Après Julien Pulvé l’an dernier, Thomas Cardrin a terminé premier bizuth de la Solitaire Urgo Le Figaro 2018 tandis que Benjamin Dutreux, troisième de la dernière étape, a pris la cinquième place au général. Leur point commun ? Ils sont tous les trois issus du Team Vendée Formation. L’occasion pour Tip & Shaftde se pencher sur cette structure basée à Saint-Gilles-Croix de Vie, point final de cette 49e édition.
“Une course, c’est bien, un métier, c’est mieux” : sur la page d’accueil de son site internet, le Team Vendée Formation affiche la couleur. Là où certains pourraient être tentés d’y voir un pôle d’entraînement comme les autres, la structure fondée en 2013 par Estelle Graveleau – ancienne directrice de la classe Figaro – et Etienne Saïz – qui a lui aussi gravité autour de la classe en tant qu’entraîneur – voit plus large, s’affichant comme un centre de formation aux métiers de la course au large. “Le constat que nous avions fait voilà 6 ans, c’est qu’il existait certes des pôles pour « fabriquer » des champions, mais, souvent, ces jeunes, qui avaient quitté l’école tôt pour devenir navigateurs de haut niveau et avaient pu dans un premier temps avoir des budgets conséquents, se retrouvaient démunis du jour au lendemain quand un partenariat s’arrêtait, sans savoir gérer une recherche de partenaires ni un budget, explique Estelle Graveleau. On s’est dit que ce serait intéressant de leur proposer un accompagnement”.
D’abord circonscrit au suivi sportif en Figaro, le Team Vendée Formation évolue vite vers d’autres services : “Petit à petit, nous avons élargi notre champ d’activités à d’autres supports, puis à d’autres métiers autour de la mer, avec l’objectif d’aider des jeunes (et moins jeunes) à mener des projets de vie en leur offrant une formation”. Structuré autour de cinq pôles – sportif, technique, organisation de projets ou de courses, gestion de clubs, fédérations et classes, et communication – le centre accueille à l’année une dizaine d’adhérents (moyennant une cotisation de 100 euros) sélectionnés sur dossier. Il leur propose une formation qui se déroule en plusieurs temps : d’abord théorique et commune à tous d’octobre à janvier, ensuite technique sur les bateaux de la structure (Figaro, J80), enfin pratique autour des projets sportifs du team. L’objectif est ensuite de les accompagner pour qu’ils deviennent peu à peu autonomes, soit en montant leur propre entreprise, soit en trouvant un emploi. “C’est une expérience hyper enrichissante, parce que j’ai pu bénéficier de tout ce qu’il faut pour un projet sportif performant, mais aussi de tout un accompagnement qui va m’aider dans mes projets futurs”, résume Thomas Cardrin, technicien – metteur au point du Figaro 3 après avoir construit les foils de l’AC50 d’Emirates Team New Zealand – devenu skipper le temps d’une saison.
Ce parcours au sein du Team Vendée Formation, Benjamin Dutreux l’a suivi à la lettre. Sélectionné en 2015, il court la première année en Figaro sous les couleurs de Team Vendée Formation qui prend le projet à sa charge – le skipper n’est pas salarié, à lui de trouver des partenaires complémentaires. La structure devient co-partenaire la saison suivante, et, à partir de 2017, une fois son entreprise créée et un partenaire trouvé (Sateco), ne l’accompagne qu’à travers les prestations liées à son adhésion annuelle. “C’est beaucoup plus qu’un accompagnement sportif, confirme le skipper. Tu as certes un bateau, le budget pour une saison de Figaro dès ta première année, mais ensuite, tu dois commencer à être autonome, donc on te forme à la recherche et à la gestion des partenaires. Ça m’a beaucoup apporté, parce qu’aujourd’hui, j’ai un projet qui fonctionne avec des partenaires que j’ai trouvés et je continue à bénéficier des avantages du team : entraînements en groupe [Thomas Cardrin, Romain Baggio, Xavier Macaire et, occasionnellement Pierre Quiroga, s’entraînent à Saint-Gilles, NDLR], place de port, formations. »
En l’occurrence, le Team Vendée Formation a même été plus loin, puisqu’il continue à le soutenir financièrement, avec l’objectif de l’accompagner dans son projet de Vendée Globe, 2020 ou 2024 (voir notre article) : “Benjamin est notre ambassadeur, l’exemple type de ce que nous proposons. Ça serait un bel aboutissement de voir un jeune issu du Team Vendée disputer le Vendée Globe, avec dans son équipe des personnes également formées chez nous”, explique Estelle Graveleau. Entre l’apport en cash et les prestations fournies, la directrice valorise l’investissement en 2018 auprès du skipper à 50 000 euros. Soit environ un quart du budget annuel d’une structure dont la directrice est la seule salariée – Etienne Saïz et les autres formateurs sont prestataires. Un budget assuré en bonne partie par la Fondation Bénéteau et le Pays de Saint-Gilles-Croix de Vie, les autres partenaires étant la CCI de Vendée, le département de la Vendée, Port-la-Vie et la société DBL Consulting.
“On cherche encore des partenaires pour faire grossir la structure “, rappelle Estelle Graveleau qui disposera en 2019 d’un Figaro 3 skippé par un bizuth et accueillera deux projets Mini, tout en organisant la Sardinha Cup, nouvelle épreuve en double du circuit Figaro entre Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Lisbonne. Une directrice occupée qui estime que les bons résultats de Benjamin Dutreux, premier bizuth du championnat de France de course au large en 2015 – et cinquième cette année – , de Julien Pulvé, premier bizuth de la Solitaire Urgo Le Figaro l’an dernier, auquel a succédé Thomas Cardrin vendredi dernier, “rendent crédible notre travail”.
Sébastien Simon remporte la 49e édition. Arrivé à la 14e place de la quatrième et dernière étape de la Solitaire URGO Le Figaro à 24 minutes et 22 secondes du vainqueur, Anthony Marchand (Groupe Royer-Secours Populaire), qui aura remporté deux étapes, Sébastien Simon (Bretagne CMB Performance) s’est imposé au classement général de cette 49e édition avec 16’09 d’avance sur Anthony Marchand et 26’30 sur Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) qui signe un cinquième podium consécutif.