Déjà bien entamée en Méditerranée, la saison Mini 6.50 a débuté le week-end dernier sur le bassin Atlantique par la Lorient Bretagne Sud Mini. Avant la première épreuve en solitaire, la Pornichet Select 6,50, dont le départ aura lieu le 22 avril, petit état des lieux de la classe avec son président, Lucas Montagne, et Tanguy Leglatin, le coach spécialiste des minis qui s’entraînent au Pôle Course au large de Lorient, vainqueur, avec Erwan Le Draoulec, de la Lorient BSM en bateaux de série.
- Des courses qui font le plein en Atlantique. 60 bateaux inscrits sur la Lorient Bretagne Sud Mini en double, 83 à une semaine du départ sur la Pornichet Select 6,50, 84 sur la Mini en mai… Les chiffres de participation sont la preuve d’un nouvel engouement pour les courses du circuit Mini.“Une Select 6,50 à plus de 80 bateaux, cela fait une dizaine d’années que ça n’est pas arrivé, se réjouit Lucas Montagne, on retrouve des chiffres identiques à ceux de la décennie 2000-2010 au cours de laquelle la classe était en plein boom. C’est bien pour les organisateurs, parce que c’est compliqué de financer des courses aujourd’hui avec de l’argent public qui se fait plus rare. Là, ils vont retrouver de l’attrait pour la classe.” La raison de cet engouement ? “La Mini-Transat 2015 a été un succès à tous points de vue et beaucoup de projets ont été lancés l’an dernier, surtout chez les amateurs qui ont besoin de courir cette année pour se qualifier et pour se préparer pour la Mini”, avance Lucas Montagne qui table sur 350 à 380 adhérents à la Classe d’ici la fin de l’année.
- Peu de nouvelles constructions en proto. Si le plateau en proto était réduit à la portion congrue l’an dernier, c’est moins le cas cette saison. Pour une raison bien simple : la catégorie série affichant complet pour la prochaine Mini-Transat cet automne, beaucoup de candidats se sont rabattus sur des protos, 34 places leur étant réservées. “Ce n’est pas très bon signe d’avoir des projets un peu bricolés sur un an qui se servent du quota, s’inquiète Lucas Montagne. Ils font gonfler les statistiques d’abandon sur la Mini qui ne font qu’augmenter, notamment en proto.” Autre problème : le nombre de nouveaux protos lancés reste très faible. Un seul est prévu cette année, un plan Bertrand à foils pour Jörg Riechers attendu en mai ou juin ; deux autres, pour l’instant, sont attendus en 2018, des plans Lombard pour Axel Tréhin et François Champion. “Il y a des bateaux assez innovants comme Arkema ou Griffon.fr, mais c’est assez ponctuel, il n’y a pas huit ou dix protos construits chaque année, doncpeu d’émulation technique“, regrette Lucas Montagne. Simon Koster ayant fait machine arrière en remplaçant les foils de son Eight Cube par des dérives droites, Arkema est actuellement le seul bateau de la flotte à s’aligner au départ avec des foils. Et, après un an de navigations, la machine de Quentin Vlamynck doit encore convaincre, aux dires de Tanguy Leglatin : “On sait que les foils, c’est l’avenir, mais Arkema ne m’a pas du tout impressionné pour l’instant. En revanche, le rendement de son aile m’attire plus, cela apporte une stabilité très intéressante, c’est une voie d’avenir pour réussir à naviguer à haute vitesse.” Lucas Montagne complète : “Il est encore trop tôt pour gagner la Mini avec des foils.Arkema est intéressant, mais il est tellement innovant qu’il reste beaucoup d’inconnues. On est quand même hyper fier d’avoir un bateau comme çaau sein de la flotte.”
- Le plateau : Lipinski invincible en proto ; pronostic impossible en série. Conséquence du faible renouvellement de la flotte de proto, un couple bateau/skipper domine largement les débats depuis l’an dernier : Griffon.fr, plan David Raison skippé par Ian Lipinski, vainqueur de la Mini 2015 en série. “Ian a un cran d’avance sur tout le monde, il a beaucoup navigué l’année dernière, il connaît bien le bateau qui commence à être bien fiabilisé”, confirme Tanguy Leglatin, tandis que Lucas Montagne ajoute : “Le concept d’étrave arrondie est très bon, mais il fonctionne bien quand le plan est de David Raison. Quasiment tous les nouveaux bateaux sortent avec cette étrave, mais ce n’est pas toujours gage de succès, le 888 de Simon Koster n’a pas prouvé qu’il était au même niveau.” La concurrence ? “Le niveau reste relativement faible et surtout très hétérogène“, poursuit Tanguy Leglatin qui, comme Lucas Montagne, voitErwann Le Méné comme le principal rival de Ian Lipinski :“Il naviguait déjà bien en série et il a racheté le 800 qui est un bon bateau (tenant du titre sur la Mini)“. En revanche, côté série, difficile de faire des pronostics : “Le niveau sportif est élevé et homogène, ça bataille et ça s’amuse”, constate le président de la Classe Mini pour qui “le petit groupe de Pogo 3 de Lorient(entraîné par Tanguy Leglatin) marche bien.” Et l’intéressé de poursuivre, à propos de la montée en puissance des bateaux dessinés par Guillaume Verdier : “Le Pogo 3 était un peu neuf il y a deux ans, il avait tendance à piquer du nez avec des voiles pas très stables et un pilote difficile à régler, le problème semble résolu parce que les coureurs ont bossé. Maintenant, les Ofcet gardent de bons atouts sur un parcours portant VMG comme celui de la Mini, il faudra attendre des bords de 300-400 milles au portant pour voir si le déficit des Pogo 3 est comblé. Et les bons coureurs sont sur les Pogo 3 cette année, ça aide aussi.” Les bons coureurs ? S’il reste prudent et attend la Pornichet Select qui sera la première vraie confrontation de l’année, Tanguy Leglatin avance quelques noms : “Pierre Chedeville, Tom Dolan, Erwan Le Draoullec, Clarisse Cremer, Tanguy Bouroullec…” A suivre dès le 22 avril…