Un mois après Sébastien Simon, un nouveau figariste a officialisé jeudi le lancement d’un projet de Vendée Globe avec un bateau neuf : Charlie Dalin, qui sera accompagné jusqu’à la Route du Rhum 2022 par Apivia. Un partenaire presque naturel dans la mesure où cette mutuelle appartient au groupe Macif, sponsor du Normand depuis 2015 sur le circuit Figaro. Cette filiation est confirmée par Jean-Bernard Le Boucher, directeur des activités mer à la Macif : “Nous nous efforçons toujours d’aider les marins ayant porté nos couleurs à trouver des partenaires”. Créée en novembre 2015, Apivia, dont le siège social se situe à La Rochelle, est issue de la fusion entre deux autres mutuelles, la Smip et la Smam. Elle emploie un peu moins de 600 salariés et a réalisé 275 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2016.
Après la première rencontre avec Charlie Dalin, à l’automne dernier, la mutuelle a rapidement adhéré à un projet qui correspond à ses ambitions de développement. L’engagement passe par un investissement important, dont le montant reste confidentiel, sans doute proche de celui que la Macif avait investi dans le projet Imoca de François Gabart entre 2010 et 2014 (2,5 millions d’euros par an). “Notre marque étant relativement jeune, nous avons besoin de développer sa notoriété que nous jugeons insuffisante, explique Jean-Marc Simon, directeur général d’Apivia Mutuelle. Ce projet s’est assez vite imposé comme la meilleure piste à suivre. Nous sommes convaincus que Charlie sera un bon ambassadeur de notre mutuelle.” De son côté, le skipper confie à Tip & Shaft : “Le rapprochement s’est fait assez vite, ils étaient heureux de ne pas avoir à aller chercher une rock star à l’extérieur, c’était plus facile de trouver un skipper de la filière Macif“. Un choix et une stratégie qui font désormais du groupe Macif le premier investisseur dans la voile française, présent en même temps en Figaro, en Imoca et en Ultime – la décision de poursuivre ou non le projet Figaro en 2019 n’a pas encore été prise, nous a confié Jean-Bernard Le Boucher
Dans la même logique de filière, c’est MerConcept – dont Tip & Shaft vous décrivait le fonctionnement en décembre -, la société dirigée par François Gabart, qui va gérer le projet. “François a gagné un Vendée Globe, il va énormément apporter au projet, explique Charlie Dalin. Il y a aussi une belle équipe autour de lui qui a un réel savoir-faire avec des gens ayant beaucoup d’expérience comme Antoine Gautier et Nicolas de Castro.”
Après avoir échoué à remporter l’appel d’offres pour la gestion du projet Safran, comme l’avait révélé Tip & Shaft en janvier 2016, MerConcept va donc pour la première fois concevoir et développer le projet d’un autre marin que François Gabart… même si le parcours de Charlie Dalin ressemble à s’y méprendre celui du Charentais : études d’ingénieur, Figaro Skipper Macif, champion de France de course au large en solitaire et désormais Vendée Globe en ligne de mire. “L’Imoca est une classe qui nous passionne, nous nous sommes toujours dit, même lorsque nous sommes partis en Ultime, que ça pourrait être intéressant de travailler sur un projet gagnant avec un bateau neuf, explique le vainqueur du Vendée Globe 2012-2013. C’est une vraie transition pour nous, et c’est le bon moment, parce que ça va nous permettre de continuer à progresser.”
Huit jours après l’annonce du prolongement du contrat de François Gabart avec la Macif jusqu’en 2024 – et la construction d’un nouvel Ultime pour 2020 à la clé – cette nouvelle commande va obliger MerConcept à se renforcer [voir notre mercato ci-dessous, NDLR] : “Dans les mois qui viennent, on va devoir recruter quasiment une dizaine de personnes, parce que nous ne sommes pas capables, avec notre équipe d’aujourd’hui, de supporter le projet actuel avec une Route du Rhum cette année et un tour du monde l’an prochain, la construction d’un nouveau trimaran pour 2020 et celle d’un Imoca pour 2019, analyse François Gabart. Il y aura un noyau dur de personnes dédiées à chaque bateau, mais nous avons aussi la volonté d’avoir des profils capables de travailler sur l’un ou sur l’autre, il y aura plein de passerelles technologiques à faire entre les deux projets.”
En attendant, l’équipe de MerConcept travaille sur les décisions les plus urgentes à prendre, qui concernent la conception et la construction des deux bateaux. Si pour le trimaran, rien n’est encore officialisé, pour l’Imoca, Charlie Dalin a opté pour l’architecte Guillaume Verdier et le chantier CDK Technologies. “J’ai accroché sur la philosophie du projet que Guillaume Verdier proposait. Il a une équipe qui a une grosse expérience en Imoca et a gagné la Coupe de l’America, je suis sûr qu’on va sortir un super bateau”, explique le Normand. Un bateau qui ressemblera au Volvo 60 imaginé par l’architecte français ? “Nous n’avons pas pris de décision à ce sujet. Le choix Volvo comporte de nombreux avantages car il est le fruit de plusieurs mois d’études, avec une liasse de plans déjà existante ; en faire une évolution peut être assez attrayant”, poursuit l’intéressé.
La mise à l’eau est prévue en juin 2019, soit presque un an et demi avant le départ du Vendée Globe. “C’est le timing idéal, ni trop tôt, ni trop tard. Il faut mettre le curseur au bon endroit entre avoir du temps de navigation et de fiabilisation et partir avec un bateau doté des dernières technologies. Là, je débuterai avec la Transat Jacques-Vabre, puis la BtoB, ensuite la Transat anglaise et New York-Les Sables, j’aurai suffisamment de temps pour être prêt comme il faut pour le Vendée Globe 2020″, conclut Charlie Dalin.