en effet pu sonner le glas de ce circuit. Elle sera  maintenue à bout de bras par trois propriétaires, Doug DeVos (Quantum Racing), Niklas Zennström(Ran) – qui a quitté cette année le circuit pour les Fast40+ en Angleterre – et Alberto Roemmers(Azzurra), finalement parvenus à 2012 à relancer un circuit rebaptisé 52 Super Series. Depuis, celui-ci ne cesse de se développer et explose cette année avec l’arrivée de pléthore de bateaux neufs, mais aussi de nouveaux teams, à l’instar de Luna Rossa, qui côtoie une autre équipe engagée sur la prochaine Coupe de l’America, Quantum Racing, à l’origine du défi new-yorkais American Magic (ainsi que l’équipe de Ben Ainslie qui s’était rapprochée dans un premier temps de Gladiator).

Comment expliquer un tel phénomène ? “Pour moi, cela s’explique par deux raisons principales, nous répond Stéphane Névé, à la tête de l’unique équipe française du circuit, Paprec Recyclage, la seule, également, à être 100% amateur. D’abord, il y a eu l’arrivée en début d’année dernière d’un nouveau bateau, Interlodge, devenu Gladiator, qui a très bien marché dès sa première sortie sans préparation, avec un très net avantage au près. Les autres propriétaires ont décidé de suivre, c’est ce que j’appellerais l’effet Interlodge. Ensuite, il y a l’effet Coupe de l’America, avec une équipe comme Luna Rossa qui démarre sur le circuit, Franck Cammas a lui aussi tenté de venir sur le circuit”.

L’Aixois a en effet été tout près de monter un projet cette année, avec une fondation monégasque qui avait même acheté l’ancien Quantum, mais, pour des raisons sur lesquelles il ne souhaite pas s’étendre, l’aventure a tourné court. Au grand regret de l’actuel skipper du GC32 Norauto qui estime que le circuit vaut le détour en vue de la Coupe, non pas parce qu’elle est passée au monocoque (le prochain AC75 est très éloigné du TP52), mais parce que les 52 Super Series réunissent les meilleurs : “C’est un circuit où il y a beaucoup de budget dépensé sur la technique, les bateaux sont assez exceptionnels, pas extrêmement rapides par rapport aux bateaux volants mais très proches les uns des autres. Ça donne des passages de bouées où tous les bateaux sont à quelques mètres les uns des autres, ça ressemble plus à une régate de Star que de Coupe en AC50. Du coup, c’est  tactiquement très intéressant et il y a de très bons barreurs, tacticiens, régleurs…”.

Effectivement, le plateau ressemble à une sorte de Who’s Who de la voile internationale avec cette année des marins comme Dean Barker, Terry Hutchinson, Francesco Bruni, James Spithill, Santiago Lange, Morgan Larson, Vasco Vascotto, Ed Baird, John Kostecki, Peter Holmberg, Hamish Pepper, Ray Davies… une liste dans laquelle ne figurent pas de Français, en dehors des amateurs de Paprec Recyclage, rares sont ceux ayant pu pénétrer ce circuit. La France est mal représentée comme sur tous les circuits internationaux, constate Franck Cammas. Il y a très peu de propriétaires en France qui se lancent, à part Erik Maris en GC32 et Aleph en RC44 – qui a malheureusement choisi cette année un équipage quasiment non-français.” 

Le budget annuel, l’ancien skipper des Groupama l’évalue à 2,3 millions d’euros pour un projet gagnant, sans le bateau, mais avec une équipe de 22 personnes et 400 000 euros de voiles” – sachant que Paprec Recyclage investit environ 500 000 euros par anCe niveau d’engagement élevé explique-t-il à lui seul cette faible présence française ? Dimitri Nicolopoulos évoque “une vraie culture du propriétaire-skipper parmi les teams étrangers, sans doute moins développée en France. Tandis qu’Agus Zulueta, le CEO des 52 Super Series, joint par mail, rappelle la concurrence des autres supports : “Il y a beaucoup d’autres classes et d’alternatives en France et moins de tradition du TP52”.

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