La Normandy Channel Race, course en double de 1 000 milles, s’est imposée en quelques années comme une épreuve-phare du circuit Class40. Mais elle reste encore médiatiquement peu connue en dehors de la presse locale. Avant le départ de la 8e édition, donné le 14 mai de Caen, Tip & Shaft vous en dit plus sur cette course.
- Sportivement, c’est costaud. Les marins qui y ont participé sont unanimes : la Normandy Channel Race vaut le détour. “C’est une épreuve très dure, avec plein de passages à niveaux qui donnent lieu à nombre de rebondissements, entre les raz, les courants, la côte sud anglaise, la mer Celtique, confirme Halvard Mabire, fidèle de l’épreuve qu’il court cette année avec Miranda Merron sur un Campagne de France qu’il a mis à l’eau l’an dernier. Le plateau est dense et de plus en plus relevé et la course est toujours passionnante parce que tout le monde a un bateau à côté de lui à un moment ou un autre.” Vainqueur en 2015, Nicolas Troussel, qui épaule Jean Galfione sur Serenis Consulting, confirme : “A un moment ou à un autre de la course, on rencontre des conditions difficiles sur des bateaux physiques dans la brise. Et elle dure cinq jours : c’est intense, au contact.”
- La Class40 valorisée. Née sur les cendres des 1 000 Milles de la Britanny Ferries, la Normandy Channel Race a pris d’entrée le parti de n’accueillir que des Class40, la course et la classe s’étant récemment réengagées jusqu’en 2020. “C’est une des seules séries capable de garantir à un organisateur un nombre significatif de bateaux“, justifie le créateur de l’épreuve, Manfred Ramspacher dont la société Sirius Events l’organise. Avec 25 tandems cette année, le plateau tient effectivement la route, confirmant l’attrait d’une Class40 qui a servi de marche-pied à de nombreux skippers, comme Tanguy de Lamotte, Thomas Ruyant ou Thibaut Vauchel-Camus.
- Un budget et une organisation stabilisés. Le budget de la Normandy Channel Race s’élève à 300 000 euros. Il bénéficie d’une grande stabilité grâce à l’appui des collectivités locales qui, avec la CCI de Normandie, en assurent la moitié, l’autre moitié venant de contributeurs privés. “Région, département, agglo et ville jouent le jeu en s’engageant sur des contrats de trois ans, c’est une des clés du succès, explique Manfred Ramspacher, qui vient de resigner avec les collectivités locales jusqu’en 2019. Et ce sont les cinq mêmes partenaires depuis huit ans : leur engagement a traversé les changements politiques, cela permet de travailler dans la sérénité.” Manfred Ramspacher, qui dirige une équipe de 50 personnes pendant l’événement, ne cache cependant pas qu’il rêve d’un partenaire-titre, si possible régional. Le ticket ? Entre 50 000 et 100 000 euros.
- Une médiatisation surtout locale. Malgré ses atouts, la Normandy Channel Race, bien suivie par la presse locale, reste peu médiatisée au niveau national. Volontairement provocateur, Nicolas Troussel répond, lorsqu’on lui demande si une victoire sur cette épreuve compte : “Je suis très fier de l’avoir gagnée, mais dans le milieu, tout le monde s’en fout, on ne parle pas assez des 40 pieds.” Pour Halvard Mabire, cette sous-médiatisation a son explication : “L’organisateur est un très bon organisateur de course mais il n’a pas forcément les bonnes visions en termes de communication. En la matière, tout est fait avec des bouts de ficelle or la Normandy mériterait d’avoir une production télé avec un bateau suiveur.” Interrogé sur la question, Manfred Ramspacher répond : “C’est une problématique essentiellement budgétaire : pour mettre en place des dispositifs particuliers, il faut mettre de l’argent sur la table.” Pour l’instant, l’ancien patron du Tour de France préfère miser sur un beau village partenaires autour du bassin de Caen.
